Lait Noir d'Elif Shafak
Pour ceux qui aiment: une version intello de Les petites fées de New York de Martin Millar
La réception de ce livre n'a pas franchement soulevé mon enthousiasme. Encore une autobiographie sur les misères de l'auteure. Pire, le sujet de la dépression postnatale me laissait complètement indifférente. Tous ceux qui me connaissent bien vous diront que j'ai un instinct maternel proche de zéro et ce qui se rapporte à la maternité ne me touche généralement pas du tout. Lait Noir était donc très très mal parti.
Et là, GRANDE SURPRISE, car j'ai pris beaucoup de plaisir à lire ce livre.
Lait Noir est un livre tout simplement original. Ce n'est ni un roman, ni une autobiographie, ni un livre fantastique, ni un livre sur l'histoire de la littérature, mais un peu de tout ça. Elif Shafak partage avec le lecteur ses états d'âmes et ses réflexions sur le rôle de la femme, sur l'écriture, la maternité et la conciliation de tous ces éléments. Comme toute femme, Elif Shafak est partagée, divisée entre différentes personnalités, chacune représentée par une femme miniature, sorte de petite fée, et qui ensemble constituent un "choeur de voix intérieures". La cohabitation entre Miss Cynique Intello, Miss Satin Volupté, Maman Gâteau et consoeur n'est d'ailleurs pas de tout repos.
J'ai beaucoup aimé les petites disputes intérieures entres ces femmes miniatures, qui donne beaucoup de légèreté au texte. Mais plus encore, j'ai adoré les réflexions sur les femmes-auteures ou femmes d'auteurs, entre autres Sofia Tolstoi, Viginia Woolf, Sylvia Plath, Jane Austen, Simone de Beauvoir, Zelda Sayre Fitzgerald, Ayn Rand et même J.K. Rowling. J'ai trouvé passionnant le thème de la dualité entre écriture et maternité ou "lait noir et lait blanc".
La grossesse et la dépression postnatale n'interviennent en fait qu'à la fin du livre et sont traitées de manière tout à fait originale. Le récit plonge alors dans un monde oriental peuplé de djinns et de vieilles croyances, une partie qui contraste grandement avec la modernité du début du livre.
Lait Noir est un récit fort, drôle, bouleversant et érudit à la fois, qui m'a beaucoup touchée car il reflète certaines de mes hésitations sur la maternité. Le style d'Elif Shafak est tout simplement magnifique, enrichi de métaphores superbes et pour couronner le tout, je trouve la couverture très réussie.
Pour résumer en un mot: BRILLANT!
Maternité et écriture ne font pas toujours bon ménage. L'une paraît menacer l'autre et vice-versa. Comment marier la blancheur du lait à la noirceur de l'encre ? Comment préserver son indépendance tout en berçant sa progéniture ? Ainsi lorsque Elif Shafak, à la naissance de sa fille, sombre dans une dépression, six petites créatures têtues et véhémentes l'accompagnent. Ces dames, voix intérieures de l'auteur - et l'on pourrait dire de toute femme -, exposent avec détermination, intelligence et humour leur conception du monde et de la féminité. De Miss Cynique lntello à Miss Ego Ambition, de Miss Intelligence Pratique à Darne Derviche, de Maman Gâteau à Miss Satin Volupté, la femme d'hier, d'aujourd'hui et de demain s'exprime dans ses contradictions et ses rêves. Elif Shafak témoigne ici avec brio de la crise d'identité à laquelle peuvent être confrontées les femmes lorsqu'elles veulent à la fois être mères et créatrices. Evoquant ces hautes figures de la littérature que sont Virginia Woolf, Simone de Beauvoir et Doris Lessing, Lait noir est aussi un portrait de la société turque dans sa double dimension : orientale et occidentale. Tout autant roman qu'autobiographie, voici le livre le plus grave et le plus drôle, le plus iconoclaste et le plus intime de l'auteur, qui réinvente la femme, pour nous dire que tout lui est possible.
Fille de diplomate, Elif Shafak est née à Strasbourg en 1971. Elle a passé son adolescence en Espagne avant de revenir en Turquie. Après des études en " Gender and Women's Studies " et un doctorat en sciences politiques, elle a un temps enseigné aux Etats-Unis. Elle vit aujourd'hui à Istanbul. Internationalement reconnue, elle est l'auteur de dix livres, dont La Bâtarde d'Istanbul (Phébus, 2007) et Bonbon Palace (Phébus, 2008).
Je vais de ce pas jeter un oeil aux autres livres de cette auteure qui m'a enfin réconcilier avec la catégorie document du Prix ELLE. Si vous avez des conseils, je suis preneuse.
Lu dans le cadre du Prix ELLE 2010 /catégorie document
D'autres avis chez Marie-Claire, Kathel, Flora, Armande, Sentinelle, Lapinoursinette et Bookomaton.
