Le coeur cousu de Carole Martinez
Le coeur cousu suit une lignée de femmes aux pouvoirs et aux dons étranges, reçus dans une boîte transmise de mères en filles. Soledad, la dernière héritière de ce coffret, conte l'histoire familiale et les incroyables et douloureux épisodes vécus par sa mère, Frasquita, la couturière aux doigts d'or. Avec ce premier roman, Carole Martinez emmène le lecteur très loin des premiers frimas de ce mois de novembre, vers l'Espagne et l'Afrique du Nord, dans un monde saupoudré de merveilleux.
Je partais plutôt sceptique sur ce livre que j'imaginais trop "féminin" pour moi, dans le style de Ce que je sais de Vera Candida. Les cinquante premières pages ont d'ailleurs bien failli me décourager avec un style très fleuri et très lyrique, auquel je ne suis pas du tout sensible et que je trouve souvent forcé. Petit extrait du genre de phrases qui a tendance à me gêner:
"Ma mère a fait de moi son vivant tombeau. Je la contiens comme elle m'a contenue et rien ne fleurira jamais dans mon ventre que son aiguille." p.19
"La voix sort d'elle telle de l'eau. Elle jaillit par saccades. La voix déborde, monte à la bouche. Il y en a toujours plus à cracher." p.30
Heureusement, passé ces premières pages, j'ai eu l'impression que l'écriture de Carole Martinez se faisait plus fluide et je suis totalement entrée dans le récit de Soledad. L'auteure a crée un univers envoutant, où le mystérieux et la magie sont partout présents. Et pourtant, le lecteur se laisse embarqué et "croit" à ces personnages et à ces éléments enchantés.
En y réfléchissant, je me suis parfois demandée où l'auteure voulait m'emmener. Le récit de Soledad est de sa famille est comme sans fin, et l'intrigue est au final un peu fourre-tout: un peu de révolution par-ci, une traversée du désert par-là, complété par un vilain ogre. J'ai ainsi eu l'impression que Carole Martinez aurait pu continuer son récit encore longtemps mais s'est comme forcée à y mettre un terme avec cette fin un peu abrupte. Je peine à bien exprimer ce sentiment, mais de toutes façons, cela n'a pas vraiment d'importance car cette impression ne m'est venue qu'après avoir tourné la dernière page, alors que tout au long de ma lecture, j'étais totalement emportée par l'histoire.
Si l'intrigue, construite comme une succession de petits événements, m'a paru, après lecture, un peu décousue (ha ha, un comble pour ce livre), je salue cependant le réel talent de Carole Martinez qui a su créer ce monde à la fois réaliste et merveilleux. Un coup de maître pour un premier roman et une jolie prise de risque avec un sujet à la base plutôt "casse-gueule". Dans une production littéraire française parfois trop calibrée, Le coeur cousu est à la fois un OVNI (ou plutôt OLNI) et une belle réussite. Malgré mes craintes initiales, je suis donc une nouvelle fois contente d'avoir suivi les conseils de la blogo car j'ai passé un très bon moment.
Dans un village du sud de l'Espagne, une lignée de femmes se transmet depuis la nuit des temps une boîte mystérieuse... Frasquita y découvre des fils et des aiguilles et s'initie à la couture. Elle sublime les chiffons, coud les êtres ensemble, reprise les hommes effilochés. Mais ce talent lui donne vite une réputation de magicienne, ou de sorcière. Jouée et perdue par son mari lors d'un combat de coqs, elle est condamnée à l'errance à travers une Andalousie que les révoltes paysannes mettent à feu et à sang. Elle traîne avec elle sa caravane d'enfants, eux aussi pourvus - ou accablés - de dons surnaturels. Carole Martinez construit son roman en forme de conte: les scènes, cruelles ou cocasses, témoignent du bonheur d'imaginer. Le merveilleux ici n'est jamais forcé: il s'inscrit naturellement dans le cycle de la vie.
