Syngué Sabour, Pierre de patience de Atiq Rahimi
NOTE: 6/10 pour l'intérêt de l'histoire mais beaucoup plus pour le style de Atiq Rahimi
Pour ce qui aiment: se faire leur propre avis sur les Goncourt
Il est souvent difficile de faire la critique d’un livre ayant obtenu le Prix Goncourt. Tellement de choses ont déjà été écrites, lues, entendues sur ce livre que le voir avec un regard neuf n’est pas chose aisée. Allez, je me lance quand même.
Syngué Sabour est l’histoire d’un huis clos entre une femme et son mari « quelque part en Afghanistan ou ailleurs ». Le mari, blessé par une balle, est plongé dans un coma. Sa femme le veille, jour après jour, en prononçant un long monologue fait d’abord de prières, puis de confessions sur ses sentiments et ses expériences de leur vie passée. L’homme devient donc petit à petit la « syngué sabour », la pierre de patience de sa femme, jusqu’à son éclatement et une fin assez surprenante.
Le style d’Atiq Rahimi m’a beaucoup surprise. Je ne m’attendais pas à ces phrases courtes et minimalistes, sans aucune fioriture et parfois très brutes. Le langage se fait cependant plus poétique pour relater un beau conte sur la thématique du choix. J’ai trouvé que cette alternance donnait beaucoup de force au récit et je me suis graduellement laissée porter par ce texte, lentement rythmé par le goutte-à-goutte, les respirations de l’homme, les prières et les combats dans la rue.
En fait, Syngué Sabour m’a fait pensé à une pièce de théâtre, ayant pour décors la chambre de l’homme. Cette impression est magnifiquement créée par Atiq Rahimi, qui nous relate les événements extérieurs tels qu’ils sont perçus depuis cette unique pièce. Un seul bémol peut-être : cet aspect théâtral fait aussi que le lecteur reste un peu en dehors du récit, au lieu de vraiment s’imprégner de l’histoire et des sentiments des personnages.
Au final, Syngué Sabour est un prix Goncourt amplement mérité pour ce que je considère plus comme un exercice de style, plutôt qu’un roman. C’est un récit court, intense et puissant. La trame reste toutefois assez simple, bien que le sujet d’une femme afghane qui se « dévoile » soit touchant. Il est surtout intéressant que la condition de la femme en Afghanistan soit ici abordée par un homme. Ce thème reste d’ailleurs d’une actualité criante : un projet de loi est en effet en préparation en Afghanistan qui, entre autres, autorise le viol entre époux. Des femmes qui osaient protester la semaine passée contre ce projet se sont même faites lapidées!!!
Enfin, ce livre m’a aussi donné envie de lire Terres et Cendres du même auteur, pour lequel les avis sur la blogosphère sont souvent plus enthousiastes.
« Syngué sabour : n.f. (du perse syngue « pierre » et sabour « patiente »). Pierre de patience. Dans la mythologie perse, il s’agit d’une pierre magique que l’on pose devant soi pour déverser sur elle ses malheurs, ses souffrances, ses douleurs, ses misères… On lui confie tout ce que l’on n’ose pas révéler aux autres… Et la pierre écoute, absorbe, comme une éponge tous les mots, tous les secrets jusqu’à ce qu’un beau jour elle éclate… Et ce jour-là on est délivré. »
RAHIMI Atiq, Syngué Sabour, Pierre de Patience, ed. P.O.L, 2008, 155pp
Pour ce qui aiment: se faire leur propre avis sur les Goncourt
Il est souvent difficile de faire la critique d’un livre ayant obtenu le Prix Goncourt. Tellement de choses ont déjà été écrites, lues, entendues sur ce livre que le voir avec un regard neuf n’est pas chose aisée. Allez, je me lance quand même.
Syngué Sabour est l’histoire d’un huis clos entre une femme et son mari « quelque part en Afghanistan ou ailleurs ». Le mari, blessé par une balle, est plongé dans un coma. Sa femme le veille, jour après jour, en prononçant un long monologue fait d’abord de prières, puis de confessions sur ses sentiments et ses expériences de leur vie passée. L’homme devient donc petit à petit la « syngué sabour », la pierre de patience de sa femme, jusqu’à son éclatement et une fin assez surprenante.
Le style d’Atiq Rahimi m’a beaucoup surprise. Je ne m’attendais pas à ces phrases courtes et minimalistes, sans aucune fioriture et parfois très brutes. Le langage se fait cependant plus poétique pour relater un beau conte sur la thématique du choix. J’ai trouvé que cette alternance donnait beaucoup de force au récit et je me suis graduellement laissée porter par ce texte, lentement rythmé par le goutte-à-goutte, les respirations de l’homme, les prières et les combats dans la rue.
