Kosaburo, 1945 de Nicole Roland

Pour ceux qui aiment: Nagasaki d'Eric Faye

Suite à la désertion de son frère, la jeune Mitsuko prend sa place et s'engage comme pilote dans l'armée de l'empereur du Japon afin d'éviter le déshonneur à sa famille. Elle rejoint ainsi à l'entraînement Kosaburo, l'homme qu'elle aime secrètement. Soumis à la propagande et à un entrainement intensif, les jeunes gens se dévouent totalement à la défense de l'empereur et de leur pays, en pleine débâcle face à l'avancée de l'armée américaine. 

Pour son premier roman, Nicole Roland part à la rencontre des kamikazes japonais et suit leur processus d'embrigadement. Comment, en effet, ne pas s'interroger sur ces jeunes gens, souvent étudiants et issus de la bonne société japonaise, qui ont donné leur vie pour la cause, se sacrifiant pour leur empereur. Ce court texte n'a évidemment pas pour ambition de répondre à cette question mais à travers le parcours de Mitsuko et de Kosaburo, l'auteur offre de belles réflexions sur l'honneur et le sacrifice. 

J'ai aimé suivre l'évolution de leur pensées et états d'esprit, de la détermination à se comporter selon le légendaire code des samouraïs, à la réalisation que le don de leur vie ne servait qu'une cause perdue. L'ensemble sonne juste et l'auteur évite toute caricature grâce à son écriture toute en retenue "japonaise" (malgré sa nationalité belge). 

Kosaburo, 1945 est un récit touchant, au sujet dur et tragique mais qui exalte pourtant beaucoup de douceur et de tendresse. Un bon premier roman et une plume délicate que je serai heureuse de retrouver à l'avenir.

"J'avais ouvert le cockpit, l'air marin montait jusqu'à mes narines, je fermai les yeux. Je voyais les autres, mes compagnons, ceux qui étaient morts avant moi, ceux qui avaient quitté leurs hautes écoles, leurs universités pour ceindre leur front du bandeau du kamikaze. J'entendais leurs voix, leurs rires, et maintenant ce silence. Je les revoyais sur une photographie prise avant leur départ. Casques d'aviateur, lunettes ramenées sur le front, aucun d'eux ne souriait. Ils allaient mourir. Ils le savaient. Certains semblaient farouchement déterminés, d'autres, songeurs, portaient encore sur leur visage la marque de l'enfance. Leurs fantômes me rejoignaient et me demandaient des comptes. Il fallait que je meure."

Nicole Roland est professeur de lettres en classe de terminale à Namur, en Belgique. Elle a créé un théâtre universitaire et l'a animé durant vingt ans. Elle est mère de trois enfants. Kosaburo, 1945 est son premier roman.

Lu grâce à la plateforme Alphalire.

ROLAND Nicole, Kosaburo, 1945, ed. Actes Sud, février 2011, 148p. 

Commentaires

  1. Je l'ai commencé et n'ai pas accroché du tout... Peut-êre la lecture sur écran qui n'a pas réussi à ce roman.

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  2. @Kathel: C'est vrai que c'est plus un livre .... j'allais dire "doudou" mais vu le thème, ce n'est pas vraiment ça. Mais effectivement, la poésie du récit ne convient probablement pas très bien à la lecture sur écran.

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  3. C'est vrai que dans les deux livres, on sent une retenue qui se veut japonaise et pourtant, ce n'est pas ça. Je ne sais pas comment l'expliquer. Sans doute, parce qu'elle n'est pas naturelle ?

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  4. @Manu: Je comprends tes réserves. N'étant pas fan de littérature japonaise, cet aspect "artificiel" m'a probablement moins gênée.

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  5. Le sujet ne me tente pas, malgré son intérêt.

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  6. Lisez "les veilleurs de chagrin", son second roman. Superbe!

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  7. @Alex: Je suis sûre que ce n'est pas les autres tentations qui manquent en ce moment ;-)

    @Sky: J'ignorais que son deuxième roman était déjà sorti. Sujet lourd mais intéressant les charniers du Kosovo. Je vais aller voir tout ça de plus près. Merci pour l'information.

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