Blogoclub consacré à Alice Munro: trois nouvelles

Quand j'ai vu que le Blogoclub de mars serait consacré à la lauréate 2013 du Prix Nobel de littérature, l'enthousiasme n'était pas franchement au rendez-vous. Alice Munro est en effet souvent décrite comme la reine incontestée de la nouvelle contemporaine, un genre que je suis loin d'affectionner. Bref, ça s'annonçait plutôt mal. J'ai bien envisagé de passer mon tour pour ce blogoclub, mais au final, n'est-pas le but de ces clubs de lecture: s'ouvrir à des genres et à des auteurs vers lesquels nous n'irions a priori pas de nous-mêmes? 

J'ai quand même décidé de me la jouer soft et quelques recherches ont suffi à me donner accès à des nouvelles de cet auteur disponibles sur internet. D'ailleurs, si vous lisez en vo, vous trouverez 18 nouvelles en libre accès listées sur open culture. J'ai jeté mon dévolu sur les trois nouvelles suivantes:


Les Dimensions d'une ombre, publiée dans la revue de l'Université de Western Ontario en 1950

Première nouvelle publiée de l'auteur, alors âgée de 20 ans et encore étudiante à l'Université de Western Ontario. Elle abandonnera par la suite ses études après s'être mariée. Les Dimensions d'une ombre suit sur quelques pages Miss Abelhart, une vieille fille de 33 ans, professeur aigrie et solitaire, qui fantasme sur l'un de ses étudiants. 

Un style clair et précis pour un personnage qu'on ne peut s'empêcher de plaindre. J'ai aimé découvrir les premiers écrits de cet auteur, qui paraissent plutôt matures pour une jeune étudiante de 20 ans. Le tout reste cependant trop court pour vraiment réussir à développer la psychologie de ce personnage étrange. 


Gravel, publiée dans The New Yorker en 2011

Une nouvelle sur l'enfance tragique de la narratrice auprès de sa soeur Caro et d'une mère fantasque qui décide de quitter son mari pour un acteur paumé vivant dans une caravane. Un récit assez sombre et désabusé sur des adultes refusant de se comporter comme tels.

J'ai eu de la peine à accrocher à cette nouvelle au style saccadé et au langage enfantin, alors que la narratrice est sensée être adulte au moment du récit. Je n'y ai pas vraiment trouvé d'intérêt particulier; le style m'a paru plutôt commun et les thèmes abordés convenus. 


The bear came over the mountain, publiée dans The New Yorker en 1999

Alors qu'elle a toujours été le moteur de leur couple et de leur vie, Fiona, âgée à présent de 70 ans, commence gentiment à perdre la raison. Grant, son mari, décide donc de l'amener au foyer de Meadowlake. Les pertes de mémoire de Fiona font alors écho aux souvenirs de Grant, qui revient sur leur vie commune et le fossé sentimental qui les sépare peu à peu. 

Des trois nouvelles lues, celle-ci est probablement ma préférée. Je l'ai trouvée pleine de justesse et de sensibilité. Grant et Fiona sont des personnages crédibles, imparfaits, proches de nous. Le récit jongle entre les visites de Grant à Fiona et les réminiscences de celui-ci. Une nouvelle intéressante mais dont la fin m'a paru étrange. 


De manière générale, j'ai trouvé ces trois nouvelles... trop courtes. Et oui, je sais, c'est le but d'une nouvelle mais je ne peux m'empêcher d'éprouver de la frustration. Toutes les trois esquissent des personnages intéressants que j'aurais volontiers suivis sur une bonne centaine de pages. Au final, vu l'absence de développement et le peu d'attachement qui en découle, j'oublierai probablement assez vite mes rencontres avec les personnages d'Alice Munro.  

Décidément, je ne suis pas faite pour le genre de la nouvelle et ne peut donc juger les écrits d'Alice Munro à leur juste valeur. 

Les billets des autres participants, généralement positifs, à retrouver ici.  


Commentaires

  1. J'ai tenté "trop de bonheur" sans succés, beaucoup trop sombre pour moi !

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    1. Oui, les nouvelles que j'ai lues ne sont pas vraiment joyeuses non plus. Trop de misère et de malheurs, je n'ai pas vraiment accroché non plus...

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  2. Je n'ai pas accroché ni à l'univers ni au style d'Alice Munro, mais comme toi, je ne suis pas friande des nouvelles.

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    1. A chaque fois, j'essaie de me dire qu'il est stupide de faire un blocage sur les nouvelles mais vraiment, quand je me lance, je n'y trouve que peu d'intérêt. Le style, difficile à en parler pour moi, car j'ai lu deux des nouvelles en anglais. Ca m'a paru très simple et direct, sans rien de particulier. Bon, au suivant!

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  3. Je vais garder son nom en mémoire, et peut être qu'un jour je me lancerai .. mais plutôt avec un roman, car comme toi avec les nouvelles je suis parfois frustrée par la fin trop rapide.

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    1. Ton choix sera alors bien plus limité: un seul roman écrit par cet auteur... ;-) Mais effectivement, difficile de passer outre quand on est pas faite pour les nouvelles. Quand ça veut pas...

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