Close-up de Michel Quint
Pour ceux qui aiment: Fakirs d'Antonin Varenne
Miranda, la quarantaine et un regard lavande, exerce ses talents de voyante et ses numéros de close-up au Quolibet, un cabaret miteux de Lille. Un soir, elle reconnait dans le public Bruno Carteret, l'homme qui a brisé sa vie autrefois. Elle décide alors de se venger et lui prédit sa mort avant le vendredi 13. Quand Bruno est attaqué quelques jours plus tard, il se réfugie auprès de Miranda afin d'échapper à cette sinistre prédiction.
Close-up fait partie des trois premiers romans publiés de la nouvelle collection Vendredi 13 des éditions la branche. Patrick Raynal, directeur de collection, a réuni 13 auteurs français autour du thème du vendredi 13, avec au final 13 romans noirs qui devraient, par la suite, être adaptés par Agora Films. Pour plus d'informations sur cette collection, je vous invite à lire le très appétissant dossier de presse à cette adresse.
Mais revenons au livre de Michel Quint. Tout d'abord, je dois préciser que je n'avais jusqu'ici jamais lu cet auteur malgré l'énorme succès rencontré par Effroyable jardin. Pour une raison totalement stupide d'ailleurs, vu que malgré l'attrait du sujet, je n'ai jamais réussi à passer outre la couverture et cet horrible clown (et oui, chacun ses phobies. Il paraît pourtant que cette couverture a été choisie par l'auteur). C'est donc avec une grande curiosité que j'ai découvert Close-up (à la couverture beaucoup plus attirante et intrigante).
Premier constat: Michel Quint, c'est un vrai style. Mélange de gouaille des bas-fonds et de métaphores recherchées, de phrases parfois courtes, parfois extrêmement travaillées. Dès les premières pages, j'ai été soufflée par ce style que j'ai trouvé original, intéressant mais surtout si personnel. C'est une écriture qui, je pense, peut lasser sur la longueur, mais qui, sur 207 pages, m'a totalement enchantée. Petit extrait de la première page pour vous mettre dans l'ambiance:
"Le Quolibet, cabaret-bar, musique, attractions diverses, vedettes internationales de la télévision. Derrière le battant, on se tape le nez dans une sorte de grande muleta de velours cramoisi qui pend là, juste contre, pour museler le froid au bord d'un court couloir éclairé faible par les photos sous cadres luminescents des artistes présents ou passés dont le génie relève le magnétisme du lieu. Puis on donne encore du front dans un autre chiffon doux, comme ces bêtes taureaux des dimanches, et nous y voilà."
Pour le reste, Michel Quint nous plonge dans une ambiance, mélange de cabaret et de grande finance, qui m'a un peu fait penser à Fakirs. Mais là où je n'avais pas du tout été séduite par le côté très glauque du roman d'Antonin Varenne, j'ai ici apprécié le côté mystérieux mais accueillant du Quolibet et l'intrigue prenante de Close-up. Le lecteur suit, impatient, les quelques jours précédant la mort annoncée de Bruno et ses tentatives pour empêcher ce funeste destin et découvrir son commanditaire. La petite troupe du Quolibet qui l'accompagne forme une galerie de personnages attachante et burlesque. L'intrigue, sans être haletante et pleine de rebondissements, retient son lecteur jusqu'à la fin. L'ensemble est plutôt fin et j'ai pensé tout au long du roman que cette histoire ferait un bon film, intrigant sans avoir besoin d'en faire trop. C'est donc avec plaisir que j'ai découvert dans le dossier de presse que cette adaptation était prévue.
Au final, un très bon roman, avec une intrigue bien construite, une ambiance séduisante, des personnages attachants et un style vraiment intéressant. Je ne dis pas que ce livre restera une lecture inoubliable, mais c'est définitivement une réussite, qui me donne à la fois envie de découvrir l'oeuvre de Michel Quint (en passant outre les vilains clowns), et le reste de cette collection.
Au Quolibet, un cabaret miteux de Lille, Miranda fait un numéro humoristique de voyance. Un soir, elle reconnaît dans le public un important promoteur qui lui a causé du tort autrefois. Décidée à se venger, elle lui prédit sa mort avant le vendredi 13. L'homme est très vite victime d'une tentative de meurtre. Poursuivi, il se réfugie auprès de Miranda pour qu'elle lui prédise le danger à tout instant. Elle se retrouve à le protéger, à risquer sa vie pour ce type qu'elle hait et dont elle souhaite la ruine.
Né en 1949, autrefois Professeur de lettres classiques puis de théâtre, Michel Quint a publié vingt-cinq romans, au ton souvent noir. Son roman Billard à l'étage (Ed Rivages) a reçu le Grand Prix de la littérature policière en 1989. C'est avec Effroyables jardins en 2000 qu'il est révélé au grand public. Grand succès en librairie qui sera porté à l'écran par Jean Becker.
Je remercie chaleureusement les Editions la branche et Les Agents Littéraires pour l'envoi de ce livre. N'hésitez pas à participer au Challenge - Rentrée littéraire de ce dernier site qui vise à encourager les petits éditeurs.
QUINT Michel, Close-up, coll. Vendredi 13, Editions la branche, octobre 2011, 207p.
Je vois qu'on partage absolument le même avis, sauf que j'avais lu Effroyable jardin et que j'ai redécouvert très récemment cet auteur avec un livre truculent qui devrait te plaire (et qui existe en poche)Les joyeuses. J'espère qu'on donnera envie de lire ce Close-up qui mérite une diffusion large !
RépondreSupprimerdécidemment, cette série plaît beaucoup !
RépondreSupprimerBrrr, il y a longtemps que j'ai lu Fakirs mais j'en ai encore un souvenir glaçant....
RépondreSupprimer@Yv: Oulala, tu m'intrigues, je file voir Les joyeuses de plus près. Et effectivement, j'espère que d'autres personnes découvriront ce livre et cette collection.
RépondreSupprimer@Lystig: Je n'ai pas lu les autres ouvrages de la collection mais celui-ci est vraiment très réussi: bien écrit et sympa à lire. Aucun raison de s'en priver.
@Alex: Fakirs m'a déprimée pour au moins un mois ;-) Rien de tout ça ici, on est dans un contexte similaire de cabaret déserté mais le ton est beaucoup, mais alors beaucoup plus léger.
Ce roman, premier que je lisais de l'auteur comme toi, m'a aussi vraiment plu. Les deux autres titres de la collection parus en même temps m'ont bien accrochée aussi, je te les conseille.
RépondreSupprimer@Catherine: Les avis sont vraiment bons pour les trois premiers opus de cette collection. S'il y en a 13 comme ça, ma PAL n'est pas sortie de l'auberge ;-)
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