La malédiction des colombes de Louise Erdrich

Pour ceux qui aiment: Joseph Boyden (même si j'ai de loin préféré ce dernier à Louise Erdrich)

Pluto, petite ville perdue du Dakota du Nord où quelques familles descendant des premiers pionniers ou des tribus indiennes tissent une toile compliquée à travers les générations. Prenant comme point de départ l'invasion de la ville par des colombes menaçantes, Louise Erdrich donne tour à tour la parole à Evelina, au juge Coutts, à Marn Wolde et au Docteur Lochren. A travers leurs récits, c'est toute l'histoire de Pluto qui est retracée, de la première expédition de géomètres ayant essayé de s'approprier ces terres encore inoccupées, au terrible assassinat d'une famille entière qui mena à la pendaison de trois innocents, en passant par la création d'une secte locale. 

Je suis en retard pour mon billet sur cette lecture lue dans le cadre du Blogoclub. Cela s'explique en partie par l'extrême ennui ressenti à la lecture de ce livre. Je peine à expliquer pourquoi, mais je n'ai pas du tout accroché à ce roman. D'habitude, les romans polyphoniques me plaisent assez, tout comme les histoires de petites bourgades, le thème des indiens et les grands espaces américains. Mais ici, je n'ai tout simplement ressenti aucun (ou si peu) intérêt pour le destin de ces personnages, qui n'ont pas su me toucher. 

En fait, j'ai trouvé ce roman très plat. La première partie d'Evelina m'a paru interminable et m'a empêchée d'éprouver la moindre sympathie pour ce personnage récurrent et sa famille. Le personnage de Mooshum, sensé je pense être attendrissant, m'a ennuyée, particulièrement ses petites querelles avec le père Cassidy. Le récit de Marn, à l'ambiance très différente, m'a un peu plus accrochée mais je l'ai toute de même trouvé trop "ésotérique" pour vraiment me laisser emporter. 

Il serait faux cependant de dire que La malédiction des colombes est un mauvais roman. J'ai adhéré à certaines parties comme l'histoire du violon de Shamengwa que j'ai trouvée belle et poétique, ou le récit de la première expédition des géomètres. Mais voilà, cela n'a pas suffi! Arrivée à la fin du livre, j'ai remarqué dans les remerciements que certaines parties du livre avaient été publiées dans des magazines séparément. Et je me demande maintenant comment a été construit ce livre, qui ressemble plus au final à une suite de petites nouvelles aux fils rouges ténus. Bizarrement, je crois que j'aurais d'avantage aimé ce livre sous la forme d'un recueil. Pris une à une, je n'aurais pas eu l'impression de courir après une intrigue décousue, en essayant de donner du sens à une suite d'historiettes dont la présence ensemble dans un même roman me paraissait presque incongrue. Passer d'un enlèvement savamment orchestré, à une charmeuse de serpents prise dans les filets d'une secte, pour sauter ensuite à un asile de fous et à Anaïs Nin le tout en parlant de la condition indienne... la sauce n'a tout simplement pas pris.

Le style de Louise Erdrich m'a de plus semblé artificiel, surtout dans la première partie consacrée à Evelina. J'avais presque l'impression de lire une dissertation de "creative writing", du genre "là je dois mettre un adjectif, et là une comparaison". Le tout alourdit le récit considérablement et a gêné ma lecture à plusieurs reprises. 

Une intrigue lente et décousue qui n'a pas réussi à m'emporter. J'ai trouvé les personnages froids et plutôt sans intérêt. Je me suis forcée à le finir mais je ne peux que vous conseiller de vous faire vous-mêmes un avis sur ce livre qui a aussi passablement plu à la blogosphère. 

Pour un avis complètement différent du mien, allez voir chez Aifelle, Kathel ou encore Keisha.

Considérée comme l'une des grandes voix de la littérature américaine contemporaine, Louise Erdrich bâtit, livre après livre, une oeuvre polyphonique à nulle autre pareille. Dans ce roman riche et dense, elle remonte le fil de l'histoire collective et individuelle, explore le poids de la culpabilité et le prix de l'innocence. 
Depuis toujours, la petite ville de Pluto, Dakota du Nord, vit sous "la malédiction des colombes": les oiseaux dévorent ses maigres récoltes comme le passé dévore le présent. Nous sommes en 1966 et le souvenir de quatre innocents lynchés cinquante ans auparavant hante toujours les esprits. En écoutant les récits de son grand-père indien qui fut témoin du drame, Evelina, une adolescente pleine d'insouciance, prend soudainement conscience de la réalité et de l'injustice....