Cette lecture était originellement prévue avec Pickwick qui était, elle-aussi, assez sceptique. Malheureusement, Pickwick semble avoir disparu de la blogosphère sans laisser d'adresse. Quelqu'un a des nouvelles? Je vous invite bien sûr à lire les billets de mes autres comparses Hathaway, Gwanaelle, Valérie et Tinusia (et pourtant je pensais bien être la dernière à lire ce roman).
Cette lecture fait également partie de mon challenge Coups de coeur de la blogosphère de Theoma, pour lequel je pense encore lire Disgrace de Coetzee, si Theoma me permet de jouer les prolongations en 2011 ;-)
MARTINEZ Carole, Le coeur cousu, ed. Gallimard (Folio), 2009, 440p.
Un coup de coeur pour moi !! J'attends avec impatience le prochain livre de Carole Martinez.
RépondreSupprimerUn gros coup de coeur pour moi !
RépondreSupprimerHS : j'ai envoyé plusieurs mails à Pickwick depuis septembre. Et pas de réponse. Je me permets de lancer un appel : si quelqu'un a de ses nouvelles, ce serait sympa de nous dire comment elle va.
Tu as raison, l'auteure a beaucoup de talent. Seulement, cette histoire de femmes (un thème que j'adore pourtant) n'a pas su me toucher, même si j'ai aimé certains passages. J'assume mon côté schtroumpf grognon!
RépondreSupprimerUn livre que j'ai lu comme un conte. Je me suis laissée emporter, ne me suis pas posé de questions... mais je lis vos avis aux unes et aux autres avec intérêt et trouve vos remarques et vos réserves justifiées. Une deuxième lecture serait peut-être moins favorable...
RépondreSupprimerCa fait un sacré moment que ce livre est dans ma pal. Je ne sais pourquoi, je n'arrive pas à m'y mettre, et ton billet ne m'y encourage guère. Je vais donc le laisser à sa place un petit moment encore.
RépondreSupprimerPerso, je n'ai pas pu "rentrer" dans l'histoire, même si je suis allée jusqu'au bout.
RépondreSupprimerJ'ai adoré ce roman, à la fois pour l'histoire et le style. J'attends avec impatience le prochain.
RépondreSupprimerLu les premières pages en bibliothèque... et je ne suis pas allée plus loin.
RépondreSupprimerCe ne fût pas un coup de coeur pour moi. En fait, je n'ai jamais vraiment su si je l'avais aimé ou pas. Il est très beau et mystérieux en même temps.
RépondreSupprimerJ'avoue, je me suis mortellement ennuyée à sa lecture. Même si la plume est magnifique (je ne dis donc pas non à relire Carole Martinez)-et c'est bien pour sa plume que je l'ai lu en entier-, il y a eu quelques passages que j'ai dévorés, mais beaucoup d'autres où j'aurais souhaiter passer mon chemin.
RépondreSupprimerPas chroniqué, lu avant l'ouverture de mon blog.
@Penelope: Je pense que je lirai son prochain livre, déjà juste par curiosité pour voir quel genre de livre on peut écrire après un tel succès (rester dans le même style ou faire totalement différent, le choix ne doit pas être facile...)
RépondreSupprimer@Clara: Pour Pickwick, c'est effectivement un peu inquiétant. J'espère qu'elle en a juste eu marre de nous mais que tout va bien dans sa vie "réelle". Je te tiens au courant si j'ai des nouvelles.
@Valérie: Hi hi, en tous cas continue, j'adore tes avis et les billets à contre-courant sont souvent les plus intéressants. Sur ce coup-ci, je ne crie pas au coup de coeur mais j'admire l'originalité.
@Gwenaelle: Passé les premières pages, j'ai moi aussi été emportée par cette lecture mais c'est en reposant le livre que j'ai commencé à faire ma pinailleuse. On ne se refait pas hein ;-) Mais heureuse que la lecture t'ait plu, n'écoute pas trop mes radotages.
@Virginie: Ah zut, pourtant j'ai quand même passé un bon moment. J'étais vraiment très très méfiante à la base et c'est au final une jolie découverte. J'espère que tu lui laisseras quand même sa chance.
@Alex: Il faut un peu lâcher prise pour lire ce roman. Peut-être que ce n'était pas le bon moment...
