Les Douze Portes dans la maison du sergent Gordon de George Makana Clark

Rentrée Littéraire 2015

Pour ceux qui aiment: une version africaine et beaucoup (beaucoup) plus sombre et ardue de Le coeur cousu de Carole Martinez

C'est une histoire qui commence par la fin alors que la mort a rattrapé le sergent Gordon. Un homme qui s'éteint alors que meurt également la Rhodésie et que nait la nouvelle nation zimbabwéenne.
C'est surtout le récit d'une vie, raconté à travers quelques étapes clés, comme douze portes donnant sur le destin de Gordon: le travail forcé dans les mines de cuivre, son adolescence dans une institution pour garçons difficiles, son enfance auprès d'un père méfiant et d'une mère silencieuse, jusqu'à sa naissance chaotique. Douze chapitres de vie qui nous font remonter progressivement ce parcours initiatique jusqu'au secret de ses origines.

Qu'est-ce qu'il est difficile de parler de ce roman, que l'on peut sans peine décrire comme exigeant: 

Exigeant par sa forme: le récit étant à rebours, chaque nouveau chapitre éclaire le précédant d'un jour nouveau et apporte certaines réponses. Une confusion pas toujours facile à appréhender et une fois le roman terminé, on a presque envie de tout reprendre depuis le début pour enfin mieux comprendre le parcours du sergent Gordon. Une construction stylisée donc mais qui exige pas mal d'efforts de la part du lecteur.

Exigeant par son contenu également: si l'histoire de la Rhodésie défile en filigrane, il n'est pas nécessaire d'être un as de ce pays pour suivre le destin de Gordon. Cependant, il faut accepter de plonger dans un univers fait de légendes, de fantômes et de devins. Dans ce sens, Les Douze Portes dans la maison du sergent Gordon est un récit très proche du conte africain, et j'avoue que malgré les origines en partie xhosas de l'auteur, je ne m'attendais pas à ce que cet aspect soit aussi présent.

Ces deux exigences surmontées, le lecteur découvre une belle réflexion sur les origines et sur le destin des hommes, sur les valeurs et l'importance des traditions. C'est perturbant, pas toujours facile à suivre, pas toujours palpitant non plus, mais George Makana Clark signe ici à mon avis un roman à part et dont on ressort un peu hébété.

Je n'ai qu'un mot: déroutant!

Voici l’histoire d’un homme qui commence par la fin, et l’histoire d’un pays qui connaît un nouveau départ. Le pays, c’est la Rhodésie, qui devient le Zimbabwe. L’homme est le sergent Gordon, dont la dépouille repose enfin en paix. De profundis s’élève le récit de ses années sur terre. Un chant puissant et ravageur qui conte à rebours le destin d’un damné : les années en enfer dans la prison d’une mine de cuivre, l’armée et la guerre dans un pays ensorcelé, l’adolescence rebelle entre les murs d’une institution religieuse pour délinquants, l’enfance éclatée, l’initiation, la naissance, le secret des origines…

George Makana Clark est né et a grandi au Zimbabwe ; il a des origines britanniques et xhosa. Il vit et enseigne aujourd’hui le creative writing à l’université de Wisconsin-Milwaukee.

Merci à Babelio et aux éditions Anne Carrière pour l'envoi de ce roman. 

MAKANA CLARK George, Les Douze Portes dans la maison du sergent Gordon, ed. Anne Carrière, août 2015, 320p., traduit de l'anglais (Zimbabwe) par Cécile Chartres et Élisabeth Samama
MAKAN CLARK George, The Raw Man, ed. Jonathan Cape, 2011 


Commentaires

  1. ça semble particulier tout de même. Un cerveau en pleine disponibilité doit être nécessaire !

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    1. C'est exactement ça. La structure du livre fait qu'il faut vraiment avoir les idées claires et un cerveau complètement disponible (pas de lecture en parallèle) pour suivre... Mais il y a du bon!

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  2. Je suis bien tentée par le côté "roman à rebours", qui sort de l'ordinaire, déroutant, et en même temps, je suis inquiète de l'univers "fantômes et devins", pas trop mon créneau. Je me le note dans le doute mais ce ne sera pas pour tout de suite, c'est sûr. Pas la tête à du trop exigeant.;-)
    (en passant, j'ai commencé Rebecca, je me régale !)

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    1. Le côté fantômes et devins est présent mais dans le contexte de la culture et des croyances africaines. Ce n'est pas du tout fantastique, hein, ça reflète simplement la manière de penser de ces populations. A mon avis, tu peux tenter le coup mais je n'en ferais pas une priorité...
      Par contre pour Rebecca, promis, je me le note pour 2016 ;-)

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