L'Aventurière des Sables de Sarah Marquis
En 2002, Sarah Marquis, jeune aventurière suisse, décide de se lancer dans un tour d'Australie à pied et en solitaire. Après avoir pris le départ le jour de ses 30 ans, elle va parcourir 14'000 kilomètres en un peu plus de 17 mois, affrontant des conditions extrêmes: des déserts où les températures s'élèvent à plus de 50 degrés, aux nuits froides; de la sécheresse qui rend l'accès à l'eau incertain, aux tempêtes et orages soudains.
Sarah Marquis jouit d'une certaine notoriété en Suisse et cette aventure australienne en est probablement à l'origine. J'ai suivi de loin ses différentes aventures, à travers les articles de presse et son blog, et quand une amie m'a proposé le livre, ma curiosité a pris le dessus.
Commençons par quelques bémols: il y a pour moi une grande différence entres ce genre de récit d'aventuriers et les textes d'auteurs-voyageurs que j'affectionne beaucoup. L'aventure de Sarah Marquis est sans conteste admirable, mais la forme de ce récit est plus "orale" que littéraire. Au final, ce livre est une suite d'anecdotes, sans réel style, sans construction, comme si Sarah était assise en face de vous et vous racontait son périple. Sarah Marquis est avant tout une aventurière et j'ai ressenti ce livre comme une obligation pour elle, une source essentielle de revenus et de publicité, dont elle pourrait aisément se passer. Ma foi, tout le monde n'a pas une âme d'écrivain...
Mise à part ceci, le récit de l'aventurière des sables m'a impressionnée. En partant à travers les déserts les plus isolés d'Australie, Sarah Marquis a dû repousser ses limites physiques et mentales. Le lecteur devient spectateur de sa lutte pour la survie, assistant à ses parties de chasse au lézard et à ses rencontres parfois surprenantes faites au long du parcours. Malheureusement, le manque de descriptions empêche souvent le lecteur de vraiment cheminer avec Sarah Marquis ou de s'identifier à elle. Sarah est avare de mots pour décrire ce qui l'entoure, dans cette aventure solitaire qui même a posteriori semble ne pas pouvoir être partagée.
J'avoue également que certaines remarques de l'auteur sur les Australiens blancs peu recommandables comparés aux aborigènes si purs et respectueux m'ont agacée. Heureusement, la rencontre avec D'Joe, la boule de poils canine secourue en chemin m'a fait craquer. Quelques passages me sont d'ailleurs parus très familiers:
"En ce qui concerne la première nuit, il la passe accroché à un arbre proche de ma tente. La deuxième, je lui prends par mégarde la tête dans le fermeture éclair... il en a déjà repéré le confort intérieur. Puis la nuit suivant, il est indélogeable du fond de ma tente où il a élu domicile, bien avant que j'aie eu le temps de voir son petit manège. C'est ainsi qu'il passe le reste de ses nuits australiennes collé à moi; à mes pieds au début de la nuit puis, durant celle-ci, il gagne du terrain et remonte méticuleusement jusqu'à atteindre le sommet de ses espérances... Juste avant les premières lueurs du jour, je le retrouve à côté de moi, la tête tout près de mon visage à me lécher le bout du nez." p.198
Enfin, j'ai trouvé la fin étrange, presque bâclée. Tout s'accélère, comme si l'épuisement physique ne permettait pas à Sarah de se remémorer ces derniers mois afin d'achever son récit. La dernière étape du périple est ainsi complètement survolée.
Plusieurs petits bémols pour ce récit au niveau "littéraire", mais la performance demeure. Une aventure dure et exigeante dans laquelle l'auteur peine cependant à nous embarquer. L'Aventurière des Sables reste cependant une lecture intéressante et je lirai probablement la suite des périples de Sarah Marquis, même si je préfère presque suivre ses aventures sur son blog ou en conférence.
"Au fil des pages, entrez dans le fabuleux périple retracé par Sarah et laissez-vous charmer par les déserts australiens que l'aventurière a sillonnés pendant son voyage de 17 mois. De la première à la dernière page de son récit, elle retrace sa quête de l'absolu à la découverte de son «moi» profond. Sans jamais songer à l'abandon de sa mission, cette jeune femme vient de passer 510 jours à parcourir, seule, le continent australien. Face à l'ingratitude de Mère Nature, elle a su se montrer humble pour affronter son destin en repoussant ses limites physiques et mentales. Elle va se baser sur son expérience pour survivre... en utilisant son flair, ses astuces et ses techniques de pointes empruntées à l'armée américaine. La plupart du temps, les proies poursuivies seront plus rapides qu'elle. Par moments la nature a pitié et lui laisse manger à sa faim. Elle n'aura d'autres repères que ses précieuses cartes topographiques accompagnées de sa boussole qu'elle ne quitte jamais.Voyagez dans les méandres des son esprit et goûtez à ses réflexions face à cette immensité. De la Suisse à l'Australie, de la sécheresse aux pluies torrentielles, du plat d'insectes à la choucroute, de sa vie de femme à ses pensées altruistes, laissez- vous porter, pas à pas à travers ces contrées de sable rouge..."
