La vérité sur l'affaire Harry Quebert de Joël Dicker

Pour ceux qui aiment: Les visages de Jesse Kellerman

Marcus Goldman est un jeune auteur, dont le premier roman a connu un succès phénoménal, et qui se retrouve à présent complètement paralysé par l'écriture de son deuxième livre. Il se tourne alors vers son ancien professeur, le grand romancier Harry Quebert, dans l'espoir de retrouver l'inspiration et d'enfin répondre aux demandes pressantes de son éditeur.

Cependant, peu de temps après leurs retrouvailles, Harry Quebert est arrêté pour le meurtre jamais résolu d'une adolescente, Nola, disparue en 1975 à l'âge de quinze ans. Marcus se lance alors à corps perdu dans le passé, afin de prouver l'innocence de son mentor.

Inutile de s'étendre sur ce résumé, vu qu'il ne doit rester que très peu de personnes sur la blogo à ne pas avoir lu ce roman. Pour ma part, il s'agit d'une lecture qui remonte à janvier 2013, donc en pleine hystérie autour de ce titre, réel phénomène de la rentrée littéraire 2012. J'ai voulu vous en parler à l'époque, mais vu la multitude de billets qui disaient au final exactement ce que j'aurais voulu vous en dire, j'ai laissé trainé mon avis dans les brouillons du blog. La sortie de ce roman en poche m'a cependant encouragée à replonger brièvement dans mes notes et dans les aventures de Marcus Goldman.

Un an et demi après lecture, mon avis de l'époque reste en grande partie d'actualité et comme beaucoup, j'ai trouvé que:
  • C'était un livre plaisant, facile à lire, et dont on tourne avidement les pages pour en connaitre le dénouement;
  • On s'identifie assez facilement aux personnages du roman qui sont sympathiques et bien construits... à part Nola qui est vraiment tarte. Du coup, j'ai trouvé la passion que ce personnage provoque chez la gente masculine d'Aurora peu crédible; ou alors l'auteur aurait dû pousser sur le côté bombesque de Nola pour justifier qu'un jeune homme intelligent tombe fou amoureux d'une gamine de quinze ans (tout de même!) qu'on dirait sortie d'un épisode de Twilight ou de Dawson's Creek (pour ma génération); 
  • Les passages sur l'écriture et la vie d'auteur à succès en panne d'inspiration sont très réussis. J'ai aussi beaucoup aimé les petits conseils d'écriture d'Harry Quebert en début de chaque chapitre et les petites piques au milieu de l'édition. 
"Vous savez ce qu'est un éditeur? C'est un écrivain raté dont le papa avait suffisamment de fric pour qu'il puisse s'approprier le talent des autres." p. 31

"Personne ne sait qu'il est écrivain. Ce sont les autres qui le lui disent." p.63
  • C'est particulièrement savoureux a posteriori quand on compare les similitudes entre le parcours de Marcus et celui de Joël. On ne souhaite évidemment pas à l'auteur de rencontrer autant de difficultés à écrire son prochain roman.
  • Les conversations téléphoniques cartoonesques entre Marcus et sa mère m'ont fait rire et donnent une belle bouffée d'air au roman; Par contre, les extraits du "chef d'oeuvre" d'Harry Quebert sont complètement ratés;
  • Plus généralement, le style du roman est certes simple, mais il coule au moins tout seul. C'est peut-être du snobisme, mais je ne pense ainsi pas que ce roman aurait "mérité" le Goncourt, un prix qui ne lui aurait pas correspondu. Par contre, son Goncourt des lycéens est plus justifié;
  • En conclusion, c'est un roman sympathique mais qui ne laisse de loin pas une impression impérissable. J'ai d'ailleurs dû relire la fin vu que je n'avais aucun souvenir du dénouement (un peu alambiqué) et de la résolution du meurtre de Nola. Pour moi, Joël Dicker a écrit un bon "roman policier plus", un peu à l'image de Les visages de Kellerman, qui tout en utilisant une enquête en fil rouge, traite plus largement de la vie, de l'histoire, des relations humaines; et tout ça en évitant le cliché de l'enquêteur saoulard et dépressif, c'est déjà pas si mal.
Bref, comme beaucoup, j'ai aimé ce livre mais je n'ai pas vraiment compris le succès énorme qu'il a rencontré. J'ai lu bien d'autres livres qui m'ont d'avantage marquée, impressionnée, enthousiasmée, et même divertie. Mais ce succès éditorial m'a également réjouie, vu que des centaines d'adultes se sont remis à lire; vu qu'il s'agit d'un jeune auteur suisse (pas d'équivalent suisse au cocorico mais vous saisissez l'idée), qui en plus, pour l'avoir rencontré en dédicace est très sympa. Enfin, j'ai également beaucoup aimé la politique de l'éditeur qui a vendu ce livre autour des CHF 25 (20 euros) en Suisse, un prix imbattable pour un broché; élément qui a, à mon avis, largement contribué à son succès ici et au bonheur des libraires suisses en 2012-2103 (au détriment d'Amaz*n).

