Demain, une oasis d'Ayerdhal
Pour ceux qui aiment: Hunger Games de Suzanne Collins
Un roman d'anticipation éco-militant original, dont le message d'égalité et de justice original justifie une lecture malgré quelques faiblesses romanesques.
AYERDHAL, Demain, une oasis, ed. Au Diable Vauvert, août 2015, 256p.
Dans un futur proche, l'Europe, confrontée à la dégradation de l'environnement, s'est tournée vers l'exploration spatiale et la création de colonies habitables sur d'autres planètes. Le narrateur est un médecin employé sur un de ces programmes, dont la vie monotone de petit fonctionnaire se déroule sans asperité. Jusqu'au jour où il est kidnappé et où il se réveille dans un village reculé d'Afrique, au milieu d'habitants affamés. Une toute autre réalité s'offre alors à lui.
Demain, une oasis a été publié pour la première fois en 1992 mais en le lisant en 2015, on ne peut s'empêcher de penser qu'Ayerdhal a fait preuve ici de pas mal de clairvoyance dans l'écriture de ce roman d'anticipation. Le monde qu'il décrit n'est en effet pas si éloigné du futur auquel nous pourrions faire face: un monde, où les avancées technologiques compensent le manque d'actions entreprises pour sauver notre planète, mais où l'Afrique et les autres nations qui
manquent de moyens pour rejoindre cette conquête de l'espace sont laissées à
leur misère.
Ayerdhal nous offre donc une vision bien déprimante mais marquante de notre futur. Avant ma lecture, je craignais un peu le côté très "militant altermondialiste" de ce roman. Si on retrouve ici le cliché du Nord oppresseur, seul responsable de la situation dramatique de l'Afrique, l'auteur a heureusement évité d'autres pontifes. J'ai ainsi trouvé les réflexions du roman très intéressantes et les injustices dénoncées par l'auteur, dissimulées sous le couvert de roman d'anticipation, passent au final très bien et sonnent justes:
"D'abord, il y avait un monde découpé en trois zones: les pays industrialisés, riches, les pays en voie de développement, pauvres, et le tiers-monde, indigent. Les uns avaient salopé la planète pour conquérir l'opulence, les autres avaient tenté de les imiter, les derniers cherchaient seulement à bouffer.
Un jour, les riches ont pris conscience des dégâts produits et de l'irréversibilité du phénomène, mais leur technologie avait évolué et ils pouvaient continuer à nager dans le luxe. Alors ils ont demandé aux pauvres de rester propres, de ne pas aggraver la pollution avec des énergies polluantes, de limiter leur croissance." p. 53
J'ai également aimé l'idée de la fin de l'humanitarisme, remplacé pas des sortes de guerriers humanistes, même si le présent nous montre que la confusion de notre société motive au contraire beaucoup à chercher du sens dans l'engagement humanitaire (avec des résultats mixtes, mais cela est une autre histoire).
A mon avis, l'intrigue et les personnages passent un peu au second plan par rapport à ce message très fort. J'ai trouvé les personnages étranges et peu approfondis et l'histoire un peu trop survolée. Le style est également particulier et pas toujours très fluide, surtout pour un roman classé "young adult" par l'éditeur. D'ailleurs pourquoi cette classification? Parce que l'anticipation est automatiquement réservée aux adulescents?
Un roman d'anticipation éco-militant original, dont le message d'égalité et de justice original justifie une lecture malgré quelques faiblesses romanesques.
Médecin doté d'une vie tranquille à Genève, que pouvait-il craindre? Deux limousines, un coup de frein, des portières qui claquent, un pistolet-mitrailleur, deux beignes, une cagoule et des jours dans une cave sous perfusion et somnifères... Un kidnapping.
A son réveil, il se retrouve quelque part dans un village africain dont un commando humanitaire lui confie la responsabilité. Sécheresse, famine, terrorisme: dans une Afrique qui se meurt, c'est en cherchant le sens du mot justice qu'il trouvera celui de sa vie.
Né en 1959 à Lyon, Ayerdhal vit à Bruxelles. Écrivain majeur, il a publié plus de vingt romans et a été lauréat deux fois du Grand prix de l'Imaginaire et du prix Cyrano pour l'ensemble de son oeuvre.
Merci à Babelio et aux éditions Au Diable Vauvert pour cette lecture.
AYERDHAL, Demain, une oasis, ed. Au Diable Vauvert, août 2015, 256p.
Curieux, cette requalification "Young Adult" pour un roman déjà paru (opération marketing, sans doute)!
RépondreSupprimerL'auteur est mort cet automne (je le précise parce qu'il y a un alinéa biographique à la fin de ton billet).
Oui, j'avoue que je ne trouve pas la qualification "young adult" très judicieuse mais c'est clair que c'est une catégorie qui fait vendre en ce moment.
SupprimerJ'avais loupé l'annonce du décès de l'auteur, merci donc pour l'info. As-tu lu d'autres de ses romans?
C'est vraiment 'si on aime Hunger games'? Cela me ferait plutôt fuir, alors que ça a l'air bien quand même.
RépondreSupprimerJ'ai pensé à Hunger Games à cause du côté militant qu'on attribue maintenant à la saga de Collins. Après, le style est très très différent. On pourrait presque dire que Demain, une oasis est un Hunger Games pour adulte. Le style est plus complexe, le message plus politique, l'histoire moins accrocheuse aussi. D'où ma réserve pour la qualification "young adult"... Tente le coup ;-)
SupprimerMerci pour ce post, qui m'a donné envie de lire ce livre. La citation de la page 53 est éloquente quand on a en tête les discussions récentes de la COP 21...
RépondreSupprimerJe l'ai lu en pleine conférence de Paris et c'est vrai qu'il est étonnant (et un peu déprimant) de penser que Demain, une oasis a été écrit il y a plus de 20 ans. Pas vraiment de progrès depuis...
SupprimerIntrigant ça, un roman d'anticipation éco-militant qui pourrait en plus plaire à ceux qui ont aimé Hunger Games ! Bon, dommage pour les faiblesses romanesques, mais le sujet est assez original en effet pour qu'on ne s'arrête pas là.
RépondreSupprimerPetite parenthèse, je me doute que tu dois être très occupée. J'espère que tout va bien avec ton mini-toi. Je vais publier mon billet sur le Gary pour ne pas qu'il traîne trop longtemps dans mes brouillons, mais prends ton temps de ton côté. Bonne année en passant !:-)
Par rapport à Hunger Games, je dirais qu'il gagne en terme de réalisme et de vision. Par contre, on est quand même loin du page-turner et du côté entrainant de la trilogie de Collins. Surtout, Demain, une oasis pêche à mon avis au niveau des personnages pas franchement accrocheurs. En fait, j'aurais pu aussi rapprocher ce livre de Brave New World, dont le message m'avait plu mais qui ne m'avait pas complètement convaincue au niveau rythme et héros.
SupprimerMini-Z va bien mais il ne me laisse pas beaucoup de temps avec les bras libres pour bloguer (là d'ailleurs, il hurle :-( ). Je suis désolée pour Gary, je n'ai même pas eu le temps de lire Lady L mais j'espère me rattraper tout bientôt. Pas de souci pour le billet, je comprends et j'essaie de faire mieux pour Brink.
Et bonne année à toi aussi!!!