Le Malentendu d'Albert Camus

Après de nombreuses années passées loin de sa famille, Jan, sa fortune faite, décide de revenir dans son village natal pour s'occuper de sa mère et de sa soeur. Il se présente à l'auberge tenue par les deux femmes comme un voyageur, espérant être reconnu et accueilli avec joie. Mais en voulant cacher son identité, Jan va mettre en marche une machine infernale. Sa soeur Martha et leur mère, abandonnées à leur sort, ont en effet mis au point un stratagème pour détrousser les clients de passage et les faire disparaitre. Le malentendu initial mènera-t-il Jan vers une issue tragique?

Je voulais publier ce billet jeudi afin de rendre hommage à ce grand auteur, dont on célébrait le 7 novembre le centième anniversaire. Débordée par le travail, je me rattrape enfin aujourd'hui. Pour cet anniversaire, j'ai décidé de lire Le Malentendu, une pièce en trois actes publiée en 1944 et jouée pour la première fois la même année au Théâtre des Mathurins. 

Si Camus avait l'intention de remonter le moral des troupes encore en pleine guerre avec cette pièce, c'est raté. On est en effet en pleine tragédie avec ces retrouvailles tragiques entre Jan, sa mère et sa soeur. On avance dans cette pièce avec l'espoir d'une fin heureuse, d'un soupçon d'humanité et de sentiments, mais Martha reste hermétique à toute tentative de rapprochement, et focalisée sur son rêve d'ailleurs. Il y a beaucoup de froideur, d'impassibilité et de cruauté dans cette pièce, qui laisse au final peu de place à la rédemption. 

Vous l'aurez compris, ce n'est pas une lecture heureuse, mais c'est une pièce qui marque son lecteur. De manière plus générale, l'oeuvre théâtrale de Camus est souvent moins connue que ses romans phares, mais sur les thématiques chères à l'auteur, elles sont à mon avis tout aussi poignantes et réussies. 
A découvrir, sans aucun doute! Je précise toutefois avoir préféré Caligula, une autre pièce du cycle de l'absurde de l'auteur, une oeuvre qui m'avait vraiment mis une claque à l'adolescence et que je relis régulièrement.

Daniel Fattore avait lancé l'idée de cette lecture en début d'année. Si d'autres ont suivi l'idée, n'hésitez pas à me le notifier pour que j'ajoute les liens. J'ai également trouvé un article intéressant sur cette pièce sur le site de la Société des études camusiennes qui laisse entendre que Caligula et Le Malentendu seraient "grandement inspirées" de pièces écrites par un auteur polonais. A lire ici

CAMUS Albert, Le Malentendu, ed. Folio, publié pour la première fois en 1944, 130p.

Commentaires

  1. Merci d'avoir rappelé mon petit défi! :-) De mon côté, j'ai aussi été un peu trop débordé pour lire beaucoup d'ouvrages d'Albert Camus; manquant à tous mes devoirs, j'ai même laissé passer sa date d'anniversaire. A noter que mon exemplaire de "Caligula suivi de Le malentendu" traîne pas loin de mon ordinateur...
    Je te souhaite un bon dimanche et de bonnes lectures!

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    1. Oui, j'ai cherché ton billet... et puis j'ai même été vérifier la date de naissance de Camus quand je ne l'ai pas trouvé ;-) Je suis sûre que tu pourras caser Caligula assez facilement dans tes (re?)lectures... Tiens-moi au courant!

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  2. J'avais tenté La peste à l'adolescence mais je n'en garde pas un bon souvenir (possible même que j'ai abandonné en cours de lecture), du coup je n'ai jamais poursuivi avec Camus. Peut-être faudrait-il que je m'y replonge maintenant.

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    1. La peste est le roman de Camus que j'ai le moins aimé (et le préféré de Mr. Z, hum hum, on peut pas s'entendre sur tout ;-)) Essaie peut-être ses pièces, moins touffues et plus faciles à lire, tout en gardant les mêmes thématiques...

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  3. j'ai un peu de mal toujours pour lire du théâtre mais j'aime Les justes ou Caligula
    je n'ai jamais lu ni vu cette pièce là ! Dommage que tu n'aie pas vraiment apprécié

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    1. Je préfère toujours voir les pièces mais les lire ne me gêne pas plus que tant. J'imagine toujours dans ma tête une mise en scène, des acteurs, des lumières. C'est une autre façon de lire je trouve. Les justes, pas encore lu mais Caligula, quelle claque! Avec cette édition qui réunit Caligula et Le malentendu, on évite difficilement la comparaison et j'ai trouvé Caligula plus percutant, mieux écrit, mieux mené. Bon, je n'ai pas non plus "pas apprécié" Le malentendu...

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  4. Je ne savais pas que Camus avait écrit du théâtre. Je crois que j'en resterai à ses romans.

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    1. Dommage, ses pièces sont très fortes aussi et se lisent très bien.

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  5. Une pièce que j'ai vu au théâtre et qui m'avait impressionné (j'ai rattaché l'article à ma récap, merci Zarline)

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    1. J'image bien que le rendu au théâtre peut être très efficace. La pièce ne doit pas être trop trop difficile à mettre en scène (unité de lieu, peu de personnages, etc). Je suis étonnée qu'elle ne soit pas montée plus souvent, en tous cas je n'ai jamais eu l'occasion de la voir. Et merci à toi pour ton billet récapitulatif, c'est bien de parler un peu de cet auteur un peu oublié après les bancs de l'école.

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  6. Moi j'ai lu une BD... ahum... je publierai dessus demain :)

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    1. J'irai voir ça. C'est l'adaptation de L'étranger? Bon, et l'importance c'est de parler de cet auteur et de donner envie de le lire. Tu as bien sûr une lecture récapitulative de toute son oeuvre à ton programme pour les prochaines semaines, hein ;-)

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  7. Je n'ai lu qu'une pièce de Camus, Les justes, et je n'avais pas du tout aimé. Je vais tenter Caligula donc, et peut-être celle-ci aussi. (Camus est un auteur que j'apprécie de toute façon.)

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    1. Je n'ai pas lu Les justes, donc je ne peux pas vraiment comparer avec Caligula. A ma première lecture de cette dernière, je sais que j'ai eu de la peine à accrocher mais qu'en y repensant, j'avais trouvé le message de la pièce très fort. Le Malentendu est moins convaincant, mais ça reste du Camus. Redis-moi ce que tu en penses si tu te lances...

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