En relisant quelques passages aujourd'hui, les côtés positifs de ce roman me sont apparus plus clairement, rendant son incroyable succès plus compréhensible. Je pense qu'en le lisant en pleine tornade marketing présentant ce roman comme un livre exceptionnel, mes attentes et exigences ont été décuplées. Relu en partie aujourd'hui, après la vague, j'arrive à nouveau à le voir comme un bon roman, agréable et plutôt bien mené, et une lecture parfaite pour les vacances d'été. Si vous ne l'avez pas encore lu, vous n'avez aucune raison de ne pas tenter...

À New York, au printemps 2008, alors que l’Amérique bruisse des prémices de l’élection présidentielle, Marcus Goldman, jeune écrivain à succès, est dans la tourmente : il est incapable d’écrire le nouveau roman qu’il doit remettre à son éditeur d’ici quelques mois.
Le délai est près d’expirer quand soudain tout bascule pour lui : son ami et ancien professeur d’université, Harry Quebert, l’un des écrivains les plus respectés du pays, est rattrapé par son passé et se retrouve accusé d’avoir assassiné, en 1975, Nola Kellergan, une jeune fille de 15 ans, avec qui il aurait eu une liaison.
Convaincu de l’innocence de Harry, Marcus abandonne tout pour se rendre dans le New Hampshire et mener son enquête. Il est rapidement dépassé par les événements : l’enquête s’enfonce et il fait l’objet de menaces. Pour innocenter Harry et sauver sa carrière d’écrivain, il doit absolument répondre à trois questions: Qui a tué Nola Kellergan ? Que s’est-il passé dans le New Hampshire à l’été 1975 ? Et comment écrit-on un roman à succès ? 

Sous ses airs de thriller à l’américaine, La Vérité sur l’Affaire Harry Quebert est une réflexion sur l’Amérique, sur les travers de la société moderne, sur la littérature, sur la justice et sur les médias.

Joël Dicker est né à Genève en 1985. La Vérité sur l’Affaire Harry Quebert est son deuxième roman. Il y dépeint une Amérique qu’il connaît bien pour y avoir beaucoup voyagé et longuement séjourné.

Plus qu'à souhaiter bonne chance à Joël Dicker pour son prochain roman. Dur dur de réitérer un tel succès et les attentes risquent d'être énormes. A suivre... En attendant, il est intéressant de voir que les avis des lecteurs sur la traduction anglaise sont complètement partagés. 

Et alors, film ou pas? Le roman semblant été écrit avec une adaptation en tête, il serait étonnant que cela ne se fasse pas... (clic clic pour quelques infos et démentis)

DICKER Joël, La vérité sur l'affaire Harry Quebert, ed.de Fallois/L'Âge d'homme, septembre 2012, 670p.
Édition poche publiée dans la collection FALL.POCHE en mai 2014

Commentaires

  1. Démarré, pas continué. Comme un roman d'été? Le problème est que d'autres sont là, déjà (une relecture du Comte de MC et de Du côté de chez Swann, donc ça va se bousculer)(et ce ne sont pas des romans de plage)

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    1. Roman d'été? C'est en tous cas ce que je pense. C'est divertissant mais ce n'est pas une lecture qui te chamboulera et changera ta vie de lectrice. Du coup, à caser peut-être entre MC et Du côté... pour un truc plus léger? Et autrement, ça reste dispensable aussi...

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  2. Comme je ne l'ai toujours pas lu et qu'il me tente toujours .. peut être une lecture pour cet été comme tu le suggère ;-)

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    1. Parfait pour les vacances! On croche bien et ça se lit tout seul. Bonne lecture!

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  3. Maintenant qu'il existe en poche ça me tente pas mal

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    1. Aucune raison de ne pas tenter. Je pense que tu passeras un bon moment si tu ne t'attends pas à un chef d'oeuvre révolutionnaire ;-)

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  4. Parmi ceux qui ne l'ont pas lu, il y a moi ;) donc j'ai juste parcouru les premières lignes de ta critique, je préfère ne pas lire trop d'avis à l'avance... il est dans ma PAL, j'ai attendu la sortie en poche!

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    1. Curieuse de connaitre ton avis... Essaie juste d'oublier tout ce que tu as pu lire sur ce livre et sur son succès pour l'apprécier pour ce qu'il est... Bonne lecture!

