Wolf Hall (Le Conseiller) d'Hilary Mantel
Pour ceux qui aiment: A Man for All Seasons de Robert Bolt (histoire d'avoir une autre vue sur les deux Thomas)
1527: A la cour d'Henry VIII, tout bascule. Devant l'incapacité de la Reine Catherine d'Aragon à lui donner un héritier mâle, le Roi tente d'obtenir le divorce auprès du Pape, afin d'épouser Anne Boleyn dont il est tombé éperdument amoureux. Avec l'arrivée des Boleyn dans les grâces du Roi, le pouvoir change de camp aux dépends du chancelier, le cardinal Wolsey. C'est pourtant le bras droit de ce dernier, Thomas Cromwell qui va peu à peu émerger et devenir indispensable à la marche des affaires royales.
Wolf Hall est le premier tome de la fameuse trilogie (troisième tome en cours d'écriture) aux deux Booker Prizes d'Hilary Mantel consacrée au personnage si énigmatique de Thomas Cromwell. Ce premier tome couvre la jeunesse de Cromwell, jusqu'aux années 1535, relatant ainsi la chute du cardinal Wolsey et l'ascension d'Anne Boleyn, la deuxième femme d'Henry VIII.
Comment parler d'un roman aussi foisonnant, aussi riche, aussi abouti? Hilary Mantel reprend la genèse de Thomas Cromwell, à la réputation sombre et austère, pour en faire un personnage passionnant et brillant; un homme mystérieux, à la mémoire exceptionnelle, fidèle envers ses amis mais fin stratège. Au passage, l'auteur fournit un énorme travail historique, où, si l'on reste dans la fiction, chaque détail, chaque rencontre est au moins probable. A travers les ragots de la cour et les murmures londoniens, le lecteur est totalement immergé dans la société de l'époque, du lit du Roi aux marchands d'Antwerp, des intrigues tudoriennes aux querelles religieuses. Lire Wolf Hall, c'est d'abord plonger dans cette atmosphère, se sentir perdu parmi tous les personnages de la cour, y prendre peu à peu ses marques et suivre le destin fabuleux de Cromwell, fils d'un maréchal ferrant devenu conseiller du Roi. Mantel y décrit avec autant de talent la rivalité entre Thomas More et Cromwell, l'art d'Hans Holbein ou les tortures du bûcher.
Vous l'aurez compris, j'ai beaucoup aimé cette lecture, mais j'ai également bien sué. Hilary Mantel fait confiance à son lecteur et refuse toute simplification. Il n'est parfois fait qu'allusion à certains faits de l'histoire anglaise, l'auteur assumant en effet que ceux-ci sont aussi familiers pour le lecteur que pour les personnages de l'époque. J'étais pour ma part heureuse d'avoir Mr. Z, plutôt calé en histoire british, à disposition. Ajoutez à cela un style extrêmement travaillé, une construction des dialogues parfois déroutante et vous obtenez une lecture passionnante mais aussi parfois exténuante. Dernier petit bémol: j'ai souvent été parasitée par les images de la série des Tudors alors que les points de vue entre roman et série sont pourtant bien différents.
Une lecture intelligente, riche et palpitante où tout, de l'ambiance aux personnages, de la conformité historique au style, est poussé jusqu'à la perfection; mais une lecture dense, grouillante de détails et de personnages à faire à tête reposée. J'ai beaucoup aimé Wolf Hall, mais je ne peux pas vraiment dire que j'ai passé un bon moment. Je reste impatiente de découvrir la suite et Bring up the Bodies m'attend déjà.
England, the 1520s. Henry VIII is on the throne, but has no heir. Cardinal Wolsey is his chief advisor, charged with securing the divorce the pope refuses to grant. Into this atmosphere of distrust and need comes Thomas Cromwell, first as Wolsey's clerk, and later his successor.
Cromwell is a wholly original man: the son of a brutal blacksmith, a political genius, a briber, a charmer, a bully, a man with a delicate and deadly expertise in manipulating people and events. Ruthless in pursuit of his own interests, he is as ambitious in his wider politics as he is for himself. His reforming agenda is carried out in the grip of a self-interested parliament and a king who fluctuates between romantic passions and murderous rages.
From one of our finest living writers, Wolf Hall is that very rare thing: a truly great English novel, one that explores the intersection of individual psychology and wider politics. With a vast array of characters, and richly overflowing with incident, it peels back history to show us Tudor England as a half-made society, moulding itself with great passion, suffering and courage.
