Le cerveau de Kennedy de Henning Mankell


JustifierNote: 7/10
Pour ceux qui aiment: La Constance du Jardinier de John Le Carré

Pour Le Cerveau de Kennedy, Henning Mankell quitte son inspecteur fétiche, Wallander, et nous emmène sur les pas de Louise Cantor, archéologue, spécialiste de la Grèce Antique. Il est difficile de qualifier ce livre, qui n'est pas tout à fait un roman policier, mais qui reste un livre d'investigation. Le fait que le personnage principal soit une archéologue change cependant la manière d'enquêter, et on assiste plutôt a la reconstruction d'un passé, comme Louise assemble d'habitude les fragments d'un vase antique.

Le cerveau de Kennedy suit Louise sur les traces de son fils Henrik, retrouvé mort dans son lit. Refusant la thèse du suicide, elle s'embarque pour une longue quête de la vérité qui l'emmène de la Suède au Mozambique, en passant par la Grèce, l'Espagne ou encore l'Australie. Elle découvre, petit à petit, son fils sous un jour qu'elle ne soupçonnait pas et plonge avec lui dans une atmosphère pleine de secrets, liés à la recherche d'un vaccin contre le SIDA. Le titre de ce livre peut induire le lecteur en erreur. Si la disparition du cerveau de JFK après son autopsie (qui je crois est véridique, mais comment en être sûre avec toutes les légendes entourant la mort de Kennedy), est exposée dans le livre, cette histoire sert uniquement d'allégorie aux autres terribles secrets qui sont soustraits à la connaissance de la population. Je ne vous en dis pas plus pour ne pas révéler toute l'histoire, le présentation de l'éditeur s'en charge déjà assez. Je conseille d'ailleurs à ceux qui veulent garder leur plaisir intact d'éviter de la lire.

J'ai beaucoup apprécié la lecture de ce livre. On s'attache vraiment au personnage de Louise, on sent sa douleur face à la perte de son fils unique, ses doutes, sa solitude, ou encore sa peur face à la vérité qu'elle découvre. Le sujet du livre est vraiment intéressant et on sent que Henning Mankell est touché par cette pandémie du SIDA qui décime l'Afrique. Habitant une partie de l'année au Mozambique, sa perception du sujet est emprunte de vécu. Au final, le livre se lit presque comme un manifeste, appelant le Nord à enfin réagir. Le suspens est cependant bien présent et j'ai été tenue en haleine jusqu'à la fin du livre.
Toutefois, une fois le livre refermé, j'émets un petit bémol car j'ai trouvé qu'il manque une vraie conclusion au Cerveau de Kennedy. Beaucoup de questions restent en suspens, même si on en devine les réponses. Par exemple: d'où vient l'argent d'Henrik? qu'est-ce qui est vraiment arrivé à Aron? quel est le rôle de Lars Hakansson? ou enfin quant est-il vraiment du secret de Christian Holloway et de son fils??? J'ai l'impression que Mankell voulait parler de cette problématique mais a eu peur ensuite de dépasser la réalité pour vraiment conclure son livre. Dans ce sens, j'ai trouvé La Constance du Jardinier de John Le Carré, qui traite d'un sujet similaire, plus réussi. En conclusion, un bon moment de lecture, mais une petite déception sur la fin.

Automne 2004. Louise Cantor quitte son chantier de fouilles du Péloponnèse pour rentrer en Suède. Impatiente de revoir son fils, elle le trouve mort dans son appartement de Stockholm. Qui a tué Henrik ? Pas un instant Louise ne veut croire que son fils unique se soit suicidé. Avec l'énergie du désespoir et une obstination d'archéologue, elle va tenter de reconstituer fragment par fragment les dernières années d'une vie brutalement interrompue. Secondée par Aron, le père d'Henrik qu'elle a déniché au fin fond de l'Australie, Louise découvre que son fils avait une vie secrète, émaillée d'inquiétantes zones d'ombre. Pourquoi Henrik s'intéressait-il tant au cerveau du président Kennedy, disparu lors de son autopsie ? Pourquoi avait-il un appartement clandestin à Barcelone ? D'où provenaient les grosses sommes d'argent dont il disposait ? Que faisait-il au Mozambique dans un mouroir pour malades atteints du sida ? Quand Aron disparaît brusquement sans laisser de traces, Louise comprend qu'elle est aux prises avec des forces occultes qui la dépassent. Au bord du gouffre mais plus déterminée que jamais, ses pas la conduisent au cœur de l'Afrique. Une vérité effroyable l'y attend. A travers ce récit palpitant et lucide, Henning Mankell exprime sa colère contre le cynisme du monde occidental face au lent naufrage d'un continent rongé par le sida.

J'ai en fait lu ce livre en anglais, mais je trouve la couverture française tellement belle que je voulais la partager avec vous.

MANKELL Henning, Le cerveau de Kennedy, ed. Seuil, 2009, 391 p
MANKELL Henning, Kennedy's Brain, ed. Vintage, 2008, 452 p
Titre original: Kennedy's Hjärna, 2005

Commentaires

  1. C'est un auteur que l'on m'a beaucoup conseillé. Si seulement, j'avais le temps.

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  2. ce livre m'a l'air vraiment interressant, je n'ai pas encore lu cet auteur.

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  3. Je n'ai encore jamais lu cet auteur et je crois que je préfère commencer avec les enquêtes de Wallander, mais quand, je ne sais pas...

