Le vent amènera la pluie de Michel C. Thomas, illustré par Denis Monfleur

A la sortie d’un bal de campagne, la voiture conduite par un fils de paysan se retourne et tue le passager, un vagabond hippie qui passait dans la région. Pour éviter le scandale, le père décide de faire passer le mort pour son fils et ramène ce dernier à la ferme. 


Le vent amènera la pluie démarre sur ce coup de bluff d’un père qui va faire porter l’énorme poids de ce secret à toute sa famille jusqu’à l’implosion. Une idée forte et sombre qui sert de base à cette nouvelle d’une soixantaine de pages écrite par Michel C. Thomas et illustrée de gros traits rouge-sang par l’artiste-sculpteur Denis Monfleur. Sous forme de confessions, le père et la mère livrent tour à tour le déroulement de ces quelques jours d’enfer et de dissimulation. 

Il y a beaucoup de rudesse dans ce texte sombre, histoire d'un drame familial qui laisse peu de place aux sentiments mais en provoque beaucoup chez le lecteur. L’écriture de Michel C. Thomas, qui se rapproche d’un parler bourru, direct et campagnard, surprend au début, mais on entre petit à petit dans ce huis clos à deux voix. Les illustrations de Denis Monfleur collent totalement à l’ambiance du récit mais j’ai moins apprécié les gravures plus figuratives. La multiplication des notes très détaillées m’a également un peu ennuyée et, à mon avis, elles distraient le lecteur plus qu’elles n’apportent à l’intrigue. Malgré ces quelques points et passées les toutes premières pages un peu brouillonnes, l’intrigue se met en place et tous les détails s’imbriquent parfaitement; on avance en apnée dans le récit, craignant une fin qui parait pourtant inéluctable. 

Le côté très sombre de cette nouvelle, plus en allusions qu’en violence directe, ne plaira certainement pas à tout le monde. Il serait pourtant dommage de se priver de la découverte de ces quelques pages originales, formant une sorte de roman rural noir et psychologique.

Au retour d’un bal, un fils de paysans, accompagné d’un jeune vagabond monté avec lui dans la voiture, a un accident. Le passager est mort. Mû par une peur irraisonnée du scandale, le père décide de faire croire que c’est le fils qui est mort. S’ensuit une inexorable plongée dans le mensonge, premier rouage d’un engrenage fatal qui conduit au drame.

Dans un dispositif qui s’apparente à des aveux, le père et la mère racontent à tour de rôle l’enchaînement des événements. Et le lecteur de tenter de reconstituer, ébahi, le fait-divers qui se dessine au fil des pages. 

L’ironie mordante de Michel C. Thomas, nourrie de multiples références littéraires, nous fait sans cesse osciller entre effroi et humour noir.

 

C’est avec le geste du sculpteur que Denis Monfleur s’empare de la matière exacte de l’histoire. La puissance de ses bois gravés fait écho à la violence poétique du texte de Michel C. Thomas.

Pour vous faire une meilleure idée du style et des illustrations, vous pouvez lire un long extrait de cette nouvelle ici.  

Lecture qui s’inscrit dans le mois de la nouvelle de Flo.

Je remercie également Libfly et les éditions du Chemin de fer qui m’ont fait parvenir cette nouvelle dans le cadre de l’opération La voie des indés 2013. 

De manière plus générale, je ne connaissais pas du tout cet éditeur mais j’aime beaucoup l’idée de ces textes illustrés par des artistes contemporains. La mise en page et l’assemblage des feuilles sont très soignés et forment comme un petit cartable de poche au papier de qualité. Les éditions du Chemin de fer sont constituées en association à laquelle vous pouvez adhérer en échange d’éditions limitées et numérotées des publications de l’année. Pour plus de renseignements, c’est par ici.

THOMAS Michel C., Le vent amènera la pluie, illustré par MONFLEUR Denis, coll. Voiture 547,  ed. du Chemin de fer, mars 2013, 64p. 

Commentaires

  1. Une nouvelle avec illustrations, je note pour cette originalité.

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    1. C'est une idée très sympa en effet. Je vais garder un oeil sur les autres publications de cet éditeur...

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  2. Rien que le titre, c'est déjà très tentant !

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    1. L'auteur parsème les pages de belles métaphores tout en utilisant un style "campagnard". C'est assez intéressant...

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  3. J'avais dit que je ne notais plus rien, mais là tu titilles ma curiosité. Et en plus si c'est court....

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    1. Ca se lit en moins d'une heure, promis! Et pour ne plus rien noter, je crois que la seule solution est de bloquer ton accès aux blogs ;-)

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