Résumé tardif de ma visite au Salon du Livre de Genève

Les semaines défilent tellement vite que je n'ai même pas encore eu le temps de vous parler de ma petite visite au Salon du Livre de Genève, le samedi 2 mai. Et pourtant, j'y tiens à ce billet car après plusieurs années de déception, j'y ai cette fois-ci passé une très bonne journée.


Ces dernières années, j'ai beaucoup râlé sur le côté fourre-tout du Salon, entre stands formation, expositions d'art, associations palestiniennes ou de bouddhisme zen. Alors pas de grande révolution non plus: l'espace formation est toujours là, celui des associations aussi mais de manière générale, j'ai trouvé que chaque espace était mieux délimité et qu'on pouvait bien se cantonner aux espaces qui nous intéressaient vraiment.

Si les stands d'éditeurs se font de plus en plus rares, l'organisation par thèmes (voyages, scène du crime, cuisine, BDs, développement personnel, africain, etc) commence à réellement prendre forme. S'il est plus difficile pour moi parfois de retrouver un livre dont je connais l'éditeur, ou une collection que j'aime particulièrement, chaque espace invite cependant à la flânerie. J'aime aussi beaucoup l'Espace Suisse qui donne un joli coup de projecteur à la diversité de la production helvétique bien trop souvent ignorée.

Cette année, ayant un peu plus de temps, j'ai aussi participé à plusieurs débats. J'ai même eu de la peine à faire mon choix dans le joli programme préparé par les organisateurs.

J'ai ainsi assisté au débat "Critique littéraire: l'édition roman est-elle maudite?" sur le rôle des critiques littéraires dans la promotion de la production littéraire suisse. Le rôle important des attachés de presse des grandes maisons parisiennes a été évoqué et les critiques littéraires du Temps, de la Tribune de Genève et de l'Hebdo ont admis que ces intermédiaires pouvaient parfois orienter leur choix parmi la soixantaine de livres reçus chaque jour à la rédaction. Mais comme le déclare Eleonore Susler du Temps, il est bon que la production romande se confronte au reste de la production francophone et ne soit pas enfermée dans une bulle. Marianne Grosjean de la Tribune de Genève a également rappelé que les critiques littéraires étaient avant tout des journalistes et pas des vendeurs de livres, et qu'eux aussi doivent répondre aux désirs de leurs lecteurs.

Durant le débat "Qu'est ce qu'on gagne à gagner des prix?", j'ai écouté avec intérêt l'expérience d'auteurs et éditeurs sur les conséquences d'un prix littéraire. Alexis Jenni  a ainsi expliqué que son Prix Goncourt 2011 lui avait avant tout acheté du temps pour écrire ses autres livres et apporté des contacts lui permettant de se lancer dans des projets plus risqués. Il a ainsi vu son prix moins comme un aboutissement que comme un début.  
Caroline Couteau, directrice des éditions Zoé, a admis que les éditeurs planifiaient la sortie de certains livres avec la sélection des prix en tête. Malgré la multiplication des prix littéraires (environ 1000 prix décernés par an pour les livres en français), un prix reste un moyen de sortir du lot des 500 livres de la rentrée, dont seuls 40-50 seront réellement mis en avant par les critiques.  Elle a aussi salué le rôle des prix du public ou de médias comme le Prix ELLE dont le sérieux l'a impressionnée.
Marcelin Vema, directeur des éditions africaines Clés, a regretté les difficultés d'accès des auteurs africains édités en Afrique dans la course au prix.
Jean-Michel Olivier, lauréat du Prix Interallié 2010, a lui souligné le rôle des éditeurs et de leur réseau afin d'accéder aux sélections des prix littéraires. Le prix pour lui permet d'être découvert par les lecteurs qui lisent ensuite les autres oeuvres de l'auteur primé.
Enfin, Guillaume Rihs, lauréat du Prix des écrivains genevois 2015, a expliqué que ce prix lui avait tout simplement permis de trouver un éditeur car, fait surprenant, il est devenu lauréat avec un manuscrit.

J'ai également suivi une partie du débat "Le Valais, mes passions" avec Bastien Fournier, Jérôme Meizoz et Alain Bagnoud. J'ai aimé l'intervention de ce dernier qui combattait le terme de "littérature du Valais" et préférait parler d'une anthologie de ce que le Valais inspire aux auteurs, pour éviter de limiter les auteurs Valaisans à un modèle décrivant ce qu'ils doivent faire ou penser.