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  5. Oh ben je fais partie de celle qui ne l'ont pas lu. Une certaine curiosité à l'époque où on en parlait beaucoup mais sans urgence (faut dire qu'à un moment donné, les LAL et PAL commencent à grincer...). Bon par contre comme je n'ai pas lu énormément d'auteurs suisses, ça me motive d'un coup plus.^^

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    1. Ah, j'étais sûre que tu l'avais lu... Franchement, j'aurais préféré le lire avec plus de recul et moins d'a priori mais ici, c'était vraiment la folie et c'était dur de résister malgré les PAL/LALs grinçantes ;-)
      Et pour les auteurs suisses, Dicker n'est peut-être pas super représentatif de ce qui se fait chez nous, mais c'est pour moi plus flatteur que les trucs tordus à la Chessex alors oui, tente tente!!!

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  6. Je l'ai lu, eu à peu près le même avis que toi; à ceci près que j'ai trouvé qu'il n'était vraiment pas très bien écrit; le scenario est excellent mais la plume, bof bof!!

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    1. Je suis d'accord pour le style. Mais si on prend au final ce livre pour ce qu'il est, c'est à dire un bon roman à intrigue, genre lecture de vacances (c'est mon avis en tous cas), le style est moins important. Peu de gens se plaignent du style de Millenium alors que franchement...

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  7. Un an et demi après sa première lecture tu l'as relu ?

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    1. Pas relu en entier hein mais re-feuilleté en détails. J'ai par contre relu les 20-30 dernières pages car je n'en avais aucun souvenir ;-)

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  8. Tu seras quand même d'accord avec moi pour dire que le style est moyen et les extraits du "chef d'oeuvre" carrément médiocres?
    pour tout le reste je suis d'accord avec toi, avalé en 3 jours et avec bonheur...mais pour moi il ne méritait pas le prix de l'Académie français

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    1. Pour le style, yes, je suis d'accord mais voir ma réponse à Zazimutine. Les extraits du chef d'oeuvre par contre sont impardonnables; Dicker aurait vraiment dû s'abstenir car ça met d'autant plus en valeur le style un peu plat du reste du roman.

      Je ne comprend pas vraiment non plus le prix de l'Académie française qui pour moi défend la langue, le style avant l'intrigue; mais c'est mon point de vue et peut-être que je me trompe sur leurs objectifs. Ca me fait un peu penser à Enfant 44 qui avait atteint la longlist du Booker Prize. Je l'avais dévoré mais je ne lui aurais jamais attribué un prix littéraire. C'est un peu comme donner un prix gastronomique pour McFlurry M&Ms qu'on a tellement apprécié mais qui manque de finesse tout de même ;-)

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    2. Entièrement d'accord (et bien trouvé les comparaisons)

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  9. je l'ai acheté en poche... je reviendrai lire plus tard ton billet !

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    1. Impatiente de connaitre ton avis et celui de cette nouvelle vague de lecteurs peut-être moins influencés.

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  10. Merci pour l'info sur le film. Ce livre reste le grand souvenir de mes élèves de l'an dernier. Elles l'ont adoré.

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    1. Oui, Goncourt des lycéens complètement compréhensible à mon avis... Et pour le film, je pense que ça peut bien donner aussi. A suivre...

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  11. Succès incompréhensible pour moi... Mon dieu que c'est mal écrit ...

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    1. A ce point là? Je trouve que dans l'ensemble (si on enlève les parties chefs d'oeuvre de Quebert), ça tient la route avec les polars ou des auteurs comme Douglas Kennedy ou Tatiana de Rosnay qui ont aussi beaucoup de succès (pas fan perso mais bon...). Même l'histoire ne t'a pas touchée?

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  12. Je suis en train de le lire ! Mais attention, dans ton billet tu as spoilé... Tu as répondu à la question "est-ce Harry le meurtrier oui ou non ?" Une lecture agréable !

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    1. Gloups! Alors ce n'est pas vraiment un spoiler, je dis juste que l'explication finale du meurtrier m'a paru un peu tirée par les cheveux, Harry ou pas ;-) Mais merci pour la remarque, j'ai modifié un peu ma phrase pour que ça prête moi à confusion... En tous cas bonne lecture, j'espère que la surprise restera totale pour toi (et excuse-moi si ce n'est pas le cas).

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  13. Il est en poche, je pense le lire un de ces quatre, en lecture agréable et sans en attendre rien de spécial.

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    1. Ca me parait un début parfait pour l'apprécier. Tu me rediras...

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  14. Toujours pas lu, mais il va y passer cet été ! J'aime en général les choix du Goncourt des lycéens, mais j'avoue que l'omniprésence de ce roman et de son auteur dans les médias m 'avaient un peu empêchée de m'y plonger tout de suite. Maintenant que le soufflé est retombé, je vais pouvoir me faire ma propre idée.

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    1. D'habitude j'évite de lire les livres dont tout le monde parle en pleine frénésie mais là, c'était juste impossible d'y couper, la curiosité était trop forte ;-) Je pense qu'avec la sortie en poche, on va le revoir beaucoup sur les plages mais on est quand même loin de l'omniprésence de sa sortie.

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  15. Oui une lecture agréable mais pas révolutionnaire...

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