RépondreSupprimer@Aifelle: Le style convient bien à l'histoire mais ce n'est pas une écriture qui me convient totalement. Je lirai cependant sûrement son prochain livre, surtout si tu nous ponds un billet dithyrambique à sa publication ;-)
@Brize: Alors je ne me fierais pas trop aux premières pages car j'ai moi aussi failli m'arrêter là. Je les ai trouvé ampoulées et lourdes. Mais promis, la suite s'améliore vraiment. J'espère que tu lui laisseras quand même une petite chance.
@Belledenuit: J'ai un peu le même sentiment. En y pensant sérieusement, je trouve que l'intrigue a quelques défauts mais l'ambiance est vraiment très réussie et c'est ce que je retiendrai de ce livre.
@Cécile: Ah ben pour ma part, le style a parfois posé problème et c'est plutôt l'univers de l'auteure que j'ai apprécié. Dans tous les cas, et comme toi, je suis prête à relire Carole Martinez.
Je n'en avais entendu que du bien mais ce que tu dis du style m'inquiète un peu car je suis peu encline à apprécier ce genre (à la lecture des extraits) ... du coup, je ne sais plus trop si je le garde dans ma LAL !
RépondreSupprimerhé hé ! Une adepte de plus ! J'ai particulièrement apprécié le style et l'histoire de femmes, transmise de femme en femme.
RépondreSupprimerUn belle lecture pour moi ! Je me suis juste laissé emporter par l'écriture pour suivre cette histoire mais je comprends ce qui t'a gêné.
RépondreSupprimerCa a vraiment été un coup de coeur pour moi. Oui, un peu décousu (j'adore le jeu de mot) mais ces histoires m'ont touchée, j'ai aimé la plume... tout, quoi!
RépondreSupprimerCe roman ne m'a jamais tenté.
RépondreSupprimerEn ce qui concerne Pickwick, je lui ai aussi envoyé plusieurs mails, en vain. Je suis d'autant plus inquiète que j'ai en ma possession un de ses livres voyageurs. Je suis étonnée qu'elle ne me donne pas de nouvelles sur ce que je dois en faire. J'aimerais aussi avoir de ses nouvelles.
Comme je le disais chez Hathaway, j'aime les histoires de femmes mais j'ai peur d'être gênée par le côté "merveilleux". Du coup, je l'ai déjà saisi plusieurs fois en librairie pour finir par le reposer.
RépondreSupprimerPour Pickwick, je crois que nous nous demandons toutes ce qu'elle devient...Généralement, lorsqu'une blogueuse se lasse, elle laisse un mot sur son blog avant de se retirer :/
Ce bouquin fut un régal. J'ai hâte de retrouver sa plume
RépondreSupprimerune très belle histoire familiale, un bon souvenir de lecture
RépondreSupprimer@Joelle: Les extraits sont issus des premières pages que j'ai trouvées très "lourdes" mais ça s'améliore pas la suite et ça devient beaucoup moins lyrique. Essaie de le prendre à la bibliothèque et si le style ne passe vraiment pas après les 50 premières pages...
RépondreSupprimer@Theoma: Une belle histoire de femmes en effet où les hommes font vraiment pâle figure.
@Hathaway: Bon, je cherche un peu la petite bête car de manière générale, j'ai beaucoup aimé mais il manquait juste un petit quelque chose...
@Karine:): J'ai failli ajouté qu'il manquait un fil rouge ;-) Comme toi, plus j'en ajoute, plus je m'enfonce...
@Manu: En effet, plutôt inquiétant... Et si tu lui renvoyais le livre avec un petit mot?
RépondreSupprimer@Cynthia: Je pensais comme toi être gênée par le côté merveilleux (et le côté femmes en plus) mais les éléments un peu magiques sont vraiment bien intégrés et on n'y croit. Au final, c'est plus une histoire de femmes que de dons. Et pour Pickwick, oui, c'est vraiment étrange...
@Stephie: J'espère que Carole Martinez ne lit pas les blogs, parce que tous ces commentaires, ça doit lui mettre un peu la pression ;-)
@Esmeraldae: Ca restera un bon souvenir pour moi aussi.
