Le Vampire de Ropraz de Jacques Chessex
Pour ceux qui aiment: Mangez-le si vous voulez de Jean Teulé
La mort de Jacques Chessex, le 9 octobre 2009, a fait l'effet d'une bombe en Suisse romande. Toute la presse s'est faite l'écho de la disparition de ce grand auteur romand, seul auteur suisse à avoir été récompensé du Prix Goncourt, pour l'Ogre, en 1973.
J'ai pour ma part toujours eu un problème avec cet auteur. Après une lecture très pénible de l'Ogre, et après avoir assisté à plusieurs de ses conférences lors du Salon du Livre de Genève, le personnage m'a toujours laissé une impression plutôt négative. Mais voilà, à quelques jours d'Halloween, j'ai décidé de lire Le Vampire de Ropraz, pour essayer de changer ma perception, un petit hommage posthume en quelque sorte.
Nous sommes en 1903, à Ropraz, un petit village du Jorat vaudois. La tombe de la jeune vierge Rosa, enterrée la veille, a été profanée de manière horrible durant la nuit. Tout le village s'emballe et une chasse au "vampire" se met en marche. Deux autres profanations suivent et l'affaire défraie la chronique et échauffe les esprits.
Ce livre est apparemment inspiré d'un fait divers. Jacques Chessex, qui habitait justement à côté du cimetière de Ropraz, a repris et romancé cette affaire dans ce court récit. J'ai éprouvé, à la lecture de ce livre, un grand malaise. On a le droit tour à tour à des descriptions horribles de découpage de cadavres, beaucoup de sex**, des éléments pédoph***, zooph***, des longues descriptions de péni* (désolée pour les astérisques mais j'essaie d'éviter que mon blog devienne le repère de pratiques douteuses, grâce aux recherches Google), qui font que ce livre est tout simplement repoussant. Je ne suis pas une grande sensible et les images violentes ne me dérangent pas si elles ont pour but de dénoncer, les travers de notre société par exemple. Mais durant tout le livre, je n'ai pu m'empêcher de penser que Jacques Chessex utilise ces images dans le seul but de choquer son lecteur et ainsi de faire parler de lui. Je trouve la démarche tout simplement malsaine.
Au final, j'éprouve moins de dégoût pour le personnage du Vampire de Ropraz que pour son auteur. Cette lecture, loin de me faire changer d'avis, n'aura fait que confirmer mes impressions suite à la lecture de l'Ogre. Je ne lirai probablement pas d'autres oeuvres de Chessex, en particulier Un juif pour l'exemple, où, une fois encore, j'ai l'impression que Jacques Chessex a utilisé un fait sordide et toujours douloureux dans un but que je soupçonne d'être plus commercial que littéraire. Un gâchis pour moi, car force est de constater que l'écriture est belle...
Reste la disparition d'un grand auteur romand, qui repose à présent dans ce même cimetière de Ropraz. Cet avis étant totalement personnel, je ne peux que vous encourager à vous faire votre propre opinion et à découvrir, si ce n'est les idées, au moins le style de Chessex.
Jacques Chessex, 1 mars 1934 - 9 octobre 2009
En 1903 à Ropraz, dans le Haut-Jorat vaudois, la fille du juge de paix meurt à vingt ans d'une méningite. Un matin, on trouve le couvercle du cercueil soulevé, le corps de la virginale Rosa profané, les membres en partie dévorés. Horreur. Stupéfaction des villages alentour, retour des superstitions, hantise du vampirisme, chacun épiant l'autre au cœur de l'hiver. Puis, à Carrouge et à Ferlens, deux autres profanations sont commises. Il faut désormais un coupable. Ce sera le nommé Favez, un garçon de ferme aux yeux rougis, qu'on a surpris à l'étable. Condamné, emprisonné, soumis à la psychiatrie, on perd sa trace en 1915. A partir d'un fait réel, Jacques Chessex donne le roman de la fascination- meurtrière. Qui mieux que lui sait dire la " crasse primitive ", la solitude, les fantasmes des notables, la mauvaise conscience d'une époque ?
CHESSEX Jacques, Le Vampire de Ropraz, ed. Grasset, février 2007, 107 p.
Je vous invite également à lire cet article très intéressant, paru dans Le Temps, le 23 octobre, sur la relève littéraire de Suisse romande.
La mort de Jacques Chessex, le 9 octobre 2009, a fait l'effet d'une bombe en Suisse romande. Toute la presse s'est faite l'écho de la disparition de ce grand auteur romand, seul auteur suisse à avoir été récompensé du Prix Goncourt, pour l'Ogre, en 1973.
