Les perroquets de la place d'Arezzo d'Eric-Emmanuel Schmitt

Pour ceux qui aiment: le film Love Actually de Richard Curtis en plus hot

Les habitants de la très chic place d'Arezzo à Bruxelles présentent au monde et à leur voisinage une façade parfaite et consensuelle. Mais derrière les murs de leurs appartements se jouent des drames et des tromperies, faits d'amour, de dissimulation, de passion et de mensonges. Les masques vont peu à peu tomber suite à une simple lettre, envoyée à plusieurs voisins: "Ce mot simplement pour te signaler que je t'aime. Signé tu sais qui". Quelques lignes qui vont être à l'origine d'une réaction en chaîne, semant à la fois amour et chaos autour de la place d'Arezzo.

Ce nouveau roman, qu'on annonçait comme une "anthologie littéraire de l'érotisme et des relations de couples", m'a tout de suite intriguée; déjà j'aimais beaucoup l'idée de départ et en plus, le thème ne collait pas du tout à l'image que je me faisais de l'auteur (dont je n'avais jusqu'ici rien lu). Du coup, j'ai voulu savoir ce qui avait tant inspiré Eric-Emmanuel Schmitt pour qu'il nous livre ici un pavé de plus de 700 pages.

Il faut dire que les thèmes de l'érotisme et de la vie de couple offrent matière à disserter et Eric-Emmanuel Schmitt ne s'en prive pas. Il peuple les bâtiments de la place d'Arezzo d'une galerie de personnages représentative de toute une gamme de pratiques sexuelles et amoureuses: du sexe-addict au disciple de l'asexualité, en passant par la masochiste, l'homosexuel, l'adolescent amoureux pour la première fois, l'apollon attiré par les femmes rondes, le transgenre, la maîtresse professionnelle, etc etc et en prime, un clone de DSK. Toutes les relations de ces personnages vont devenir de plus en plus liées et imbriquées à la suite du mot mystérieux.

Les perroquets de la place d'Arezzo est un livre qui se lit très bien et avec plaisir. J'ai trouvé la construction du roman réussie et je me suis facilement attachée à plusieurs des personnages. Le lecteur se retrouve observateur des petites vies et drames de chacun, comme perché au sommet de l'arbre central de la place peuplé de perroquets. Le style est fluide, agréable et les 730 pages du roman coulent toutes seules.

A ceux qui espèrent du croustillant, je dirais de ne pas en attendre trop. Oui, le sujet principal est celui de la relation de couple, mais ce roman est au final plus une anthologie de l'amour que celle du s*xe. Quelques scènes suggestives mais rien qui ne devraient décourager les récalcitrant(e)s ou encourager plus qu'il ne faut les adeptes. Et c'est un peut-être le point négatif de ce livre pour moi. Eric-Emmanuel Schmitt, sans aller au bout de l'idée de la littérature érotique, peuple sa place de presque toute la gamme de pratiques sexuelles que j'appellerais "extrêmes", au point qu'on a l'impression que tous les habitants sont des pervers. Pas un seul couple "normal", qui s'aime sans se tromper, avec une vie sexuelle banale. J'ai trouvé ainsi qu'il y avait un petit côté lassant; à chaque nouveau personnage je me disais, "allez, ça va être quoi pour celui-ci, b*ndage? bisexualité? un fan des pieds?". Le procédé en devient à force un peu artificiel.

En s'essayant à un registre totalement différent, Eric-Emmanuel Schmitt prend des risques mais s'en sort plutôt bien. Les perroquets de la place d'Arezzo se lit avec plaisir, sautant d'appartement en appartement pour découvrir l'intimité la plus secrète des habitants de la place. Une saga de voisinage teintée d'érotisme léger, à découvrir pour une lecture sympa sans être révolutionnaire.

«Ce mot simplement pour te signaler que je t’aime. Signé : tu sais qui.»

Cette lettre anonyme trouble l’existence des riverains de la place d’Arezzo. Dans ce quartier élégant de Bruxelles, quel original, quel pervers, quel corbeau déguisé en colombe s’acharne à violer leur intimité ? Le message entraîne autant de promesses et d’attentes que de déceptions et de catastrophes, chacun l’interprétant à sa façon. Menée par Eric-Emmanuel Schmitt, cette ronde effrénée devient l’encyclopédie des désirs, des sentiments et des plaisirs, le roman des comportements amoureux de notre temps.

Je remercie les éditions Albin Michel pour l'envoi de ce livre. J'ajoute également que j'ai eu le plaisir de rencontrer l'auteur au Livre sur les quais de Morges en septembre, et je l'ai trouvé plutôt sympathique.

SCHMITT Eric-Emmanuel, Les perroquets de la place d'Arezzo, ed. Albin Michel, août 2013, 730p.

Commentaires

  1. Je l'avais noté à sa sortie, les avis étaient plutôt positifs, et ça fait un moment que je n'ai rien lu de l'auteur. Yapluka !

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    1. C'était mon premier E-E Schmitt et j'ai trouvé ça sympa. J'hésitais sur plusieurs autres titres de l'auteur, comme La part de l'autre ou Ulysse from Bagdad. Je pense me laisser tenter à l'occasion. As-tu des recommandations?
      Celui-ci est je crois assez différent du reste de son oeuvre, mais le concept est bien exploité. Redis-moi si tu te lances...

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    2. En fait je le lisais il y a 10 ans, à l'époque de Oscar et la dame rose. J'ai lu aussi L'évangile selon Pilate et Lorsque j'étais une oeuvre d'art. A chaque fois, un moment de lecture agréable, détente, humour, un auteur que je trouvais sympa en plus, mais je me suis arrêtée là depuis (les appels de la PAL/LAL déjà à l'époque et l'envie de changer d'univers).
      Ses derniers ont l'air encore meilleurs, comme si l'auteur avait su se renouveler en restant lui-même. Il faudrait vraiment que je m'y repenche.

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    3. Je ne comprends toujours comment j'ai passé à côté de cet auteur jusqu'ici. Peut-être le côté best-seller qui me faisait peur. Mais en effet, ces derniers livres m'ont tous fait de l'oeil.... Je pense retenter l'expérience pour une future lecture détente.

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  2. Un auteur que j'apprécie. Mais je n'ai pas lu ce titre.

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    1. Les fans disent qu'il est très différents de ses autres livres. En étant novice de E-E Schmitt, je n'avais pas d'attentes spéciales...

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  3. Il est sur ma PAL celui-ci aussi ;)

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    1. Pas sûre qu'il soit assez hot pour faire partie de tes lectures inavouables... quoique, il y a quelques personnages qui ont des pratiques plutôt hard. Mais la manière de les décrire reste, je trouve, assez légère, presque "gentillette". Curieuse de connaitre ton avis en tous cas.

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