Rosa dolorosa de Caroline Dorka-Fenech

Après des années de travail acharné, Lino et sa mère Rosa sont à deux doigts de réaliser leur rêve commun: ouvrir un hôtel dans le vieux Nice. Mais quelques jours avant le début des travaux, Lino est soudainement arrêté par la police et accusé d'un crime monstrueux. Convaincue de l'innocence de son fils adoré, Rosa va tout faire pour le faire sortir de prison et reprendre le cours de leur vie d'avant.

Le premier roman de Caroline Dorka-Fenech, Rosa dolorosa, se classe volontiers dans la catégorie page turner: plume dynamique qui coule toute seule, intrigue efficace, rythme soutenu et sujet qui buzze. Rosa dolorosa se dévore avec avidité, son lecteur comme happé et impatient d'en connaître le dénouement. 

Une fois les presque 300 pages avalées, une fois le tout digéré, je n'ai quand même pas pu m'empêcher de noter quelques clichés qui parsèment ce roman: la mère monoparentale, louve italienne qui défend avec une fougue toute latine son petit contre le passif familial violent. Ce personnage de la mère excessive qui à la fois étouffe et porte envers et contre tout son enfant, j'ai eu l'impression de le lire des centaines de fois. A l'opposé, le personnage de Lino reste très en retrait alors que les autres protagonistes m'ont paru moins crédibles, un peu forcés par un désir de diversité avec le cuisto arabe, la serveuse polonaise, le flic d'origine asiatique. Une inclusivité amenée à grosses louches mais un désir de sortir des clous louable tout de même. 

La formation de scénariste de l'auteure est vraiment évidente et fait de Rosa dolorosa un plaisir coupable comme le téléfilm de l'après-midi sur M6, moulé selon une recette gagnante confirmée, et qu'on ne peut cependant pas lâcher. 

Une rencontre de lecteurs avec l'auteure m'a cependant fait réaliser que certaines facilités que j'avais trouvées au livre avaient des origines plus profondes que je ne l'avais imaginé. J'ai trouvé intéressant par exemple d'apprendre que la genèse du livre était inspirée par des faits réels survenus dans la famille de l'auteure et que certaines grosses ficelles que j'avais vues au roman étaient en fait en partie autobiographiques. J'ai aimé également parcourir avec l'auteure les références presque religieuses du roman à cette mère douleure, qui souffre dans sa chair pour son fils jusqu'à lui sacrifier sa vie. Cette rencontre m'a ainsi fait entrevoir un roman plus profond et plus travaillé (10 années de travail tout de même) qu'originellement ressenti lors de ma lecture express. 

Style épuré et fluide, lecture haletante, intrigue digne d'un scénario, c'est déjà franchement pas si mal pour un premier roman, malgré quelques facilités. Rosa dolorosa m'a parfois fait penser à La Vérité sur l'Affaire Harry Québert et vu le succès de ce dernier, c'est tout le 'mal' que je souhaite à Caroline Dorka-Fenech. A l'approche de l'été, il mérite une mention dans votre liste de vacances, surtout avec sa récente récompense au Festival du Premier Roman

Dans les rues serpentines du Vieux-Nice, Rosa déambule au bras de son fils, Lino. Ensemble ils rêvent de posséder un hôtel dans lequel un immense aquarium accueillerait des méduses. À peine dix-neuf ans d'écart, ils forment un duo inséparable. Jusqu'au jour où Lino est arrêté et emprisonné pour le meurtre d'un enfant. Pour Rosa, l'innocence de son fils est incontestable.
Dans un ballet d'images charnelles, poétiques, la mater dolorosa se lance dans une quête sublime et dévorante. Mais jusqu'où l'amour maternel peut-il conduire ?

Née en 1975, Caroline Dorka-Fenech, diplômée de lettres modernes et de l'Atelier scénario de la FEMIS, a travaillé comme lectrice de scénarios, script doctor et enseignante.
Rosa dolorosa, son premier roman, est le fruit d'un travail de dix ans.

DORKA-FENECH Caroline, Rosa dolorosa, ed. de la Martinière, août 2020, 288p.

Commentaires

  1. Je l'ai noté pour l'emprunter à la bibliothèque, il me plairait, je pense...

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    1. Il a plu à beaucoup de lecteurs et moi-même, je l'ai lu d'une traite mais il m'a manqué un chouia de profondeur.

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  2. C'est vrai qu'il y a quelques clichés, mais finalement, cela na pas gêné ma lecture.

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    1. C'est exactement cela. Après, je ne le classerai pas non plus dans les indispensables.

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  3. Une ambiance niçoise? Cela doit avoir un goût de vacances... :-)

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    1. Pour le coup, ça ne donne pas vraiment envie d'être en vacances à Nice mais ça fait voyager quand même (on devient moins difficile niveau évasion depuis quelques temps ;-))

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