J'ai pour ma part toujours eu un problème avec cet auteur. Après une lecture très pénible de l'Ogre, et après avoir assisté à plusieurs de ses conférences lors du Salon du Livre de Genève, le personnage m'a toujours laissé une impression plutôt négative. Mais voilà, à quelques jours d'Halloween, j'ai décidé de lire Le Vampire de Ropraz, pour essayer de changer ma perception, un petit hommage posthume en quelque sorte.
Nous sommes en 1903, à Ropraz, un petit village du Jorat vaudois. La tombe de la jeune vierge Rosa, enterrée la veille, a été profanée de manière horrible durant la nuit. Tout le village s'emballe et une chasse au "vampire" se met en marche. Deux autres profanations suivent et l'affaire défraie la chronique et échauffe les esprits.
Ce livre est apparemment inspiré d'un fait divers. Jacques Chessex, qui habitait justement à côté du cimetière de Ropraz, a repris et romancé cette affaire dans ce court récit. J'ai éprouvé, à la lecture de ce livre, un grand malaise. On a le droit tour à tour à des descriptions horribles de découpage de cadavres, beaucoup de sex**, des éléments pédoph***, zooph***, des longues descriptions de péni* (désolée pour les astérisques mais j'essaie d'éviter que mon blog devienne le repère de pratiques douteuses, grâce aux recherches Google), qui font que ce livre est tout simplement repoussant. Je ne suis pas une grande sensible et les images violentes ne me dérangent pas si elles ont pour but de dénoncer, les travers de notre société par exemple. Mais durant tout le livre, je n'ai pu m'empêcher de penser que Jacques Chessex utilise ces images dans le seul but de choquer son lecteur et ainsi de faire parler de lui. Je trouve la démarche tout simplement malsaine.
Au final, j'éprouve moins de dégoût pour le personnage du Vampire de Ropraz que pour son auteur. Cette lecture, loin de me faire changer d'avis, n'aura fait que confirmer mes impressions suite à la lecture de l'Ogre. Je ne lirai probablement pas d'autres oeuvres de Chessex, en particulier Un juif pour l'exemple, où, une fois encore, j'ai l'impression que Jacques Chessex a utilisé un fait sordide et toujours douloureux dans un but que je soupçonne d'être plus commercial que littéraire. Un gâchis pour moi, car force est de constater que l'écriture est belle...
Reste la disparition d'un grand auteur romand, qui repose à présent dans ce même cimetière de Ropraz. Cet avis étant totalement personnel, je ne peux que vous encourager à vous faire votre propre opinion et à découvrir, si ce n'est les idées, au moins le style de Chessex.
Jacques Chessex, 1 mars 1934 - 9 octobre 2009
En 1903 à Ropraz, dans le Haut-Jorat vaudois, la fille du juge de paix meurt à vingt ans d'une méningite. Un matin, on trouve le couvercle du cercueil soulevé, le corps de la virginale Rosa profané, les membres en partie dévorés. Horreur. Stupéfaction des villages alentour, retour des superstitions, hantise du vampirisme, chacun épiant l'autre au cœur de l'hiver. Puis, à Carrouge et à Ferlens, deux autres profanations sont commises. Il faut désormais un coupable. Ce sera le nommé Favez, un garçon de ferme aux yeux rougis, qu'on a surpris à l'étable. Condamné, emprisonné, soumis à la psychiatrie, on perd sa trace en 1915. A partir d'un fait réel, Jacques Chessex donne le roman de la fascination- meurtrière. Qui mieux que lui sait dire la " crasse primitive ", la solitude, les fantasmes des notables, la mauvaise conscience d'une époque ?
CHESSEX Jacques, Le Vampire de Ropraz, ed. Grasset, février 2007, 107 p.
Je vous invite également à lire cet article très intéressant, paru dans Le Temps, le 23 octobre, sur la relève littéraire de Suisse romande.
Ton billet m'intéresse beaucoup. D'abord pour te dire qu'ici, la mort de Chessex n'a pas eu beaucoup de retentissement, on n'en a vraiment pas beaucoup entendu parler. Ensuite parce que je vais lire prochainement ce livre, suite à ma lecture de "Un juif pour l'exemple", durant laquelle je me suis fait exactement la même réflexion que toi : utilisation d'un fait divers au sujet très grave pour faire dans le commercial... je me suis vraiment interrogée, notamment après avoir visionné un documentaire ancien dans lequel il apparait et ne tient pas du tout les mêmes propos que dans le livre.