SHAFAK Elif, Lait Noir, ed. Phébus, août 2009, 342p. Traduit du turc par Valérie Gay-Aksoy
SHAFAK Elif, Siyah Süt, 2007
La réception de ce livre n'a pas franchement soulevé mon enthousiasme. Encore une autobiographie sur les misères de l'auteure. Pire, le sujet de la dépression postnatale me laissait complètement indifférente. Tous ceux qui me connaissent bien vous diront que j'ai un instinct maternel proche de zéro et ce qui se rapporte à la maternité ne me touche généralement pas du tout. Lait Noir était donc très très mal parti.
Et là, GRANDE SURPRISE, car j'ai pris beaucoup de plaisir à lire ce livre.
Lait Noir est un livre tout simplement original. Ce n'est ni un roman, ni une autobiographie, ni un livre fantastique, ni un livre sur l'histoire de la littérature, mais un peu de tout ça. Elif Shafak partage avec le lecteur ses états d'âmes et ses réflexions sur le rôle de la femme, sur l'écriture, la maternité et la conciliation de tous ces éléments. Comme toute femme, Elif Shafak est partagée, divisée entre différentes personnalités, chacune représentée par une femme miniature, sorte de petite fée, et qui ensemble constituent un "choeur de voix intérieures". La cohabitation entre Miss Cynique Intello, Miss Satin Volupté, Maman Gâteau et consoeur n'est d'ailleurs pas de tout repos.
J'ai beaucoup aimé les petites disputes intérieures entres ces femmes miniatures, qui donne beaucoup de légèreté au texte. Mais plus encore, j'ai adoré les réflexions sur les femmes-auteures ou femmes d'auteurs, entre autres Sofia Tolstoi, Viginia Woolf, Sylvia Plath, Jane Austen, Simone de Beauvoir, Zelda Sayre Fitzgerald, Ayn Rand et même J.K. Rowling. J'ai trouvé passionnant le thème de la dualité entre écriture et maternité ou "lait noir et lait blanc".
La grossesse et la dépression postnatale n'interviennent en fait qu'à la fin du livre et sont traitées de manière tout à fait originale. Le récit plonge alors dans un monde oriental peuplé de djinns et de vieilles croyances, une partie qui contraste grandement avec la modernité du début du livre.
Lait Noir est un récit fort, drôle, bouleversant et érudit à la fois, qui m'a beaucoup touchée car il reflète certaines de mes hésitations sur la maternité. Le style d'Elif Shafak est tout simplement magnifique, enrichi de métaphores superbes et pour couronner le tout, je trouve la couverture très réussie.
Pour résumer en un mot: BRILLANT!
Maternité et écriture ne font pas toujours bon ménage. L'une paraît menacer l'autre et vice-versa. Comment marier la blancheur du lait à la noirceur de l'encre ? Comment préserver son indépendance tout en berçant sa progéniture ? Ainsi lorsque Elif Shafak, à la naissance de sa fille, sombre dans une dépression, six petites créatures têtues et véhémentes l'accompagnent. Ces dames, voix intérieures de l'auteur - et l'on pourrait dire de toute femme -, exposent avec détermination, intelligence et humour leur conception du monde et de la féminité. De Miss Cynique lntello à Miss Ego Ambition, de Miss Intelligence Pratique à Darne Derviche, de Maman Gâteau à Miss Satin Volupté, la femme d'hier, d'aujourd'hui et de demain s'exprime dans ses contradictions et ses rêves. Elif Shafak témoigne ici avec brio de la crise d'identité à laquelle peuvent être confrontées les femmes lorsqu'elles veulent à la fois être mères et créatrices. Evoquant ces hautes figures de la littérature que sont Virginia Woolf, Simone de Beauvoir et Doris Lessing, Lait noir est aussi un portrait de la société turque dans sa double dimension : orientale et occidentale. Tout autant roman qu'autobiographie, voici le livre le plus grave et le plus drôle, le plus iconoclaste et le plus intime de l'auteur, qui réinvente la femme, pour nous dire que tout lui est possible.
Fille de diplomate, Elif Shafak est née à Strasbourg en 1971. Elle a passé son adolescence en Espagne avant de revenir en Turquie. Après des études en " Gender and Women's Studies " et un doctorat en sciences politiques, elle a un temps enseigné aux Etats-Unis. Elle vit aujourd'hui à Istanbul. Internationalement reconnue, elle est l'auteur de dix livres, dont La Bâtarde d'Istanbul (Phébus, 2007) et Bonbon Palace (Phébus, 2008).
Je vais de ce pas jeter un oeil aux autres livres de cette auteure qui m'a enfin réconcilier avec la catégorie document du Prix ELLE. Si vous avez des conseils, je suis preneuse.
Lu dans le cadre du Prix ELLE 2010 /catégorie document
D'autres avis chez Marie-Claire, Kathel, Flora, Armande, Sentinelle, Lapinoursinette et Bookomaton.