Les éditions Sonatine ont annoncé la sortie de ce premier tome sous le titre Le Conseiller: Dans l'ombre des Tudors pour mai 2013. Curieuse de découvrir comment un tel roman a pu être traduit en français. Je m'interroge déjà sur le titre et la couverture, mais étant en général séduite par le travail de cet éditeur, je ne demande qu'à voir... et à connaitre vos avis (plus aucune excuse Ys ;-)). Vivement le printemps!
MANTEL Hilary, Wolf Hall, ed. Fourth Estate, 2009, 652p.
FELICITATIONS ! Ah que j'ai peiné sur cette lecture et maudit mon manque de tenacité en anglais. J'ai lu une grosse centaine de pages (en poche, police 6, très très serrée) avant de renoncer et inutile donc de te dire que j'ai bondi de joie à l'annonce de la traduction en français. C'est en effet un livre foisonnant, intrigant, tout à fait dans mes cordes. Et comme toi, j'ai pensé tout du long à la série "The Tudors", c'est bien simple : les personnages évoqués dans le livre avaient dans ma tête le physique des acteurs. Ce qui ma foi est plutôt plaisant ici, surtout pour Henry VIII, vraiment plus beau que nature :-)
RépondreSupprimerJ'ai hâte de lire la version française.
Pas fan du bouquin dont tu parles, mais plus de celui que tu attends. J'espère que ce sera une bonne surprise.
RépondreSupprimerMoi aussi je l'ai lu (et adoré !) en vo et je me réjouis (et suis impatiente) de le relire en traduction tout en étant hyper curieuse du résultat. Vivement ! :))
RépondreSupprimerToujours intéressée par lire qqch en rapport avec l'histoire anglaise, donc je note, surtout vu ton enthousiasme. Merci.
RépondreSupprimer@Ys: Je te comprends tout à fait. Je n'ai d'habitude aucune peine à lire en vo mais alors là, pfff, j'ai dû relire certaine page une bonne dizaine de fois.
RépondreSupprimerPour la série, j'avais moi aussi l'image des acteurs en tête, bien plus agréable je te l'accorde pour Henry VIII que les quelques portraits de son vrai-self. Mais ça m'a également un peu gênée, surtout quand le livre prenait une autre direction que la série. Le caractère de Cromwell est complètement différent je trouve et je peinais parfois à me sortir de la tête la série pour vraiment rentrer dans le personnage d'Hilary Mantel. Enfin bref, vraiment curieuse d'avoir ton avis sur la version française.
@Alex: Je suis un peu perdue, parles-tu du deuxième tome Bring up the Bodies ou de Gone with the wind. S'il s'agit de ce dernier, rassure-toi, c'est une excellente surprise, je suis complètement fan ;-)
@Cuné: Ouah, pas sûre de trouver le courage de le relire en français, mais je feuilletterai sans faute quelques extraits. Je n'ai pas trouvé ton billet, en as-tu fait un?
@Lewerentz: Si tu es fan d'histoire anglaise, ça va en effet être dur de résister à ce livre-ci à sa sortie ;-)
J'en avais fait un sur l'ancien blog, supprimé depuis. Mais j'en referai un quand je l'aurai lu en traduction, une comparaison entre les deux ;o)
RépondreSupprimerJe suis très intriguée par ce roman, qui me tente depuis plusieurs mois déjà. Je pensais le lire en anglais (ce qui ne me pose en général pas trop de problèmes), mais l'annonce de la sortie française imminente chez Sonatine (un éditeur que j'adore) vient bouleverser mes plans. Français ? Anglais ? Hmmmmmm.... Je vais attendre un peu, et je me déciderai le moment venu !
RépondreSupprimer@Cuné: J'attends donc tes impressions sur la version française avec impatience...
RépondreSupprimer@Miss Léo: Difficile de te conseiller. Je lis en vo sans problème d'habitude, mais là, le style est quand même assez ardu. Par contre, même si je fais confiance à Sonatine pour présenter quelque chose de qualité, le style de Mantel est justement si particulier que ça vaut la peine d'en profiter en vo... Quoi qu'il en soit, je me réjouis d'avoir ton avis sur ce livre.
J'hésitais entre la version anglaise ou française mais contrairement à toi, j'aime beaucoup la couverture française (la couverture britannique ne me plait pas du tout), donc ce sera en français.
RépondreSupprimer@Valérie: Graphiquement, je préfère également la couverture française. Je trouve par contre qu'elle ne correspond pas vraiment à l'esprit du livre. On a l'impression d'un thriller historique avec ce poignard alors que pour moi, c'est vraiment plus un roman autour du personnage de Cromwell et des relations de pouvoirs de l'époque. Mais je me réjouis de lire ton avis sur le texte en lui-même ;-)
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