En fait, Syngué Sabour m’a fait pensé à une pièce de théâtre, ayant pour décors la chambre de l’homme. Cette impression est magnifiquement créée par Atiq Rahimi, qui nous relate les événements extérieurs tels qu’ils sont perçus depuis cette unique pièce. Un seul bémol peut-être : cet aspect théâtral fait aussi que le lecteur reste un peu en dehors du récit, au lieu de vraiment s’imprégner de l’histoire et des sentiments des personnages.
Au final, Syngué Sabour est un prix Goncourt amplement mérité pour ce que je considère plus comme un exercice de style, plutôt qu’un roman. C’est un récit court, intense et puissant. La trame reste toutefois assez simple, bien que le sujet d’une femme afghane qui se « dévoile » soit touchant. Il est surtout intéressant que la condition de la femme en Afghanistan soit ici abordée par un homme. Ce thème reste d’ailleurs d’une actualité criante : un projet de loi est en effet en préparation en Afghanistan qui, entre autres, autorise le viol entre époux. Des femmes qui osaient protester la semaine passée contre ce projet se sont même faites lapidées!!!
Enfin, ce livre m’a aussi donné envie de lire Terres et Cendres du même auteur, pour lequel les avis sur la blogosphère sont souvent plus enthousiastes.
« Syngué sabour : n.f. (du perse syngue « pierre » et sabour « patiente »). Pierre de patience. Dans la mythologie perse, il s’agit d’une pierre magique que l’on pose devant soi pour déverser sur elle ses malheurs, ses souffrances, ses douleurs, ses misères… On lui confie tout ce que l’on n’ose pas révéler aux autres… Et la pierre écoute, absorbe, comme une éponge tous les mots, tous les secrets jusqu’à ce qu’un beau jour elle éclate… Et ce jour-là on est délivré. »
RAHIMI Atiq, Syngué Sabour, Pierre de Patience, ed. P.O.L, 2008, 155pp
Comme tu dis, on a pu lire beaucoup de choses sur ce livre, souvent positives d'ailleurs, mais je ne suis pas tentée...
RépondreSupprimerJe suis une de celles qui a plus ou moins accroché... mais disons que je n'ai pas l'opinion majoritaire!!!
RépondreSupprimerUn livre fort, c'est sûr ! Et oh combien d'actualité...
RépondreSupprimer@Karine: "plus ou moins accroché"? En fait on dirait que personne n'a trouvé mauvais, que c'est soit on a adoré, soit on a trouvé le sujet fort, l'écriture bien faite mais qu'on a pas totalement adhéré à l'histoire. Je crois que je suis plus dans ce dernier groupe.
RépondreSupprimer@Pimprenelle: je comprends les réticences. Je vais essayer de lire un autre livre de Atiq Rahimi et je te tiens au courant
@Alex: Malheureusement oui, c'est un bien un sujet d'actualité. Mais le pire c'est tout ce qui se passe derrière les portes des maisons, et dont on ne saura jamais rien. D'où l'intérêt d'en faire un livre.
Je l'ai lu il y a quelques temps et j'avais trouvé ça très poignant.
RépondreSupprimerJ'ai dévoré ce livre envers lequel je suis très enthousiaste. J'ai eu en plus la chance de le faire dédicacé par l'auteur.
RépondreSupprimer@Géraldine: j'ai aussi eu la chance d'avoir une dédicace. J'ai d'ailleurs trouvé Atiq Rahimi vraiment disponible et sympa. Et ses yeux... lol!
RépondreSupprimerJe suis resté froid face au style de l'auteur. L'histoire, en plus, n'est pas passionnante. Je ne vois pas en quoi ce roman est meilleur que les centaines d'autres qui ont inondé la rentrée littéraire.
RépondreSupprimer@Nicolas: C'est vrai que l'histoire en elle-même m'a un peu déçue, peu de choses se passent au final. Mais au contraire de toi, j'ai vraiment trouvé le style de Rahimi différent, ce qui distingue à mon avis ce livre de la foule de livres de la rentrée littéraire.
RépondreSupprimerBonjour, plus qu'un roman, je trouve que Synghe sabour est un monologue à monter en pièce de théâtre. Je pense que cela vaudrait la peine. Je n'avais rien entendu sur ce Goncourt, je l'ai découvert par moi-même avec la qualité que c'est court. Je l'ai trouvé d'une lecture agréable. Le prix est mérité. Bonne fin d'après-midi.
RépondreSupprimer@dasola: Tout à fait d'accord. J'ai moi aussi ressenti cet aspect théâtresque et je pense qu'il vaudrait la peine de monter cette pièce.
RépondreSupprimerTout comme Géraldine, j'ai adoré ce livre. Il est fort et bouleversant.
RépondreSupprimer@Ulaz: J'ai beaucoup aimé le style de Rahimi mais je dois avouer ne pas avoir été bouleversée par l'histoire malgré le sujet. Peut-être n'ai-je pas réussi à m'attacher aux personnages.
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