SHAFAK Elif, Lait Noir, ed. Phébus, août 2009, 342p. Traduit du turc par Valérie Gay-Aksoy
SHAFAK Elif, Siyah Süt, 2007
Les deux premiers livres de l'auteur sont des romans, deux bons romans : "La Bâtarde d'Istanbul" (mon préféré) et "Bonbon Palace".
RépondreSupprimerQuant à "Lait noir", je viens de l'emprunter.
J'ai adoré Les petites fées de New-York, alors il faudrait peut-être que j'essaie également de lire ce roman ?! :-)
RépondreSupprimerJe suis un peu restée sur ma faim avec "Lait noir" alors que j'avais adoré "La batârde d'Istanbul" !
RépondreSupprimer@Naina: Je me réjouis de lire ton billet. J'ai entendu beaucoup de bien de "La Bâtarde d'Istanbul" et je pense continuer avec celui-ci en priorité.
RépondreSupprimer@Marie: C'est vraiment une version plus intello mais le principe des petites fées déjantées y est...
@Kathel: Tu me donnes encore plus envie de découvrir la Batârde d'Istanbul...
J'ai lu "La bâtarde d'Istanbul" de cette auteur et j'ai beaucoup aimé. J'ai déjà noté ce livre ainsi que "Bonbon palace"... ;-)
RépondreSupprimerje te conseille vivement la batarde d'IStanbul (j'ai moins aimé Bonbon palace en revanche)
RépondreSupprimer@Lounima: Je pense poursuivre avec cette auteure très prochainement.
RépondreSupprimer@Amanda: Les avis sont apparemment unanimes pour La Batârde d'Istanbul. Super, ça va me faciliter le choix (pour une fois)!
Le sujet m'intéresse !
RépondreSupprimer@Gio: C'est un livre très original qui aborde de nombreux thèmes. Je le recommende.
RépondreSupprimerle thème m'intéresse et j'aime bien de voir qu'à priori un livre qui ne plait pas finalement plaît c'est bon signe
RépondreSupprimerune bonne lecture dans les nouveautés de septembre:)
RépondreSupprimerD'un billet à l'autre, je balance entre le p'têt ben qu'oui-p'têt ben qu'non, le oui l'emportant après avoir lu ton commentaire.
RépondreSupprimerConclusion : je m'en remets (une fois de plus quand je suis dans ce cas de figure) au hasard du livre aperçu sur le présentoir de la bibliothèque !
Je l'avais aperçu chez d'autres blogueuses mais sans qu'il attire vraiment mon attention.
RépondreSupprimerLe Millar est déjà noté sur ma LAL mais comme je ne suis pas raisonnable ^^
@Lael: Lait Noir était franchement mal parti mais il a remonté la pente du plaisir lecture comme un chef!
RépondreSupprimer@Esmeraldae: Exactement! J'aurais presque pu m'inscrire au Challenge 1% à force.
@Brize: Je connais ça, les hésitations suivant les billets d'un blog ou d'un autre. Pour ma part, j'ai vraiment passé un bon moment, alors j'espère que tu le trouveras en bibliothèque.
@Cynthia: Je crois que LCA et raisonnable ne s'accordent pas très bien. D'avance bonne lecture!
Le thème invoqué dans les médias est la déprime post-natale, ce qui ne m'attirait absolument pas. Il est évoqué accessoirement. Mais j'ai apprécié la description des affres suscités par toute dépression. Ce que j'ai adoré c'est la jubilation de mettre un personnage sur les sentiments et modes de vie contradictoires et depuis ma lecture, je reconnais en moi, des fées, des miss, qui jusqu'alors se faisaient très discrètes. En particulier, je n'en reviens pas d'avoir découvert Miss cinéma intérieur !
RépondreSupprimerJ'ai adoré ton premier paragraphe. :))
RépondreSupprimerLivre noté depuis longtemps, mais comme j'aborde mon congé mater', je vais laisser de côté ce roman, histoire de ne pas sombrer dans la dépression ! :P
@JoëlleM: Je trouve dommage que les médias insistent sur la dépression postnatale alors que cet élément n'intervient qu'à la fin. J'ai moi aussi beaucoup aimé le concept des voix intérieures. Miss cinéma intérieur... je ne l'ai pas encore découverte celle-là ;-)
RépondreSupprimer@Leiloona: Sage décision! Bon congé mat' et profite des joies de la maternité pour deux, hein? ;-)
J'ai vraiment beaucoup aimé ce livre. c'est un de mes coups de coeur 2009, le premier de la liste même. Drôle, intelligent, je l'ai lu avec beaucoup d'entran et de plaisir.
RépondreSupprimer@Sylvie: Un coup de coeur pour moi aussi. Je me réjouis de continuer ma découverte de cette auteure.
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