Digital Dahlia de Kathinka Salzmann par l'Instant d'un Espace

Pour tous les pendulaires de la gare de Genève, elle était une figure marquante. Elle, c'est la petite marchande de fleurs, plus de nonante ans au compteur, qui proposait des roses à prix exorbitant (je suis bien placée pour le savoir, je me faisais à chaque fois avoir), sans jamais toutefois importuner celui qui refusait. 

Marie-Jeanne Comte vendait des fleurs à Genève depuis plus de cinquante ans, avant de s'éteindre, à l'âge de 92 ans, en juin dernier. Ce personnage genevois qui a certainement marqué, le temps de quelques secondes, les esprits des voyageurs, sert de point de départ à la pièce de la jeune Kathinka Salzmann. Et cette dernière est bien placée pour en parler, vu qu'il s'agissait de sa grand-mère. 

Il ne faut toutefois pas s'attendre à un récit linéaire sur la vie de Marie-Jeanne Comte, mais plutôt à une réflexion sur la folie et la marginalité avec pour cas d'école le personnage de la petite marchande de fleurs. Pour se faire, sept comédiens qui, des tests de Psycho magazine aux définitions les plus complètes du dictionnaire de la psychiatrie, nous interrogent sur notre vision de l'autre, de ce qui est considéré comme déviant, dangereux ou simplement étrange.

J'ai été séduite par cette pièce, parcourue de moments drôles ou plus philosophiques. Il se dégage de ce spectacle une sorte de tendresse alors qu'il traite du lourd sujet de la folie. Un bon jeux d'acteurs, une mise en scène originale, un mélange d'arts qui me séduit de plus en plus, Digital Dahlia est une pièce réussie mais qui aurait pu être encore plus travaillée. La pièce est en effet très courte (1 heure), et on ne peut s'empêcher de penser que le tout aurait pu être étoffé entre les scènes bien abouties. 

Mêlant théâtre et danse, ainsi que des extraits de chansons enregistrées par Marie-Jeanne Compte et une vidéo touchante, Digital Dahlia est une exploration tout en retenue et sans porter de jugement de la folie-douce d'une grand-mêre intrigante. Vous avez jusqu'au dimanche 3 février pour découvrir cette pièce au Théâtre Trois P'tits Tours de Morges. 

Lorsqu’elle arrive à Genève à l’âge de 20 ans, Marie-Jeanne Comte n’a qu’une idée en tête : devenir riche et célèbre. A plus de 90 ans, c’est elle que l’on aperçoit à la gare Cornavin, vendant des fleurs été comme hiver, malgré les multiples tentatives de renvoi de la police. Que s’est-il passé? Cheminant entre les notions de folie et de normalité, de précarité et de marginalité, DIGITAL DAHLIA évoque cette histoire singulière et explore, à travers le corps et la parole, les discours que la folie inspire mais aussi les fragilités et les failles qui nous constituent.

Digital Dahlia par l'Instant d'un Espace
Texte et mise en scène: Kathinka Salzmann
Avec: Nicole Brzak, Renaud Hirsch, Eléonore Junod, Virginie Kaiser, Salvatore Mandrà, Sylvie Mercier, Vanessa Merminod
Théâtre Trois P'tits Tours, Morges
23 janvier - 3 février
www.troispetitstours.ch
www.instant-espaces.ch

Commentaires

  1. Hors-sujet :
    Pour les LC, Malorie nous rejoint sur 'Le Polygame'.
    Lien : http://balladesdansmabiblio.blogspot.fr/
    Bon WE, bises.

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  2. Cette pièce semble chouette et ton article est super, touchant. Peut-être qu'après Morges, la compagnie ira en tournée par-ici (CdF) ?

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  3. @Canel: Merci, c'est noté. Plan d'attaque pour l'opération "bravo fouille dans la bibliothèque de sa soeur" en cours...

    @Lewerentz: C'est un personnage qui m'a marquée et j'ai retrouvé ce côté à la fois touchant et intriguant dans la pièce. Il était à Genève à la Jonction, a priori il ne tourne pas plus loin pour le moment mais qui sait...

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