Livre sur les Quais et shortlist du Booker Prize
La troisième édition du Livre sur les Quais a eu lieu le week-end dernier.
Ayant un programme chargé, je n’ai pas pu y passer autant de temps que je
l’aurais souhaité, mais je voulais quand même vous parler des quelques rencontres
faites durant mes deux courtes visites. Il faut dire que le programme de cette
manifestation s’enrichit chaque année, tout comme s’allongent la liste des
auteurs présents et le nombre de tables rondes alléchantes. Bref, c’est une
manifestation qui me séduit d’avantage d’année en année et qui j’espère gardera
son côté familial et petit comité, tout en continuant à proposer des
rencontres de qualité.
En parlant de ces dernières, j’ai été heureuse de faire un brin de causette
avec quelques auteurs, dont Eric-Emmanuel Schmitt, sympa et disponible. Je suis
en ce moment en train de lire son dernier livre, Les perroquets de la place d’Arezzo dont j’aime beaucoup, jusqu’ici,
le concept. J’espère vous en parler bientôt.
Par contre je n’ai pas eu le courage de faire l’énorme queue pour obtenir
une dédicace d’Amélie Nothomb, que je n’ai de toutes façons encore jamais lue
(ahem !). Mais en passant à côté de la table de dédicace, après avoir
remonté le long serpent qui débordait de la tente, j’ai pu remarquer que, comme
d’habitude, elle avait un mot gentil pour chacun et beaucoup de patience. Il va
falloir que j’écoute quand même un jour ma sœur qui m’encourage depuis des années
à découvrir les extravagances d’Amélie… Je rajoute ça à ma (longue) liste de
bonnes résolutions livresques.
J’ai également croisé Julien Blanc-Gras, baroudeur très cool et relax, dont
le livre Paradis (avant liquidation)
trône également à côté de mon lit. J’espère l’attaquer prochainement, titillée
par ma rencontre avec l’auteur. Il faut dire que je suis une grande difficile
pour la littérature de voyage et j’avais longtemps hésité à lire Touriste, craignant le côté « beauf’ en
vadrouille ». Sûrement à tort, et je ne demande qu’à être séduite par ce
nouveau livre.
Une autre auteure sur laquelle j’avais plein d’hésitations, Caroline Vermalle,
dont la disponibilité et la bonne humeur m’ont vraiment séduite. On a discuté
blogs et effet de bouche-à-oreille, les deux ayant selon elle contribué à
faire connaitre son premier livre, L’avant-dernière
chance. Un livre que j’avais bien dû noter une dizaine de fois dans mon
carnet LAL, sans jamais céder par peur du langage SMS. Caroline Vermalle a
su me redonner envie de lire ses livres; ça sera probablement au programme pour
2014, peut-être avec la sortie de L'avant-dernière
chance en poche jeunesse dans les prochains mois. Qui m’accompagne?
crédit: http://www.actucine.com/news/child-44 |
Tom Rob Smith, dont j’avais beaucoup aimé Enfant 44 m’a confirmé que le film adapté du roman sortirait normalement
fin 2014 avec Tom Hardy (vu dans Inception)
dans le rôle de Leo, Noomi Rapace (alias Lisbeth Salander) dans celui de Raisa,
mais aussi Gary Oldman, Joel Kinnaman et Vincent Kassel. Le tout est réalisé
par Daniel Espinosa et produit par Ridley Scott. Curieuse de voir ce que ça va
donner. Quant à Agent 6, le troisième
volet de la série, Tom Rob Smith n’a pas réussi à me tenter après ma déception
avec Kolyma. A voir si le film peut
raviver la flamme. Autrement l’auteur prépare actuellement un livre sans lien
avec Leo, ni même avec l’URSS, mais au contraire écrit
à la première personne du singulier. A
voir donc…
Tom Rob Smith participait d'ailleurs à une table ronde sur le sujet
"Writing the war" en compagnie de John Boyne et Victoria Hislop.
Une discussion qui a dérivé bien plus loin que le sujet de la guerre en
littérature. Sans avoir jamais lu les livres de Victoria Hislop, j'ai apprécié
son humour et sa spontanéité; comment ne pas sourire face à sa déception
désarmante quand elle explique qu'après deux n°1 bestsellers, elle a dû se contenter,
avec une petite rancœur, de la quatrième place pour son nouveau livre, derrière...
les trois tomes de Fifty Shades.
Mais la conversation a également été plus sérieuse, les trois auteurs
évoquant les responsabilités qu'ils ressentaient à écrire des romans
historiques. Ainsi, Tom Rob Smith a expliqué qu'il préférait garder les personnages
historiques en arrière-plan, paralysé pas le fait d'écrire un dialogue
impliquant Staline par exemple. L'auteur de Le
garçon au pyjama rayé, John Boyne, a déclaré de son côté, parfois privilégier,
de manière volontaire, l'intrigue plutôt que la conformité historique. Les
trois auteurs ont également évoqué leurs craintes respectives à la publication
de leurs romans dans les pays servant de décors à leurs intrigues. Enfant 44 a ainsi mis longtemps avant de
trouver un éditeur russe, mais la publication dans ce pays s’est au final plutôt
bien passée; les critiques sont plutôt venues d’admirateurs du régime
communiste extérieurs à la Russie. Victoria Hislop a été enchantée par l’accueil
plutôt chaleureux de ses livres en Grèce. Quant à John Boyne, il a longtemps
redouté, à tort, la publication du Garçon au
pyjama rayé en Allemagne et en Israël, mais dit craindre encore d’avantage
la perception de ses compatriotes irlandais pour la publication de son prochain
roman, son premier prenant pour toile de fond son pays d’origine. A la
suggestion de Hislop de publier sous pseudo, il a plaisanté en proposant d’emprunter
le nom « J.K. Rowling » pour ce prochain roman.