RépondreSupprimerJe lirai donc ce "Vampire de Ropraz" avec intérêt, et j'espère pas trop de dégoût...
Je m'arrête à ta première phrase : j'ai détesté le dernier Teulé, donc je ne noterai pas ce livre ! ;)
RépondreSupprimerJ'ai lu pas mal de choses au sujet de ce livre mais je crois bien que ce n'est pas pour moi !!!
RépondreSupprimerPas pour moi non plus : les scènes violentes qui ont pour but de choquer ou de faire parler de soi, ça ne m'intéresse pas ! Pourtant j'aurais pu être tentée aussi, merci de ton avis donc.
RépondreSupprimerJe n'ai jamais lu de Chessex, mais je dois dire que tu me refroidis grandement ! Je vais essayer d'en savoir plus sur ce monsieur avant de m'y mettre...
RépondreSupprimerla référence au livre de Teulé, plus certains passages de ton billet : donc non! Cela tombe bien...
RépondreSupprimer@Ys: Je me rappelle de ton billet et il m'avait donné envie de retenter l'expérience. Mais non, définitivement, je n'arrive pas à apprécier ses livres. Je me réjouis cependant de lire ton billet car je me demande si mon a priori négatif sur l'auteur influence mon jugement.
RépondreSupprimer@Leiloona: Je n'ai en fait pas lu le Teulé mais pour avoir lu plusieurs billets, j'ai l'impression que la démarche des deux auteurs est très similaire. Par contre concernant le style, je ne peux rien affirmer.
@Celsmoon: Je crois qu'il a plu à plusieurs personnes. Mais il faut aimer le genre (rien à voir avec la bit-lit)
@Kathel: Si la démarche t'énerve, fuis en courant!
@Neph: Je ne peux te conseiller un livre car je n'ai pas aimé l'Ogre et je crois qu'après un passage à vide, il a retrouvé le succès avec ces livres chocs comme le Vampire de Ropraz et Un juif pour l'exemple. Peut-être les nombreuses oeuvres publiées entre deux, ou sa poésie sont plus attirantes...
Mince il est dans ma PAL et j'ai détesté le Teulé...
RépondreSupprimer@Keisha: La référence à Teulé a l'air d'en décourager plusieurs...
RépondreSupprimer@Stephie: Le style est différent de Teulé je crois, alros peut-être que Chessex te plaira. Je me réjouis de lire ton billet.
" On a le droit tour à tour à des descriptions horribles de découpage de cadavres, beaucoup de sex**, des éléments pédoph***, zooph***, des longues descriptions de péni* (désolée pour les astérisques mais j'essaie d'éviter que mon blog devienne le repère de pratiques douteuses, grâce aux recherches Google), qui font que ce livre est tout simplement repoussant. "
RépondreSupprimerHeu...na ;)
J'aurais dû penser aux astérisques pour mon billet sur Virginie Despentes^^
@Cynthia: ;-) Tu as eu droit à des visites surprises???
RépondreSupprimervache! je n'avais ps vu de critique de ce livre et il me tentait bien..mais là euuhh j'hésite :D
RépondreSupprimer@hildebald: Oui, je sais, je n'y ai pas été avec le dos de la cuillère sur ce coup-là, mais la critique est à la hauteur de ma déception pour un auteur avec une tel aura en Suisse romande. J'espère que tu essaieras quand même de te faire ta propre opinion, ce livre ayant au moins le mérite d'être court (max 1h de lecture)
RépondreSupprimerBon, ben je crois que je vais passer... ;-)
RépondreSupprimerAaah les notes sont fatales! J'ai vu la tienne et le titre et j'avoue ne pas avoir eu à aller plus loin pour me décider à ne pas noter ce livre dans ma LAL! Mais en allant plus loin, ça ne convainc pas plus de changer d'avis!:)
RépondreSupprimerAvec une note aussi basse et ta critique, je crois que je ne lirai psa cet auteur....
RépondreSupprimerj'avais pas vraiment aimé... tu peux aller voir sur mon blog si tu veux !
RépondreSupprimerOh et bien je n'irais pas vers ce livre... pas fait pour moi ;-)
RépondreSupprimer@Lounima: ;-) Pour moi, tu ne rates pas grand chose.
