Le théorème de Kropst d'Emmanuel Arnaud
Pour: les fans de Rastignac
Laurent Kropst est élève en première année de maths sup au lycée Louis-le-Grand. Sa vie se résume aux devoirs de physique et au classement général, dont son avenir d'étudiant en école polytechnique dépend. Enfermé dans ce microcosme, la vie en dehors du lycée n'a plus d'importance; jusqu'au jour ou Laurent fait la connaissance de Mélanie et Claudia, deux khâgneuses, des élèves de préparatoire littéraire. A leur contact, Laurent va découvrir un nouveau monde, où le respect s'obtient par les bons mots plutôt que par la bonne formule mathématique. Il réalise aussi que son intuition pourrait bien l'aider à atteindre les échelons supérieurs de la hiérarchie sociale plus rapidement qu'il ne l'avait espéré.
Tout d'abord, je vais rassurer tous ceux qui sont à deux doigts de zapper ce livre à la seule évocation du mot "théorème" dans le titre. Oui, l'intrigue se passe dans une classe de maths sup, mais le sujet central de ce livre est ailleurs et les quelques démonstrations et raisonnements mathématiques sont tout à fait digestes même pour les plus traumatisés des fonctions et autres intégrales.
Bien plus que les polynômes de Bernoulli, Le théorème de Kropst nous fait découvrir le quotidien d'une classe de matheux, dont la seule ambition est d'intégrer les grandes écoles polytechniques et d'ainsi atteindre les élites "ingénieuses" de France. J'ai trouvé amusant mais aussi pathétique de découvrir la compétition féroce que se livrent les élèves de la classe de Frazenberg. Il faut dire que le concept des "Grandes Ecoles" est relativement inexistant en Suisse et j'ai donc parfois peiné à comprendre l'importance que cela a en France. Difficile également de déceler où l'auteur se place: est-ce de l'ironie sur ces ados de 18 ans qui considèrent que leur future réussite sociale dépend entièrement d'un devoir de physique ou, au contraire, soutient-il le désir intense de Laurent d'atteindre les élites sociales par tous les moyens?
J'ai ainsi éprouvé un petit malaise à la lecture de ce livre. Que voulez-vous, je trouve l'idée de ces fabriques à élites plutôt stupide, mais le quotidien et l'ambiance de ces écoles sont probablement très similaires à la description qu'Emmanuel Arnaud en fait. Le mélange entre littérature proustienne, cours de physique et déboires d'adolescents est également judicieux et le tout se lit très bien.
Un bon premier roman avec un thème original mais une intrigue peut-être un peu légère. Un auteur que je suivrai avec plaisir; je serais par exemple curieuse de voir si Emmanuel Arnaud nous emmènera, la prochaine fois, dans un univers qui lui est peut-être moins familier.
Laurent Kropst est élève en maths sup au lycée Louis-le-Grand. Il doute qu’il existe un monde en dehors des colles de maths, des devoirs de physique et des blagues vaseuses de ses petits camarades. Au-delà de la dixième place au classement général, il ne connaît plus personne. C'est sa vie, son train-train, son sacerdoce. Jusqu’au jour où il prend une tôle monumentale en mathématiques. Pour lui, c’est la fin du monde : l’opprobre, la descente aux enfers au classement général et, surtout l'exclusion, la relégation dans un lycée de seconde zone à la fin de l’année. Il découvre alors qu’on peut changer son destin avec quelques mots et beaucoup de mauvaise foi.
Dans la foulée, il rencontre les filles du lycée, des élèves d’hypokhâgne, elles lui font découvrir l’autre moitié du monde. Lui qui ne jurait que par les polynômes de Bernoulli se met à lire Proust et à causer Baudelaire à la cantine. Il se rend compte que s'échiner sur des théorèmes n'est pas la seule façon de parvenir à ses fins; l’ascenseur social emprunte d’autres voies, qui ne sont pas toutes très nettes peut-être, mais qui sont quelques fois bien plus rapides. Quand on n’est pas issu du sérail, on se doit d'être prêt à tout.
Dans un style alerte et ironique, Emmanuel Arnaud nous livre ici un tableau générationnel, mais aussi une plongée singulière dans les méandres du raisonnement mathématique: son roman est une ode à l’intuition, qui réconcilie la science et la littérature.
Emmanuel Arnaud est né en 1979, il a fréquenté les grandes écoles. Il vit à Paris et a publié des ouvrages pour la jeunesse. Le Théorème de Kropst est son premier roman.
Je remercie Babelio et les édtions Métailié pour la découverte de ce jeune auteur.
ARNAUD Emmanuel, Le théorème de Kropst, ed. Métailié, janvier 2012, 144p.
Je ne connais pas ce théorème. Mais j'attends, comme toi, son second roman.
RépondreSupprimerje ne peux rien te dire sur les classes prépa, j'ai choisi (euh, pas choisi, mais ce serait long à expliquer) les bancs de la faculté. Pression moins forte, mais entre première et deuxième année, seuls 25% passaient, donc...le dilettantisme avait aussi ses limites.
RépondreSupprimerUn roman que j'ai dévoré.
euh...les maths, je n'aime guère...
RépondreSupprimerPour connaître des personnes qui sont passées par les classe prépa, oui, la concurrence est rude pour intégrer des grandes écoles.
RépondreSupprimerLe livre en lui-même ne me dit rien...
J'ai bien aimé bien qu'allergique aux maths. une plongée intéressante dans la formation de nos élites futures
RépondreSupprimer@Alex: Je pense que tu peux en effet attendre la suite pour découvrir cet auteur même si ce théorème est un premier essai relativement convaincant.
RépondreSupprimer@Keisha: On s'est également séparé d'un bon quart de la classe lors de ma première année (l'économie politique, ça ne pardonne pas;-)) Pour revenir à ce roman, il y a un côté très français qui m'a peut-être moins parlé.
@Lystig: C'est plus une histoire d'ambition que de maths. Le côté math est franchement très très accessible.
@Clara: Peut-être pour un cadeau alors, à ces personnes que tu connais. Je pense qu'en ayant vécu cette expérience, le livre prend vraiment une autre ampleur.
@Yv: J'ai en effet trouvé le contexte très intéressant mais l'intrigue peut-être un peu légère en comparaison.