Le liseur de Bernhard Schlink

Pour ceux qui aiment: Terminus Allemagne d'Ursula Krechel

Dans l'Allemagne d'après-guerre, Michaël, jeune adolescent de quinze ans, fait la rencontre d'Hanna, une femme rude et mystérieuse de vingt ans son ainée. Très vite cependant, une aventure nait et fait découvrir à Michaël l'amour et la sensualité. Leurs rencontres, faites de rituels répétés au fil des jours, se terminent par la lecture à haute voix de Michaël à l'attentive Hanna.
Plusieurs années se sont écoulées et Michaël et Hanna se sont perdus de vue après ce fol été. C'est pourtant dans des circonstances exceptionnelles, celle du procès de gardiennes d'un camp de concentration, que les deux anciens amants vont se revoir. La suite d'une histoire d'amitié et d'amour qui tente de surmonter tout jugement moral.

De Bernhard Schlink, je n'ai lu jusqu'ici que La Circoncision, dont on retrouve le thème des interrogations allemandes des générations d'après-guerre. Qui est responsable des atrocités de la guerre? Jusqu'à quand? Jusqu'à quelle génération? Peut-on vraiment juger le comportement des protagonistes de la guerre qui vivaient dans un contexte complètement différent? Et qu'aurions-nous fait à leur place?

Beaucoup d'interrogations morales, qui semblent occuper une bonne partie de l'oeuvre de cet auteur. Et je dirais, tant mieux, car Bernhard Schlink est manifestement doué pour créer des intrigues toutes simples mais qui nous questionnent tout au long de la lecture.

J'ai ainsi beaucoup aimé ma lecture du Liseur et les réflexions auxquelles elle amène. Cependant, il m'a personnellement manqué quelque chose pour en faire un grand roman. Peut-être est-ce les rebondissements de l'intrigue un peu gâchés par mes souvenirs du film de Stephen Daldry (que j'avais en passant bien aimé)? Ou alors l'écriture un peu plate de Schlink. Le tout se lit en effet sans effort et avec intérêt mais je ne me suis pas arrêtée sur une phrase flamboyante ou un passage particulièrement bien écrit. 

Au final, Le liseur offre une intrigue percutante pour un bon livre; rien de plus, rien de moins!


Pas de quatrième de couverture cette fois-ci. Ma version Folio détaille presque chaque étape du livre...


Lecture faite dans le cadre du Blogoclub. Les autres billets ici. J'ai encore Le week-end de cet auteur dans ma PAL sur lequel je me pencherai avec plaisir. 

SCHLINK Bernhard, Le liseur, ed. Gallimard, coll. Folio, 1996, 243p., traduit de l'allemand (Allemagne) par Bernard Lortholary
SCHLINK Bernhard, Der Vorleser, ed. Diogenes Verlag, 1995

Commentaires

  1. Un très bon livre oui, qui aborde les cicatrices allemandes de la guerre, toujours vives, de façon très originale.

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    1. Exactement, je trouve que Schlink exprime très bien les difficultés de la population allemande face à ces sujets.
      Il parait par contre que les nouvelles générations d'ados allemands ne se sentent pas plus concernées que ça par ces problématiques. Autant je trouve ça normal, autant cela peut devenir risqué...

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  2. Je suis d'accord : comme je l'ai précisé chez Sylire, c'est l'écriture qui ne m'a pas plu. J'ai trouvé l'histoire intéressante mais la prose assez froide. Il m'a manqué de la rondeur.

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    1. Le côté froid ne m'a pas gênée plus que ça. Ca donne l'impression que Michaël essaye vraiment de se distancier, d'analyser son histoire. Par contre, c'est le côté sans relief et ce manque de rondeur dont tu parles que j'ai vraiment regrettés.

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  3. A moi aussi il a manqué quelque chose...

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    1. Difficile de mettre des mots dessus mais tout en trouvant la problématique passionnante, je n'ai pas été emballée et emportée par l'histoire. Dommage!

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  4. Pas lu le roman, mais j'avais adoré l'adaptation cinématographique.

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    1. L'adaptation est vraiment très très fidèle. Du coup, la lecture du roman est presque superflue, d'autant plus que l'écriture de Schlink n'apporte pas grand chose. T'as vu, j'économise ta PAL ;-)

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  5. Contrairement à toi, j'ai trouvé que Schlink ciselait bien ses phrases :) En tout cas, certains passages m'ont beaucoup parlé, comme lorsqu'il décrit son rêve récurrent... A bientôt pour la prochaine lecture commune de Toni Morrison !

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    1. Je ne me suis vraiment arrêtée à aucun moment sur un passage pour son style... par contre, au niveau réflexion, ça a pas mal cogité et c'est déjà beaucoup.
      Oui, rendez-vous en septembre pour la lecture de Toni Morrison. J'ai pas mal d'a priori sur cet auteur mais c'est justement le but du Blogoclub ;-)

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  6. C'est vrai que le style n'est pas flamboyant mais cela ne signifie pas, pour moi, qu'il est plat. Il se veut froid, analytique, car le jeune homme écrit pour mettre une distance entre lui et son histoire individuelle et collective mais il n'y parvient pas! D'où l'émotion contenue mais parfois vibrante qui donne une coloration nostalgique et triste à ce récit .Enfin, c'est comme cela que je l'ai ressenti! D'autre part si j'ai aimé le film, j'ai trouvé que le roman allait plus loin dans le questionnement si bien que pour moi le livre a été une découverte coup de coeur même après avoir vu le film.

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    1. Je vois ce que tu veux dire et je pense en effet qu'il y a un côté voulu, analytique à ce style. Après, j'avais eu la même impression avec La Circoncision du même auteur donc je me demande si l'auteur prête beaucoup d'attention à son style. Ce n'est pas forcément une critique, surtout quand ses sujets sont si forts.
      J'ai vu le film il y a déjà quelques années mais il me semblait qu'il était tellement fidèle au roman que je n'ai pas vu beaucoup de valeur ajoutée à ma lecture. Peut-être en le revoyant aujourd'hui...

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  7. Je l'avais trouvé très bon ce roman, la flamboyance n'aurait sans doute pas été en phase avec ce qui est raconté. Le film est très bien aussi

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    1. Peut-être pas de flamboyance mais j'aurais voulu être un peu plus emportée par ce récit. La froideur est probablement voulue comme l'analyse Claudialucia mais du coup, j'ai lu ça de manière froide aussi, sans être totalement touchée.

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  8. Lu il y a longtemps mais j'en garde un peu le souvenir de ton ressenti.

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    1. J'ai encore Le week-end de set auteur dans ma PAL. Curieuse de voir si on est dans la même veine.

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  9. J'avais aussi aimé l'interrogation du jeune homme sur ce qui s'est passé dans son pays. Bien traité...

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    1. Très bien traité en effet. Je dois encore lire Le week-end de cet auteur, sur une période plus tardive de l'histoire allemande (la période de la Fraction Armée Rouge). Curieuse de voir comment le sujet sera traité cette fois.

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  10. Ça a été pour moi une de mes grandes lectures quand j'étais ado. Après c'est vrai, je n'ai pas souvenir d'une écriture plate. Il serait intéressant de relire le roman 10 ans plus tard, rien que pour vérifier, maintenant que j'ai découvert bien d'autres grands romans.

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    1. Bon plate, c'est peut-être un peu exagéré; j'aurais pu dire juste rien de spécial au niveau du style. Mais c'est vrai qu'ado, on est peut-être moins sensible à l'écriture, on privilégie l'histoire en elle-même et là, le livre de Schlink est très percutant.

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