Martin Dressler de Steven Millhauser


Pour ceux qui aiment: Au Bonheur des dames d'Emile Zola

Steven Millhauser nous emmène sur les traces de Martin Dressler, un self-made man new-yorkais, à l'aube du 20ème siècle. A travers le récit de son ascension, de simple fils d'un vendeur de cigare au constructeur mélomane d'hôtels grandioses, le lecteur découvre cette époque trépidante et la ville de New York en pleine évolution.

Ce livre me faisait très envie car je suis une grande amoureuse de New York. Je me réjouissais donc de découvrir cette ville à l'aube de sa transformation en une cité majestueuse et intrigante. Et je n'ai pas été déçue. La première partie du livre est vraiment intéressante. Steven Millhauser plonge totalement le lecteur dans cette ambiance de fin du 19ème siècle, rythmée par les progrès rapides et révolutionnaires tels que l'ascenseur, le téléphone ou encore les ampoules à incandescence. L'auteur décrit également très bien le développement de la ville de New York, les premiers grands immeubles qui préfigurent les gratte-ciel de Manhattan et la construction du métro. J'ai donc adoré me balader dans un Broadway boueux et dans des quartiers nord déserts, traversés de petites rivières.

Cependant, je ressors de cette lecture un peu déçue. Je n'ai pas réussi à m'attacher au personnage de Martin, dont on connaît les rêves mais pas assez les états d'âmes. Les personnages secondaires manquent également selon moi de profondeur et j'ai trouvé Caroline particulièrement insupportable.

Le rythme est également plutôt lent et quelques répétitions d'idées m'ont gênée. J'ai enfin trouvé les cinquante dernières pages, décrivant presque exclusivement les nouveaux hôtels Dressler, franchement ennuyeuses. Je n'ai malheureusement pas réussi à adhérer à cette partie beaucoup plus proche de la fable et de l'imaginaire. Une fois le livre refermé, je réalise que l'intrigue m'a laissée froide et l'annonce dès le départ de la destinée de Martin enlève le suspense que l'on peut ressentir à la lecture d'Au Bonheur des dames par exemple.

Un livre qui mérite donc une lecture pour ses descriptions d'une époque et d'un New York en devenir mais qui déçoit par son intrigue finalement assez plate pour une destinée qui se veut extraordinaire.


L'auteur de La Vie trop brève d'Edwin Mulhouse, écrivain américain, 1943-1954, racontée par Jeffrey Cartwright, prix Médicis étranger en 1975, raconte ici la destinée mythique d'un self-made man à New York, au tournant du siècle dernier. Ce "rêveur", c'est Martin Dressler, modeste pragmatique et inventeur génial, habité par une folie visionnaire. Steven Millhauser joue en virtuose de la science du trompe-l'oeil, maintenant le lecteur à l'étroite frontière du rêve et de la vie, de la fiction et de la réalité, du vrai et de sa représentation. Fabuleuse histoire en effet que celle de Martin Dressler, incarnation du rêve américain mais aussi des mythes et utopies qui ont façonné l'imaginaire occidental. Ce livre a obtenu le Prix Pulitzer.

Je remercie les éditions Livre de Poche et Blog-O-Book pour l'envoi de ce livre. Un merci spécial à Emilie qui a partagé mes angoisses quand ce cher Martin a décidé de se balader en Europe avant d'enfin rejoindre la Suisse et ma boîte aux lettres. Désolée encore pour tous ces tracas.


MILLHAUSER Steven, Martin Dressler ou le roman d'un rêveur américain, ed. Livre de Poche, 2007, 287p. Traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Françoise Cartano

MILLHAUSER Steven, Martin Dressler: The Tale of an American Dreamer, ed. Crown Pub., avril 1996, 293p.

Commentaires

  1. Je disais qu'il aurait fallu avec un plan de New et des photos, car c'est la ville et son évolution qui sont les héros du roman.
    Hors sujet :
    Cathulu, Roudoudou, Pickwick, Alicia, Neph, et moi : ayé, on est six à aimer Série Z...Chiche!