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  4. Ca a l'air quand même complexe ses thématiques d'une manière générale, enfin je veux dire, il a l'air de souvent s'attaquer à des sujets assez sérieux, qui ne sont pas juste un prétexte à une intrigue. Je n'ai encore rien lu de lui mais c'est en projet. Le problème, c'est, par lequel commencer...:)

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  5. L'histoire avait l'air intéressante, pourtant...

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  6. @Stephie: ahh le temps, c'est toujours le problème. Mais les livres de Mankell se lisent vite et bien, donc...
    @line: le sujet est vraiment bien mais je crois que ce n'est pas l'intrigue la mieux construite par Mankell. Dommage car il y avait un vrai potentiel.
    @Ys: je n'ai pas encore lu les Wallander, mais j'ai entendu que c'était très bien.
    @A girl from earth: c'est sûr que le SIDA en Afrique, il faut oser s'y attaquer. Mais je crois que pour commencer les Wallander sont plus caractéristiques de l'auteur. Je vais m'y attaquer tout bientôt.
    @Alex: as-tu lu ce livre?

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  7. Quelle chance de lire en anglais ! Je devrais m'y mettre, c'était pourtant un de mes objectifs 2009. :-/

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  8. @Restling:mon ami parle anglais, du coup ça aide et en plus j'ai un bon dictionnaire parlant au cas où ;-) Mais si tu veux t'y mettre, il y a beaucoup de livres sympa et pas trop compliqués pour commencer (chez Penguin par exemple) et l'habitude vient vite.

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  9. C'est justement cette fin bâclée" que j'ai trouvé saisissante. L'impression de glisser du roman et de passer dans le réel, c'est d'ailleurs le sens de la petite phrase de l'auteur pour terminer, qui dit qu'un roman peut s'arrêter à la page 262 ou 364 mais que réel lui, continue. D'autre part, c'est encore plus véridique comme effet de nous laisser sur ces doutes et questionnements. Dans la "vraie vie", tout ne se solutionne pas toujours, parfois il reste des choses inexpliquées...
    Et puis, oui, je crois que Mankell a voulu brasser des choses et nous laisser devant cette boue tous seuls.
    Un grand roman à mon sens, et pas seulement d'un bon faiseur, d'un écrivain habile. A la différence avec Le Carré. Là, on sent l"homme impliqué, pris aux tripes, qui sait des chose, veut en faire passer là par le biais du roman , ne peut pas forcément tout dire et puis nous plante là parce que pfff la réalité est si dure que écrire son dénouement lui tombe du stylo, désabusé, dégoûté, le père Mankell

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  10. @Marie: Je partage un peu ton avis, sur le fait que la réalité continue. Cette fin m'aurait moins dérangée dans un roman. Mais le fait que le sujet soit traité comme une enquête et donc que le livre soit catégorisé "polar", fait que le manque d'une vraie conclusion me pose problème et donne l'impression (je souligne l'impression) que l'auteur a été un peu paresseux.

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  11. Au lecteur de faire ses hypothèses et de compléter les pointillés !:)

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  12. Un peu déçu par ce livre. Et ceci d'autant plus que j'aime beaucoup Mankell. Jamaisje n'ai cru ni aux personnages ni à l'histoire. Trop vide our moi. C'est ausi dela faute de l'auteur qui nous a habitué à de vraiment bons bouquins !

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  13. @Yv: c'était mon premier Mankell donc je ne peux pas comparer. Mais ce livre ne pas pas dégoûtée de Mankell, j'ai entendu trop de bien sur les Wallender.

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  14. Je viens de terminer "Le cerveau de Kennedy" et j'ai vraiment été tenue en haleine.
    Cela remet les pendules à l'heure et je pense que ce Mankell a décrit dans ce livre ne doit pas être loin de la réalité. Cela donne froid dans le dos. Avant cela, j'ai lu "Les chaussures italiennes" que je conseille aussi.

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  15. @Anonyme: Le sujet est en effet passionnant mais j'ai parfois eu l'impression que Mankell était un peu dépassé par ce qu'il dénonce. J'ai reçu "Les chaussures italiennes" il y a quelques temps et je me réjouis de le lire.

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  16. je le lis pour l'instant, et il me plaît énormément

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  17. @Niki: Si je me souviens bien, c'est surtout la fin qui m'a déçue. Je suis donc curieuse de connaitre ton avis final ;-)

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  18. J'ai lu tous les Kurt Wallender et d'autres livres de Henning Mankell. J'aime beaucoup sa sensibilité et sa façon de penser. Je me délecte dans le "Cerveau de Kennedy"

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  19. @Anonyme: Heureuse que Le Cerveau de Kennedy vous plaise. Il m'avait déçue mais je n'ai pas du tout fait un trait sur Mankell pour autant. Connaissant peu la série des Kurt Wallender, si vous avez une recommandation, je suis preneuse ;-) Et bonne lecture!

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  20. j'ai lu plusieurs romans de cet auteur, dont les incontournables Wallander et il est vrai que celui-ci (que je viens de finir) m'a déroutée. Ce n'est pas un polar, ce n'est pas un documentaire, on approche du documentaire. Un Menkell hors série en fait. Je l'ai trouvé passionnant par moment, un peu long à d'autres. Dommage que nous restions malgré tout sur notre faim...à la fin.

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  21. @Applemini: Je n'ai encore jamais lu les Wallander mais même sans ces références, j'ai trouvé ce roman déroutant ;-) Le mélange de genre et les "trous" dans l'intrigue m'ont également déçue. Dommage car le thème était vraiment passionnant. Bon, je reviendrai à la base et tenterai les Wallander pour me réconcilier avec l'auteur.

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