Boy de Richard Morgiève
Pour ceux qui aiment: Lisbeth Salander
Boy est une jeune femme forte mais passablement paumée: empêtrée dans les histoires de son père grabataire qu'elle tente de ramener à l'écriture et à la vie en incarnant les personnages de ses derniers romans; perdue dans un mélange de réalité et de fiction, entre jeux de rôle et jeux virtuels; indécise quant à sa sexualité mais définitivement mystérieuse et attirante. Au milieu de tous ces fils, Boy tente d'avancer tant bien que mal en maintenant une routine précise dans sa vie et une certaine distance avec les autres. Mais son personnage atypique va attirer les convoitises d'un psychopathe, Bill, qui n'a qu'une idée en tête: amener Boy à entrer dans son jeu mortel, aux conséquences fatales et bien réelles.
J'avais beaucoup aimé le précédent roman de Richard Morgiève, United Colors of crime, que j'avais trouvé original, percutant et tout simplement à part. Je pourrais facilement réutiliser ces qualificatifs pour ce nouveau roman, Boy, qui s'éloigne pourtant des plaines désertiques américaines et des décors de western pour revenir à Paris, dans une société du tout-jetable-tout-connecté, à la fois violente et hypersexuée.
Et peut-être que justement, ce décors urbain a moins réussi à m'accrocher, ou peut-être que le personnage de Boy m'a paru trop étrange, trop distante. J'ai en tout cas, dans un premier temps, vraiment peiné à entrer dans le roman. Je ne voyais pas où l'auteur voulait en venir et n'arrivais pas à entrer dans la tête de Boy pour suivre sa quête identitaire. Je ne comprenais pas grand chose à ces histoires d'histoire dans
l'histoire, de confusion des genres, de confusion d'identité.
Franchement, j'étais aussi paumée que Boy (et peut-être que c'était le but). Et puis autour de la centième
page, le roman prend une toute autre dimension, plus thriller que récit identitaire d'une fille un peu trop dérangée. L'entrée en scène de Bill a ravivé mon intérêt et j'ai fini le livre d'une traite.
Je reste cependant un chouia déçue par ce livre. La violence assez malsaine et la noirceur du roman m'ont parfois mise mal à l'aise, un peu comme le film Drive de Nicolas Winding Refn si cela parle à quelqu'un. Reste le ton unique de l'auteur et une écriture sèche et saccadée, rythmée à l'extrême; un style propre et reconnaissable. Boy est un roman moderne et très ancré dans les années 2010's avec des mentions aux buzz éphémères tels que le Gangnam Style ou à Lady Gaga (avec le risque que le livre semble très vite daté?). Il y a du bon, il y a une plume, il y a un genre inédit mais je retournerai bien plus volontiers vers les plaines de l'ouest plutôt que vers ce Paris lugubre.
Encore une fois, Richard Morgiève se démarque avec cette fable sombre et violente, récit d'une quête identitaire sanglante dans les rues de Paris. A mon avis, pas aussi attirant que son précédent roman qui m'avait semblé plus maitrisé et moins oppressant. A vous de voir...
Après United Colors of crime, salué par la critique, Richard Morgiève poursuit avec Boy l’exploration des thèmes qui le hantent : l’amour, l’honneur, le courage, la rencontre avec l’autre.
« Une panne d’électricité éteint la ville devant eux. À chaque
mètre qu’ils font, la lumière recule. Les rues s’enlisent lentement dans
l’obscurité, les passants semblent sortir de rien. De temps en temps
une enseigne lumineuse résiste, notamment cet Oasis Kaboul jaune et
orange, vert. Les phares des voitures entretiennent une illusion, celle
d’un monde à la merci de l’homme, un monde sécurisé. Mais le monde
n’existe pas, songe Boy. On l’invente pour ne pas crier, ne pas se
percer les tympans. »
Une histoire d’amour, comme toujours chez Morgiève : amour-haine pour
un père-voyou, amour-haine pour la lâcheté, amour-haine pour soi-même –
mais quoi de plus proche de l’amour que la haine ?
L’amour de Boy est à la hauteur de ses impossibilités. Elle ne sait pas
qui elle est. Elle cherche désespérément l’amour d’un, d’une autre.
Roman tragique aux allures de thriller, roman épique sur décor sanglant
du monde d’aujourd’hui. Roman sexuel, noir, où les fantasmes se disent à
chaque page.
Je remercie les éditions Carnets Nord pour l'envoi de ce roman.
MORGIEVE Richard, Boy, ed. Carnets Nord, janvier 2014, 288p.
Il n'est pas pour moi : violence et noirceur ( je fuis!)
RépondreSupprimerC'est un livre assez sombre et je ne pense effectivement pas qu'il te plairait. Par contre, garde un oeil sur l'auteur, car c'est vraiment une plume à découvrir dans la production littéraire française actuelle.
SupprimerTrop de violence pour moi.
RépondreSupprimerDifficile de le décrire, mais la violence du livre n'est pas si "choquante". C'est très très sombre, mais j'ai parfois eu l'impression d'être dans un jeu vidéo et d'être donc suffisamment éloignée pour ne pas être dégoûtée par les événements du récit. Je n'aime généralement pas du tout les romans glauques, là cet aspect, même si présent, m'a moins gênée.
SupprimerIl y a quelques années, j'ai lu Cheval, une galerie de personnages assez géniale, tous plus horribles et méchants les uns que les autres. Son écriture m'avait plu
RépondreSupprimerUne écriture et un style vraiment à part je trouve. Je n'ai pas lu Cheval, mais l'intrigue semble être assez dans la lignée des deux Morgiève lus jusqu'ici. Je pense que Boy ou United Colors pourraient te plaire...
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