Aux Belles Abyssines de Bernard Bonnelle

Pour ceux qui aiment: Un américain bien tranquille de Graham Greene et Les Trésors de la Mer Rouge de Romain Gary

En 1939, à l'aube de la deuxième guerre mondiale, Pierre Jouhannaud est envoyé à Djibouti afin de reprendre le commandement d'un patrouilleur de la marine française, suite à la morte du commandant Alban de Perthes. Ami de jeunesse de ce dernier, Pierre peine à accepter la mort d'Alban et les rumeurs bruissantes de l'amirauté qui accuse Alban de s'être donné la mort pour éviter une mission dangereuse. Naviguant dans la société coloniale djiboutienne et les tensions montantes d'un conflit mondial, Pierre va tenter de reconstituer les dernières heures de son ami. 

Ce roman a été pour moi une belle découverte. J'ai beaucoup aimé le contexte d'une colonie djiboutienne stratégique à l'aube du conflit qui opposera la France aux voisins italiens présents en Ethiopie. Intrigue totalement crédible, ambiance envoutante, j'ai également aimé le style élégant et "authentique" de l'auteur, ancien marin, qui parsème son récit de termes tels que "aussières", "coupée" et "midship". 

"Lorsque le bateau sort du lit du vent, ses voiles, qui étaient gonflées et puissantes, se mettent à fasseyer, tels d'inutiles oripeaux. Ainsi, dès l'instant où je lui appris la mort d'Alban, cette femme se laissa tomber à terre, vaincue, inerte." p. 117

Aux Belles Abyssines est ce que j'appellerais un roman "atmosphérique": une ambiance coloniale réussie, une nostalgie de film noir, des personnages bien campés, une intrigue bien écrite tout en restant relativement simple. Un bon roman dont le seul défaut est peut-être sa brièveté, qui laisse quelques zones d'ombre et des éléments inexploités (ex. Potemkine, la deuxième guerre mondiale). 


Alban se joue des conventions. Pierre, lui, est plus réservé. Lorsqu'ils font connaissance dans le métro parisien, rien ne laisse présager que d'ici quelques années, devenus officiers de marine, ils vont courir le monde à bord de la Jeanne-d'Arc ; ni que leur amitié se prolongera au-delà de la mort. 
À la fin de l'été 1939, Alban est retrouvé sans vie dans sa cabine de l'Étoile-du-Sud, le patrouilleur qu'il commandait à Djibouti, au carrefour de l'océan Indien et de la mer Rouge. 
Désigné pour lui succéder, Pierre arrive dans une ville en état de siège, sous la menace de la guerre imminente. Lui qui connaissait son ami mieux que quiconque refuse de croire ce qui se murmure dans la société coloniale : se sentant incapable de mener une mission périlleuse, il aurait préférer se donner la mort. 
Pour découvrir une vérité qui ne peut être dite, Pierre va devoir emprunter le chemin parcouru par Alban, traquant les indices, rencontrant des purs et des lâches, des ambitieux et des révoltés, des cyniques et des résignés, tous hantés par le souvenir d'une insaisissable silhouette féminine.

Ancien marin, Bernard Bonnelle a navigué à bord de plusieurs bâtiments de combat, de l'Atlantique au Pacifique, de l'océan Indien à la mer Rouge. Aux Belles Abyssines est son deuxième roman. 

Je remercie Babelio et les éditions de la Table Ronde pour ce beau moment de lecture. 

BONNELLE Bernard, Aux Belles Abyssines, ed. La Table Ronde, janvier 2013, 192p

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Commentaires

  1. J'aime bien les romans qui savent dégager une atmosphère.

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  2. Un roman intéressant parce qu'on ne sait pas ce qu'il s'est passé là-bas pendant la 2e guerre mondiale.
    Bonne semaine.

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  3. @Alex: Alors ce livre est fait pour toi, surtout que l'atmosphère en question, Djibouti de 1939, est plutôt originale...

    @Catherine: Le livre ne fait que survoler les combats de la deuxième guerre mondiale, c'est un peu mon regret d'ailleurs. Par contre, il évoque très bien l'ambiance juste avant la déclaration de guerre et la montée des tensions dans ce coin de l'Afrique.

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