Nés de la nuit de Caroline Audibert
Avis aux auteurs, mettez un loup sur une couverture et vous avez déjà une lectrice garantie, moi, même si vous écrivez des inepties. Et oui, je suis faible sur ce coup là, mais cette faiblesse vient par contre avec des attentes assez élevées par la suite et force est de constater qu'il y a énormément d'idioties écrites sur le sujet du loup. Que ce soit clair, les grands méchants loups, voraces et diaboliques m'exaspèrent tout autant que les majestueux symboles idéalisés de liberté. Bref pour la faire court, c'était loin d'être gagné pour Caroline Audibert et son premier roman, Nés de la nuit.
Choisir un narrateur animal, c'est un point de départ plutôt original et qui a nécessité son lot de réflexion au niveau du style et du langage. Parfois saccadée, brute et dépouillée de structure grammaticale, l'écriture d'Audibert se fait cependant pleine d'emphase au niveau des sensations, des odeurs, du vent, des lumières. J'ai eu de la peine à m'y faire au début avant de me laisser imprégner par cette 'langue fauve' comme la décrit l'auteure. Le tout aurait ainsi pu se transformer en un exercice de style, intéressant mais probablement lassant; après une cinquantaine de page, je me demandais clairement comment cela allait tenir sur la distance. Heureusement, au lieu de se cantonner à son narrateur loup, Nés de la nuit devient une sorte d’allégorie du cycle de la vie, une fenêtre sur le monde sauvage, une réflexion sur notre interconnexion avec lui.
Je ne veux pas trop en dire ici sur l'intrigue, somme toute assez simple, qui nous fait revivre le quart de siècle écoulé depuis le retour du loup en France. Le force de ce livre est sans conteste son approche et son message. J'ai finalement lu Nés de la nuit comme un appel à se mettre dans la peau de l'autre, ici l'animal sauvage qui nous fait peur, pour dépasser nos idées fausses. Le loup n'est pas bon ou mauvais, il est juste loup. Le comprendre, c'est déjà faire un pas vers la coexistence avec cette espèce et les autres.
En conclusion: surprenant, animal et puissant
Merci aux éditions Plon et à NetGalley de m'avoir permis de découvrir cet ouvrage.
AUDIBERT Caroline, Nés de la nuit, ed. Plon, novembre 2020, 176p.
Toi tu devrais lire le bouquin de Morizot, celui qui piste les loups (et se retrouve pisté) Chez actes sud
RépondreSupprimerJe viens d'aller voir les livres de Morizot et argh, comment je suis passée à côté jusqu'ici. Je viens d'ajouter Les Diplomates à ma LAL urgente. Merci merci pour la recommandation.
SupprimerIntéressant ce point de vue du loup.
RépondreSupprimerC'est en plus bien fait et réfléchi.
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