RépondreSupprimer@A Girl from earth: J'hésite toujours à mettre des notes mais je trouve que ça donne une indication très claire de ce qui va suivre...
@Alex: Chessex était quand même apprécié de beaucoup de personnes, mon avis n'en est qu'un parmi d'autres.
@Anneso: Ton URL ne marche pas mais je suis presque sûre que tu es sur mon GR. Je vais essayer de retrouver ton article.
@Lilibook: En effet, il faut vraiment être fait pour ce genre de livre;-)
J'étais déjà plus qu'hésitante sur ce livre. Je suis maintenant définitivement convaincue qu'il n'est pas pour moi !
RépondreSupprimerJ'ai connu ton blog par le commentaire que tu m'avais laissé sur "Un juif pour l'exemple" que je venais de présenter et c'est grâce à toi que j'ai compris l'importance de cet auteur en Suisse alors que je n'en avais encore jamais entendu parler! Ys a raison: il est moins populaire en France!
RépondreSupprimer@Manu: Si je peux t'éviter le malaise que j'ai resenti...
RépondreSupprimer@Mango: Oui, et mon avis a changé depuis mon commentaire. Je ne pense vraiment pas lire "Un juif pour l'exemple", je crois que j'ai eu ma dose, comme en dit ;-)
"L'Ogre" et "Le Vampire de Ropraz" sont tous les deux dans ma bibliothèque, attendant d'être lus. Je dois dire que j'ai lu plusieurs articles sur Chessex au sujet, tant de son style d'écriture que des sujets sur lesquels il écrivait. Il y a également un livre qu'il a écrit au sujet de sa mère et, il paraît du moins, qui est également un livre très "dur". Je ne pense pas que c'est un auteur qui doit être agréable à lire. Mais on verra bien. Des fois, les auteurs écrivent des livres qui choquent et dérangent. Des fois, j'aime et j'admire, et d'autres fois, cela ne me passe pas du tout!
RépondreSupprimerPour ce qui est du personnage de Jacques Chessex même, j'avais assisté à un début d'une de ses conférences au dernier Salon du livre de Genève (le premier jour où j'y étais), et j'avais trouvé M. Chessex assez agressif, voire impoli, avec certains des participants. Vraiment dommage, pour un auteur de cette trempe et de cette qualité...
@Hermione: Je suis tout à fait d'accord avec toi. Concernant tes futures lectures, je crois que j'ai "préféré" (c'est un gros mot) L'Ogre même si les comparaisons répétées sur le p*** de son père m'ont franchement lassée ;-)En plus, j'avais dû le lire pour un cours de français et je te laisse imaginer que mon exposé devant la classe était un peu délicat. Je me réjouis de connaître ton opinion.
RépondreSupprimerJe ne crois pas qu'on puisse taxer Chessex de faire du commercial, lui, écrivain très discret -au contraire d'un Teulé. Il écrit sur un fait divers, comme beaucoup. Son livren'est par exemplepas plus dur que "Les âmes grises" de Claudel. "Un juif pour l'exemple" est ebcore un fait divers, mais qu'il a vécu -ou plutôt duquel il a été témoin- lorsqu'il était enfant. Je trouve que c'est un bel exercice, dense, profond, dur. Dommage que les fins de ces deux livres soient si ratées.
RépondreSupprimer@Yv: Je ne sais pas où tu habites mais en Suisse, Chessex n'était pas franchement un auteur discret. Mon impression sur ses objectifs commerciaux, ou je devrais dire médiatiques, viennent de plusieurs conférences et interviews que j'ai suivi où il semble très détaché de l'aspect douloureux de ses livres. Mais je le répète, ce n'est qu'un avis personnel.
RépondreSupprimerAh, désolé, mais je suis loin de la Suisse, près de la côte ouest Atlantique !
RépondreSupprimer@Yv: Chessex a l'air d'être perçu très différemment en Suisse et en France ;-)
RépondreSupprimerAh mince, ce livre était dans ma LAL et même dans ma liste à acheter (LAA??) mais la je suis perplexe. J'en lirai quelques pages chez le libraire mais avec tous les livres que j'ai envie de lire, si j'en supprime un, ça ne sera pas très grave.
RépondreSupprimer@Alice: Je bloque totalement sur les livres de Chessex que je trouve racoleurs mais beaucoup aiment son stlye très journalistique et ses sujets provocateurs. Tente, c'est toujours mieux de te faire ta propre opinion mais peut-être emprunte-le à la bibliothèque (mon exemplaire a bien failli passer à la poubelle).
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