J'ai passé le reste de ma journée à déambuler, discutant quelques minutes avec les sympathiques Jérôme Meizoz (dont le roman Haut Val des loups trône au somment de ma PAL) et Max Lobe qui devrait bientôt publier son nouveau roman. Au contraire de 39 rue de Berne et La Trinité bantoue, il aura apparemment pour carde l'Afrique et un contexte plus historique. Je me réjouis! Je me suis également arrêtée chez Tom Rob Smith, étonnée par l'absence de queue. J'aurais pensé que la sortie du film Enfant 44 lui aurait amené plus de fans. De manière générale, la liste des auteurs invités reste mon petit point négatif. Je la trouve quand même plus pauvre que celle du Livre sur les Quais de Morges par exemple, une manifestation pourtant plus petite et gratuite (mais qui jouit de la vue sur le lac plutôt que des halles de Palexpo, ceci expliquant peut-être cela).

Un détour encore par l'exposition des très belles photos de Matthieu Ricard sur l'Himalaya. Ce dernier était d'ailleurs de visite au Salon ce jour-là et j'ai été hallucinée par la foule qu'il drainait.

Enfin, exténuée par cette journée, j'ai bien sûre trouvé le courage de me rendre sur le stand des soldes des livres anglais, d'où je suis repartie, comme d'habitude, avec une pile impressionnante de livres:


1. Malavita de Tonino Benacquista: acheté pour mon homme mais ça pourrait m'encourager à enfin le lire en français. 

2. Un petit Granta sur le thème du voyage avec pleins d'auteurs alléchants. 

3. Red Tape and White Knuckles de Lois Pryce: sur une traversée de l'Afrique en moto par une nana qui a l'air d'en avoir. 

4. Joseph Anton de Salman Rushdie: tentatrice à l'époque, j'ai nommé Keisha.

5. The Pinecone de Jenny Uglow: pour  compléter notre collection non-fiction de cet auteur. 

6. Dirt de David Vann: alors que je n'ai même pas encore lu Sukkhwan Island. No comment!

7. We are all completely besides ourselves de Karen Joy Fowler: impossible de résister après les billets de Cuné, Cathulu et Keisha. D'ailleurs, il figure en bonne place au sommet de ma PAL celui-là.

8. The Lowland de Jhumpa Lahiri: pas franchement convaincue mais comme il a été longlisté par le Booker en 2014, je me dis que ça peut valoir le coup d'oeil. 

9. Et un petit Underwater dogs de Seth Casteel: si vous ne connaissez pas le travail de ce photographe, allez guigner sur son site. Certaines photos sont assez énormes. 

Et voilà, à l'année prochaine, du 27 avril au 1 mai 2016!


Commentaires

  1. Belle édition pour moi aussi - refait le plein de livres, et participé à deux dictées!

    Quelques images de celle de L'Hebdo: http://www.hebdo.ch/photos/la-dict%C3%A9e-de-lhebdo-%C3%A9crite-par-darius-rochebin

    Nous ne nous sommes pas croisés; heureux que tu aies passé une bonne journée à Palexpo. Je suis assez content aussi de voir qu'il y a une sorte de recentrage du Salon sur son produit clé... le livre! Il fut un temps où c'était terriblement fourre-tout, avec musique, etc. Je me souviens même d'avoir chanté un karaoké dans ce cadre, en 1996...

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    1. Toutes mes félicitations pour ce premier prix Daniel!!! Je suis passée vers 15h30 sur le stand de l'Hebdo mais je suppose que la dictée était déjà finie. Du coup, je t'ai loupé; dommage mais on peut remettre ça à l'année prochaine.
      Et le karaoké, ha ha ha, j'ai dû louper ça ;-)

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  2. Merci! Un salon avec de bons débats. J'imagine le côté fourre tout d'avant... ^_^
    Excellents achats (enfin, ceux que j'ai lus, je peux dire), n'oublie pas Benacquista!(en français, tant qu'à faire)

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    1. Oui, ces dernières années, c'était vraiment du grand n'importe quoi mais on va dans la bonne direction.
      Et pour les achats, je sens que certains ne vont pas faire trop long dans ma PAL ;-)

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  3. Il est drôlement chouette ton compte rendu, et je trouve ça passionnant ce que tu nous rapportes des conférences (même si oui on se doute que les éditeurs calculent leur sortie en fonction des prix), j'aime beaucoup ce qu'a dit Jenni (le Goncourt comme un tremplin plutôt qu'un aboutissement) même si je n'avais pas été emballée par l'Art Français de la guerre.
    Chouette billet
    Merci

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    1. Les conférences auxquelles j'ai assisté étaient vraiment chouettes et j'espère que le programme de l'année prochaine sera aussi alléchant.
      Merci en tous cas pour ton commentaire Galéa!

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  4. On s'y croirait! Merci de nous faire partager tout cela!

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    1. Merci Eimelle pour ta visite et ton gentil commentaire. A bientôt!

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