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  2. tes impressions rejoignent les miennes sur "l'aliéniste" de Caleb Carr : excellent contexte, super description de la ville à l'époque mais intrigue faiblarde...

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  3. Je vais peut-être me laisser tenter quand même par la description de la ville!

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  4. Je lis en ce moment beaucoup de D.H. Lawrence pour trois de mes travaux de Master, et c'est également un auteur qui propose beaucoup de descriptions dans ses oeuvres. Alors, je crois que je ne vais pas m'arrêter sur ce livre pour le moment, car je fais une légère indigestion aux longues descriptions ;). Néanmoins, j'ai lu, il y a déjà quelques mois de ceci, un livre absolument génial et dont l'action se déroule également à New York. Il s'agit de "Netherland" de Joseph O'Neill. Je te le recommande vivement, et quand j'aurai ENFIN le temps de revenir sur mon blog, je posterai un petit billet dessus. New York est une ville absolument fantastique, et je rêve d'y retourner un jour.

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  5. C'est un livre qui me fait malgré tout envie à cause de son contexte à New-York...

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  6. Les faiblesses que tu soulignes sont de celles qui me dérangent vraiment dans une lecture. Malgré le cadre qui fait très envie, je préfère ne pas m'attarder sur ce titre...
    (HS : Série Z vient d'atterrir pour son premier voyage, je croise les doigts pour qu'il provoque encore de très chouettes moment de lecture !)

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  7. J'ai aimé Au bonheur des dames de Zola mais je ne suis pas tentée par ce roman, je ne suis pas attirée par les livres sur New-York en ce moment!

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  8. Il est dans ma PAL pour les mêmes raisons que toi. J'espère être moins déçue.

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  9. J'ai bien aimé et j'avais fait le lien également avec Au bonheur des dames de Zola. Malheureusement, j'ai l'impression que ces descriptions ont fatigué beaucoup de lectrices...

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  10. J'ai adoré "Au bonheur des dames"... mais ton avis ne me donne pas envie de craquer sur ce livre !! ;-)

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  11. @Clara: Il vaut quand même la peine d'être lu, pour son contexte et ses descriptions. En plus il est en poche... Il ne faut juste pas s'attendre à une intrigue trépidante.

    @Keisha: Hé hé hé, la prochaine fois, j'y réfléchirai à deux fois avant de poster des commentaires ;-)

    @Ys: J'ai dû loupé ton billet sur L'aliéniste mais je vais essayer de me rattraper. Dommage quand le contexte est excellent mais que le reste déçoit.

    @Mango: En poche, je dis "pourquoi pas".

    @Hermione: J'ai lu la Fille perdue de D.H (tu peux même trouver le billet sur ce blog) et j'étais plutôt mitigée. Par contre, pour Netherland, Mr. l'a déjà lu et beaucoup aimé et son exemplaire est déjà de mon côté de la bibliothèque.

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  12. @Marie: Si tu aimes New York, tu seras sans aucun doute séduite par le contexte.

    @Pickwick: Si vous vous y mettez toutes, je vais bien devoir laisser une chance à cette Série Z ;-)

    @Emilie: Un titre à garder en tête pour une prochaine visite de NY?

    @Manu: Je me réjouis de lire ton billet. Si tu as le plan de NY en tête, tu devrais être autant séduite que moi dans la première partie. J'espère que tu apprécieras plus la deuxième...

    @Restling: Les descriptions dans la première partie ne m'ont pas gênée mais alors celles du New Dressler et du Grand Cosmo, pffff!

    @Lounima: Les descriptions très détaillées du fonctionnement d'un hôtel font vraiment penser à ce que Zola a fait pour les grands magasins. Tu serais sûrement séduite par ce côté-là de "Martin Dressler".

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  13. Franchement, j'avais adoré "Au bonheur des dames" de Zola, ado. Donc ce livre devrait me plaire, je le note dans mes tablettes :) !

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  14. @Maeve: Au bonheur des dame est également un de mes livres préférés. Pour Martin Dressler, la démarche est la même mais il manque définitivement le souffle de Zola.

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