Enfin, j’ai également croisé Colum McCann qui m’a fait craquer sur son
dernier livre Transatlantic. Nous
avons discuté un peu du Booker pour le lequel il était longlisté mais il
n’était pas très optimiste, considérant que son livre était trop « américain »
pour passer la rampe. Ce n’est pas les résultats de la shortlist,
annoncés mardi qui l’ont contredit. D’ailleurs voici les six titres
shortlistés:
1. We Need New Names de NoViolet Bulawayo: Premier roman de l’auteur
d’origine zimbabwéenne, aujourd’hui exilée aux Etats-Unis, We Need
New Names suit la jeune Darling, 10 ans, et ses amis du slum Paradise dans
leurs jeux et désirs d’ailleurs. Jusqu’au jour où Darling part réellement pour
les Etats-Unis et se rend compte que le pays parfait auquel elle rêvait
n’existe pas.
2. The
Luminaries de Eleanor Catton: 1866: Attiré par les
promesses de richesse, Walter Moody débarque en Nouvelle-Zélande en quête d’or.
C’est pourtant du mystère qu’il trouvera en premier, en tombant sur un groupe
de 12 personnes débattant de plusieurs crimes non résolus ayant eu lieu dans la
région.
3. The Harvest de Jim
Crace: L’arrivée d’un trio d’étrangers dans un petit village
va bouleverser l’ordre établi. Le même soir, le grand manoir local prend feu,
et c’est l’engrenage de la vengeance et de la suspicion de sorcellerie qui se
met en marche.
4. The Lowland de
Jhumpa
Lahiri: L’histoire de deux frères dans l’Inde des années 70
dont les chemins vont peu à peu diverger. Udayan, le plus âgé, s’engage auprès
du parti communiste, alors que Subhash obtient un financement pour un doctorat
aux USA. Mais les liens entre les deux frères seront difficiles à briser et les
actes d’Udayan auront une influence au-delà des frontières et des
générations.
5. A Tale for
the Time Being (En
même temps, toute la terre et tout le ciel, sorti en août dans sa version
française) de Ruth Ozeki: Ca, ça va faire plaisir à Flo ;-) En se promenant sur une plage du
Canada, Ruth découvre le journal plein de rêves et d’espoirs d’une jeune fille
japonaise de 16 ans, confrontée aux difficultés de son âge et victime de
harcèlement sur le web.
6. The Testament
of Mary de Colm
Tóibín: La longue confession de la Vierge Marie, qui raconte
les événements qui ont conduit à la mort brutale de son fils.
Une shortlist à la diversité mise en avant par le jury, avec
des sujets passant des temps bibliques à l’Inde des années 60s, du tsunami
japonais au 19ème siècle en Nouvelle-Zélande.
Les bookies qui, à l’époque de la publication de la
longlist, voyaient The Luminaries d’Eleanor Catton, The Testament of
Mary de Colm Tóibín et Harvest de Jim Crace en tête, ont jusqu’ici vu
juste. Jim Crace et Harvest, annoncé
comme le dernier livre de l’auteur de 67 ans, a depuis l’air d’avoir pris le
dessus. A suivre le 15 octobre. Pour ma part, je reste tentée par The Lowland et The Luminaries, mais je ne vais pas non plus me précipiter dessus.
Sympa toutes ces rencontres dis donc ! Très d'accord pour le Transatlantic. C'est bien de voir que l'auteur est lucide et ne s'en porte pas plus mal. J'aime beaucoup cet homme, j'ai eu l'occasion de le rencontrer lors d'un dîner éditeur. Quant à Julien Blanc-Gras, il est vraiment loin d'être le "beauf en vadrouille"^_^, j'avais bien aimé Touriste. Il me faut son Paradis !!
RépondreSupprimer@A Girl: Tu as lu Transatlantic? Jamais été vraiment attirée par ses livres, j'avais l'impression que c'était du Lévy à la sauce irlando-américaine. Mais j'ai effectivement trouvé l'auteur très sympa, pas du tout prise de tête et juste fier de son dernier livre, comme tout auteur devrait l'être. Du coup, il m'a donné envie de le lire. On verra bien!
RépondreSupprimerOui oui, pareil pour Julien Blanc-Gras, a priori injustifiés, je m'en suis rendue compte. Te redirai pour Paradis ;-)
Un jour, je me ferai un salon du livre en France! :)) J'aimerais bien discuter avec certains de vos auteurs. J'ai beaucoup aimé l'avant-derniere chance de Caroline Vermalle. Et un jour, je lirai son roman suivant!
RépondreSupprimer@Karine: Hi hi, j'aimerais bien moi aussi me faire un salon en France, celui-ci était en Suisse ;-) Caroline Vermalle était vraiment sympa, j'espère que tu auras un jour l'occasion de la rencontrer...
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