Lu dans le cadre du Blogoclub. J'avais souvent vu ce livre sur la blogo sans avoir vraiment envie de le lire. Cette lecture commune était une bonne occasion de le découvrir. Suite à cette lecture très mitigée, je ne pense pas poursuivre avec cet auteur, même si La Chorale des maîtres bouchers semble avoir touché certaines déçues de La malédiction des colombes

ERDRICH Louise, La malédiction des colombes, ed. Albin Michel, août 2010, 482p., traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Isabelle Reinharez. 
ERDRICH Louise, The plague of doves, ed. Harper Perennial, 2008, 352p. 

Commentaires

  1. Voilà un avis divergeant et qui donne un autre éclairage sur ce roman.

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  2. Dommage, mais heureusement que nous ne ressentons pas toutes les livres de la même façon ! ;-)

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  3. Les avis sont divergeants sur ce livre, c'est vrai. Personnellement je ne me suis pas ennuyée et j'en garderai un bon souvenir

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  4. @Alex: Ce livre semble avoir fait des lectrices soit franchement enthousiastes, soit beaucoup plus mitigées. J'ai trouvé pas mal d'avis de lectrices qui n'avaient pas réussi à embarquer dans ce livre. L'as-tu lu?

    @Véronique: Je dois dire que sans le Blogoclub, j'aurais probablement fait la même chose. Je suis d'ailleurs heureuse de l'avoir emprunté à la bibliothèque...

    @Clara: J'ai lu le quatrième de couverture hier en librairie et c'est vrai que ça a l'air plus alléchant. Mais le coup de "l'histoire collective", une formulation aussi présente je crois dans le résumé de La malédiction des colombes, me bloque. Bon qui sait, si les avis positifs se multiplient...

    @Kathel: C'est sûr. Là je suis assez étonnée, car des blogueuses avec lesquelles je partage souvent mes goûts ont beaucoup aimé, comme toi d'ailleurs. Comme quoi...

    @Sylire: On ne peut pas toujours être satisfaites de nos lectures...

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  5. Je vois qu'on est sur la même longueur d'ondes, sauf que les parties qui nous ont plu ne sont pas les mêmes. La partie sur l'expédition est celle que j'ai le moins aimé alors que j'ai aimé celle à l'asile ! C'est "marrant" ;-)

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  6. Tu me confortes dans l'idée que cette auteure n'est pas pour moi. J'ai terminé il y a peu "La chorale ...", et j'ai ressenti exactement le même ennui, la même tiedeur que toi !!! Je ne risquerais donc pas la lecture de "La malédiction ..."

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  7. Ton avis rejoint d'autres avis que j'ai lu sur la blogo. je ne lirai pas ce livre. Par contre, la semaine dernière, j'ai assisté à une conférence très intéressante de Louise Erdrich, ce qui me motivera à lire sans doute prochainement un livre que j'ai d'elle dans ma PAL.

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  8. @Manu: Effectivement, je crois qu'on a chacune aimé les parties que l'autre a trouvé ennuyeuses ;-) Bon, au final, le sentiment mitigé est le même, mais je suis du coup convaincue que le livre peut beaucoup plaire.

    @Malika: Les avis sur "La chorale..." sont très divers. J'ai lu des avis qui m'ont donné envie de me précipiter en librairie et d'autres vraiment très négatifs. Les réactions avec les livres de cet auteur sont vraiment étranges...

    @Géraldine: Quel livre tu as dans ta PAL? Clara conseille son dernier... qui sait!

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  9. Je peux comprendre ta déception car j'en aussi lu un de Louise Erdrich et je n'avais pas été emballé.

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  10. Je partage totalement ton avis : contente de lire d'ailleurs que je ne suis pas la seule à avoir été noyée dans ce roman !

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  11. @Chiwi: Décidément, les avis sont assez mitigés sur cet auteur, alors qu'elle est considérée comme une grande voix de la littérature américaine. Une question de culture?

    @Itzamna: Tu es loin d'être la seule, rassure-toi. Les avis sont plutôt mitigés dans l'ensemble, j'ai l'impression, même si certaines ont adoré. Comme quoi...

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