Sarah Marquis parcourt en ce moment l'Asie, de la Mongolie à l'Australie. Vous pouvez suivre son périple sur son blog.
Je remercie Quip pour le prêt de se livre. Promis, je parcours les Andes tout bientôt.
MARQUIS Sarah, L'Aventurière des Sables, éditions du Roc, novembre 2004, 287p.
J'ai trouvé ce livre très poignant et son besoin de solitude et de calme m'impressionne vraiment...perso, j'ai aimé sa façon d'écrire,ça m'a totalement projetté dans son aventure!
RépondreSupprimerTu dis avoir l'impression qu'elle a écrit ce livre par obligation mais attends de lire la suite...
Son parcours n'en reste pas moins extraordinaire
Comme toi, il faut que l'écriture suive! On devient difficile, oui...
RépondreSupprimerJe viens de terminer la route de Saint-Jacques (avec Alix de Saint-André) alors le treck attendra...
RépondreSupprimerTu me rappelles que j'ai noté Afrika Trek il a très, très, très longtmeps!! Je vais commencer par ça avant de lire celui-ci!
RépondreSupprimer@Quip: C'est vrai que la personnalité de Sarah est intéressante. Je comprends tout à fait son besoin de nature et de grands espaces mais pas du tout son besoin de solitude et j'ai eu l'impression que chaque rencontre était presque une "torture" pour elle. J'ai eu de la peine à partager cet aspect avec elle et sa vision des choses m'a probablement empêchée de vraiment entrer dans son aventure. Mais bon, une sacrée performance, sans conteste. Je me réjouis de lire la suite.
RépondreSupprimer@Keisha: Et les vrais auteurs-voyageurs se font rares à notre époque. Difficile d'être poétique quand on décrit un lieu envahi par les touristes...
RépondreSupprimer@Alex: Une démarche philosophique similaire je pense mais ce que je retiens vraiment de ce livre est la performance physique et mentale. C'est plus le récit d'une aventurière que d'une simple voyageuse.
@Jules: Le problème avec ce genre de livres, c'est qu'ils donnent envie de faire son sac. J'espère que tu as des vacances à disposition si tu attaques Afrika Trek ;-)
Dommage qu'on ne soit pas embarqué car j'étais bien tentée, friande des récit des Poussins et autres aventuriers !
RépondreSupprimer@Géraldine: L'aventure reste belle et assez impressionnante. On est juste loin des récits de voyage à la Bouvier, Maiilart, Theroux... mais assez proche des autres récits d'aventuriers genre Poussins. Le récit de Sarah Marquis pourrait te plaire...
RépondreSupprimerBonjour, je ne suis pas d'accord avec votre critique. Sarah est une femme de terrain, mais une littéraire, et c'est ce qui me plait chez elle. Elle raconte les choses comme elle les a vécues, sans chichi, sans chercher à romancer justement ! Son livre, c'est une retranscription écrite de ce qu'elle pourrait raconter un soir autour d'un feu de camp à ses amis. Elle est "vraie" contrairement à beaucoup d'auteurs...!
RépondreSupprimerJe ne pense pas que nos avis soient différents. J'ai d'ailleurs noté dans mon billet que le livre était "comme si Sarah était assise en face de vous et vous racontait son périple". Ce n'est pas un défaut en soit, mais cela fait que je n'ai pas été aussi sensible au style de Sarah Marquis comme on le serait pour un livre de Nicolas Bouvier par exemple. A choisir, je préfère encore qu'elle me raconte son périple en vrai, réellement assise en face de moi, dans une conférence. Mes attentes pour un livre sont différentes: le rythme des phrases, les belles descriptions stylisées, le sens de l'intrigue. A mon avis, cela n'est pas la priorité de Sarah, qui reste avant tout une aventurière.
SupprimerUn auteur n'est pas sensé être "vrai" vu que son travail est d'écrire de la fiction ;-) Merci toutefois pour votre commentaire et je vous souhaite encore plein d'évasion avec les livres de Sarah Marquis!