La corde de Stefan aus dem Siepen


La vie d'un petit village isolé est soudainement bouleversée par l'apparition d'une corde, trouvée à l'orée de la forêt. Celle-ci, d'une qualité rare, semble s'enfoncer à l'infini dans les bois. Vers quoi mène-t-elle? A quoi est-elle rattachée? Qui l'a déposée là? Des questions qui très vite obsèdent les villageois. Pour mettre fin au mystère, les hommes se regroupent et partent à la recherche de l'autre extrémité de la corde. 

L'idée de départ de cette petite fable philosophique m'a tout de suite intriguée. L'apparition de cette corde dans un village au quotidien immuable provoque un grand chamboulement des habitudes et des attitudes. Les personnalités de chacun trouvent là une opportunité de mieux s'exprimer et de se révéler: le leader, l'intellectuel, le courageux ou encore le sage. 

J'ai ainsi bien accroché au début du roman et cogité sur les différentes issues possibles pour cette aventure. Les interprétations du sens du roman sont bien sûr multiples: nos envies d'ailleurs; le désir de sortir d'un quotidien confortable pour un peu d'aventure, quitte à tout y perdre; l'obsession de continuer et la peur de renoncer, etc. Le lecteur interprètera à sa manière le message de ce court roman, l'auteur étant resté exprès relativement vague. 

Mais justement, c'est mon gros bémol pour ce livre qui tourne, à mon avis, très vite en rond et cela malgré sa brièveté (154 pages). Laissant volontairement le lecteur dans la même incertitude que les villageois, ce roman se lit au final presque comme un ébauche d'histoire: le contour des personnages n'est qu'esquissé et leur sort reste parfois très flou; beaucoup d'éléments restent sans réponse et l'histoire se termine sur une belle queue de poisson. Le tout m'a paru plus frustrant qu'inspirant et malgré un message à la base intéressant, Stefan aus dem Siepen n'a pas réussi à vraiment susciter ni mon intérêt, ni ma réflexion. 

Une bonne idée de départ et un message, à mon avis, sous-exploités. Dommage!

N'hésitez pas à aller lire les avis beaucoup plus positifs de Sandrine et de Dominique

Dans un village à l’orée d’une immense forêt, les habitants mènent une vie tranquille, rythmée par les saisons. Jusqu’au jour où l’un d’eux découvre une solide corde dans un champ, dont l’une des extrémités s’enfonce dans la forêt.
Comment est-elle arrivée là ? Où mène-t-elle ?
Une douzaine d’hommes décident de partir en expédition, quelques jours seulement avant les récoltes – période cruciale pour l’avenir de la communauté. Laissant leur femme au village, les hommes s’enfoncent dans la forêt et suivent la corde. Mais celle-ci semble interminable…
La forêt, d’abord accueillante et regorgeant de gibier, devient peu à peu hostile, menaçante. Deux hommes disparaissent…
Ce roman, présenté sous forme de conte, offre une réflexion sur les passions humaines. Comment l’apparition d’un élément étranger au sein d’une société parfaitement organisée perturbe-t-elle les relations et sème-t-elle le chaos ?

Je remercie Entrée Livre et la Libraire Decitre pour cette petite pause philosophique.

aus dem SIEPEN Stefan, La corde, ed. Ecriture, février 2014, 154p., traduit de l'allemand (Allemagne) par Jean-Marie Argelès
aus dem SIEPEN Stefan, Das Seil, ed. Deutscher Taschenbuch Verlag, juin 2012, 180p.

Commentaires

  1. Oui, c'est un texte qui ouvre sur bien des interrogations, mais que j'ai quand même trouvé un poil monotone...

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    1. J'ai trouvé les interrogations qu'il soulève vraiment intéressantes et j'aurais justement voulu un peu plus de réponses... Et la monotonie, oui, il ne s'y passe pas grand-chose. Dommage!

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  2. Le sujet me plaisait mais si ça tourne un peu en rond...

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    1. Toutes les thématiques sont intéressantes mais c'est, je pense, un texte à discuter en groupe, comme base de débat à un cours de psycho par exemple. Au niveau plaisir de lecture pur, j'ai trouvé ça un peu limité. Mais Dominique a elle beaucoup aimé donc...

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    2. D'ailleurs pareil que pour Alex, je peux le faire voyager si ça te dit de tenter sans risquer l'achat...

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  3. Je ne suis pas fan des fables, je préfère passer.

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    1. Plus qu'une fable philosophique, j'aurais du dire fable psychologique ou sociologique... On reste quand même dans le texte à interprétation et si ce n'est pas ton truc, tu peux en effet sans autre passer à mon avis.

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  4. C'est vrai que l'idée de départ était intéressante.

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    1. Lu au bon moment, il ouvre sur des interrogations intéressantes. Je peux te l'envoyer si tu veux...

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  5. Dommage oui, dommage, car moi aussi le postulat de départ et le développement de l'intrigue me parlent bien. Ça me fait un peu penser au Village évanoui de Bernard Quiriny que j'ai lu il y a peu. Et pareil, la fin laisse un peu sur sa... faim.

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    1. Après avoir lu ton billet sur le livre de Quiriny, c'est assez ressemblant effectivement. Là ce qui m'a le plus gêné c'est le flou dans lequel le lecteur reste lui-aussi. Le livre est vraiment construit sur le modèle d'une fable philoso-sociologique. Pas vraiment ce dont j'avais besoin à ce moment-là...

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