Je fais partie de celles qui ont adoré ce livre, contre toute attente, d'ailleurs !
RépondreSupprimerPour moi ce livre a été un ENORME coup de coeur, sans doute ma lecture la plus marquante de mon année 2010.
RépondreSupprimerJe dois dire que j'ai trouvé ce livre ennuyeux, que je me suis forcée à le finir car c'était dans le cadre d'une lecture commune. Sinon, j'ai utilisé le terme OLNI moi aussi (pour un livre d'A Baricco, Océan Mer)
RépondreSupprimerPour Pickwick, je trouve cela bien inquiétant aussi. Personne ne peut pas contacter hormis par mail ?
@Kathel: Je pensais vraiment que ce roman n'était pas fait pour moi, et au final, c'est une belle surprise. Comme quoi, ça fait du bien de temps en temps de sortir de nos petites habitudes et d'écouter la blogosphère.
RépondreSupprimer@L'or des chambres: Hi hi, quel enthousiasme ;-) Bon, ce ne sera pas ma lecture préférée de cette année (un peu en demi-teinte d'ailleurs pour ma part, mais je suis une grande difficile)mais un bon souvenir tout de même.
@Delphine: Je n'ai pas encore lu Océan Mer mais je n'aurais pas non plus hésité à utiliser OLNI pour Novencento ;-) Concernant Pickwick, je n'ai que son email pour ma part mais peut-être que quelqu'un connait son adresse par l'envoi d'un livre voyageur? Bonne remise des prix ce soir, tu me raconteras...
Plus encore que tu ne le crois !!! Si ça t'intèresse je te donne le lien de mon billet :
RépondreSupprimerhttp://lordeschambres.over-blog.com/article-le-coeur-cousu-carole-martinez-51025178.html
Une grande et belle rencontre avec un talent extrêmement talentueuse...
Bises
J'avais tellement aimé ce livre ! Comme notre amie l'Or, qui m'a précédée, je te donne le lien de mon billet:
RépondreSupprimerhttp://le-cabas-de-za.over-blog.com/article-le-coeur-cousu-2007-49809103.html
à bientôt !
Je pense que c'est la qualité de l'écriture qui a surtout marqué les lecteurs. Un gros coup de coeur pour moi aussi, et pour l'auteure qui est adorable. J'attends avec impatience son prochain roman. Mais vu comme elle doit être perfectionniste, je pense qu'il va encore falloir attendre !
RépondreSupprimerComme je suis assez insensible au surnaturel et aux métaphores, je n'ai pas apprécié cette lecture !
RépondreSupprimer@L'or des chambres: "Un livre qui assume sa différence", c'est exactement ça. En tous cas, bel enthousiasme, tu me donnerais presque envie de le relire ;-)
RépondreSupprimer@EliZabeth: Ah je n'avais pas du tout pensé aux tableaux de Frida Kahlo mais maintenant que tu le dis... Une bonne occasion aussi de découvrir ton blog. A bientôt donc!
@Géraldine: Tu as pu la rencontrer? Elle a mis longtemps à écrire ce livre?
@Anjelica: Ce n'est pas un genre qui me touche habituellement mais là, ça a fonctionné pour moi ;-)
Merci pour ton billet qui me donne vraiment envie de découvrir cet auteur. Le thème semble original et ta critique positive et comme je suis toujours prête à de nouvelles découvertes... je le note !
RépondreSupprimer@Ikebukuro: L'histoire et le style de l'auteur sont vraiment originaux. Ca vaut la peine de les découvrir. J'espère que ce livre te plaira...
RépondreSupprimerJe l'ai trouvé d'occaz il y a un moment et il va bien falloir que je me décide à le lire enfin :) En tout cas tu donnes envie car moi aussi ce style "féminin" me faisait peur.
RépondreSupprimer@Matilda: Je l'avais moi aussi trouvé d'occaz lors d'un autre craquage massif ;-) Je ne l'aurais pas acheter neuf, justement à cause de ces hésitations mais au final, c'est une bonne suprise et j'espère que ça le sera pour toi aussi.
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