RL 2017: Le courage qu'il faut aux rivières d'Emmanuelle Favier
Comment parler de ce roman sans parler de cette magnifique couverture. Je l'avoue tout de suite, c'est elle qui m'a attirée sur les étals du Livre sur les quais de Morges. Puis il y a eu la gentillesse et la disponibilité de son auteure, Emmanuelle Favier, avec qui j'ai eu beaucoup de plaisir à discuter. Malgré l'aveu de la furtive apparition du lynx dans son roman, elle a ainsi su me convaincre et m'intriguer avec ce premier roman qui part à la découverte de la tradition singulière des vierges jurées.
Prenant pour point de départ ce phénomène, Emmanuelle Favier dévie toutefois rapidement sur une histoire qui aborde le genre et l'identité de manière bien plus large. Manushe et Adrian sont deux personnages fort intéressants qui auraient pu être encore davantage développés. En particulier, le récit de Manushe est assez rapidement abandonné au profit de celui d'Adrian, donnant ainsi au roman l'impression d'une cassure un peu trop brusque à mon goût. J'aurais préféré que les deux parcours suivent deux voies parallèles, plutôt que cette imbrication un peu artificielle.
De cette lecture, je retiens également le style très imagé d'Emmanuelle Favier, s'approchant presque de la fable. Appréciant de plus en plus les textes rudes, sans fioritures, j'ai ici su apprécier les belles tournures, même si j'avoue également avoir parfois trouvé l'écriture trop ampoulée. Les fans d'auteurs comme Carole Martinez ou Véronique Ovaldé devraient toutefois y être plus sensibles.
Un premier roman réussi qui a su m'emmener jusque dans les Balkans grâce à une atmosphère aux apparences feutrées qui dissimule pourtant une violence extrême. J'ai trouvé le sujet du livre passionnant, peut-être trop pour être simplement satisfaite d'une courte fiction.
Elles ont fait le serment de renoncer à leur condition de femme. En
contrepartie, elles ont acquis les droits que la tradition réserve
depuis toujours aux hommes : travailler, posséder, décider. Manushe est
l’une de ces « vierges jurées » : dans le village des Balkans où elle
vit, elle est respectée par toute la communauté. Mais l’arrivée
d’Adrian, un être au passé énigmatique et au regard fascinant, va
brutalement la rappeler à sa féminité et au péril du désir.
Baignant
dans un climat aussi concret que poétique, ce premier roman envoûtant et
singulier d’Emmanuelle Favier a la force du mythe et l’impalpable
ambiguïté du réel.
FAVIER Emmanuelle, Le courage qu'il faut aux rivières, ed. Albin Michel, août 2017, 214p.
Pour ceux qui aiment: Ce que je sais de Vera Candida de Véronique Ovaldé
Tu rejoins un autre avis que j'ai lu... je l'emprunterai tout de même si je le trouve en bibliothèque, le thème est intéressant.
RépondreSupprimerOui, l'existence de ces vierges jurées est passionnant. N'hésite pas à l'emprunter, même si ce n'est pas mon coup de coeur de l'année, c'est un bon moment de découverte.
SupprimerArgh je constate que les billets précédents sont de 2016? Merci de parler d'Ovaldé et Martinez, je sens qu'il n'y a pas priorité pour ce roman, alors. ^_^
RépondreSupprimerLes billets précédents de 2016?
SupprimerOvaldé, pour moi on est vraiment dans le même style: j'ai toujours l'impression de rester un peu en surface avec elle, de rester au niveau de l'ambiance plutôt que de plonger dans le sujet passionnant du roman. Et ben là, pareil!
Des avis vraiment très différents sur ce roman.
RépondreSupprimerAs-tu lu des avis vraiment enthousiastes ou très mauvais?
Supprimerle nombre de pages est un critère de choix pour moi !!!! Et tu le compares à Vera Candida (grosse très grosse envie de le lire là !). Pourquoi pas, alors ?
RépondreSupprimerSi tu as aimé Vera Candida, je pense qu'il y a des bonnes chances de te plaire. Fonce!
Supprimerj'ai beaucoup aimé ce livre
RépondreSupprimerCurieuse de voir ce que l'auteure publiera ensuite.
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