La Trêve de Saïdeh Pakravan

Une journée sans aucun crime, délit ou même décès: c'est l'étrange expérience que va vivre l'inspecteur Simon Urqhart. C'est le calme plat au commissariat, jusqu'à ce que les gens commencent à s'inquiéter puis à se réjouir du manque de violence. Très vite le phénomène, baptisé la Trêve, est sur toutes les lèvres. Va-t-elle durer ou n'est-ce que le calme avant la tempête?

De cette idée de départ originale et très tentante, Saïdeh Pakravan, auteur franco-américaine, tire un roman sympathique. Utilisant le fil rouge de la trêve, elle construit une quinzaine de mini nouvelles, de situations presque classiques qui remplissent les pages de faits divers de nos quotidiens et qui se finissent ici étonnement bien, par un retournement soudain de situation. Au fil des heures qui rythment les chapitres du roman, la femme battue fait ses bagages devant son mari violent et passe la porte sans encombre, le braqueur s'enfuit sans exiger son dû, etc. 

Si j'ai beaucoup aimé l'idée du roman, j'ai trouvé la répétition du schéma un peu ennuyeuse sur la deuxième moitié du livre (de plus de 400 pages tout de même). Les personnages et les situations m'ont également paru un peu trop stéréotypés, bien que je comprenne l'envie de l'auteur de nous présenter des scènes "familières" (enfin, pas personnellement j'espère). Il manque à mon goût un peu de profondeur au roman, dont l'ambiance fait ici un peu penser à un épisode de Desperate Housewives. L'auteur reste au niveau de la scénette et passe à côté des réflexions plus philosophiques et poussées qu'un tel phénomène ne manquerait pas de provoquer.

Sympathique donc, mais trop superficiel et "gentillet" à mon goût pour en faire une lecture mémorable!

Que se passe-t-il lorsque plus rien ne se passe ?

Plus aucun crime, plus de violence, plus de suicides, plus de crises cardiaques, de viols, de meurtres, d'accidents de voiture, d'agressions. Plus d'appels dans les commissariats, et les urgences des hôpitaux restent vides. La foule enthousiaste danse dans les rues, s'embrasse et scande : « Trêve éternelle ! » Pourtant, deux individus sont hantés par une question : la trêve va-t-elle durer, et si oui... jusqu'à quand ?

À travers le destin prodigieux de ses personnages,
La Trêve nous fait vivre vingt-quatre heures aux États-Unis, dans la vie d'un pays transformé en... miracle ? conspiration mondiale ? terrain de jeu extraterrestre ?
Quelle que soit la réponse, Saïdeh Pakravan, l'auteur-monde, nous montre une réalité sans fard, peut-être éloignée de notre quotidien, mais qui est bel et bien la nôtre...

Je remercie les éditions Belfond pour l'envoi de ce roman et je m'excuse de la très longue attente pour la publication de ce billet, resté croché dans mes brouillons.

PAKRAVAN Saïdeh, La Trêve, ed. Belfond, août 2016, 432p. 

Pour ceux qui aiment: La corde de Stefan aus dem Siepen en plus léger avec un petit quelque chose de Marc Lévy; Les perroquets de la place d'Arezzo d'Eric-Emmanuel Schmitt pour la construction.


Commentaires

  1. Dommage qu'on finisse par se lasser et que ça devienne vite redondant. L'idée de ce roman me plaisait bien aussi, j'étais même prête à le noter ! Bon, ce n'est pas ma PAL qui se plaindra.;-)

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    1. Oui, l'idée de départ était vraiment bonne mais l'auteur ne réussit pas à mon avis à maintenir le suspens sur toute la durée. Pas un indispensable à mon avis, tu auras sûrement de quoi te sustenter avec autre chose sous le sapin ;-)

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  2. C'est vrai que l'idée de départ était tentante.

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    1. Oui. Peut-être que sous forme de nouvelles assumées, cela aurait mieux passé???

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  3. Une idée originale mais pas assez poussée ? Tu devrais lire "Le bouclage" de Vladimir Volkoff. L'idée est un peu différente (et assez répressive) : "boucler" un quartier chaud d'une ville espagnole pour arrêter tous les malfrats pris au piège. Cela donne lieu à plein de réflexions sur la nature humaine, la difficulté à séparer le bien du mal, et il y a une galerie de personnages hauts en couleur!

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    1. Woaw, la thématique a en effet l'air passionnante. Je vais aller voir ça de plus près. Merci du conseil et désolée pour ma réponse tardive ;-)

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  4. J'avais beaucoup aimé, je ne me souviens pas m'y être lassé;

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    1. Un peu trop superficiel à mon goût, mais cela reste une lecture sympathique.

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