The Complete MAUS d'Art Spiegelman


Pour ceux qui aiment: Si c'est un homme de Primo Levi

Maus est un récit de survie: celui de Vladek Spiegelman, juif polonais, rescapé de l'Holocauste, et de sa femme Anja. Retranscrit par son fils sous forme de bande dessinée, où les juifs sont personnifiés par des souris et où les Nazis deviennent des chats, Maus est un témoignage puissant qui emmène le lecteur des préparatifs de la guerre, au camp d'Auschwitz, en passant par le ghetto de Srodula.

Maus est une oeuvre majeure qui a obtenu de nombreuses récompenses, notamment un Prix Pulitzer en 1992 et le prix du meilleur album étranger au Festival International de la Bande Dessinée d'Angoulême en 1988 et 1993. Je voulais le lire depuis bien longtemps et j'ai enfin mis la main sur l'Intégrale il y a quelques semaines.

L'histoire est bien sûr passionnante. On a parfois l'impression de tout savoir sur la deuxième guerre mondiale et la Shoah et pourtant, chaque récit, chaque source nous apporte de nouveaux éléments, un nouveau vécu, ce qui donne à ces témoignages leur nature si précieuse. Maus ne déroge pas à la règle. J'ai ainsi beaucoup aimé suivre les traces de Vladek et j'ai particulièrement apprécié la première partie, avant l'arrivée dans les camps de concentration, qui traite peut-être d'événements moins souvent relatés.

J'ai aimé la sincérité de cet album qui montre également la relation difficile d'Art avec son père vieillissant. Loin de toute idéalisation, Art Spiegelman dépeint la vie de son père après la guerre, passé du statut de victime à celui de "bourreau domestique".

Le dessin est plutôt simple, surtout comparé à une autre planche d'Art Spiegelman insérée dans Maus. La ligne est épurée, les dessins en noir et blanc, comme pour laisser le devant de la scène à une intrigue qui se passe de toute façon d'artifices.

Je garde donc une très bonne impression générale de cet album mais il a quand même manqué un petit quelque chose pour que je sois totalement séduite. Peut-être est-ce le dessin auquel j'ai un peu peiné à m'habituer ou peut-être parfois le style des dialogues (avec l'emploi du what à la place de who/which qui me hérisse).

Quoiqu'il en soit, Maus est une lecture absolument indispensable. Un témoignage sincère et précieux sur l'Holocauste avec en prime l'originalité d'un traitement graphique et d'une relation père-fils plutôt intrigante.

"It is the story of Vladek Spiegelman, a Jewish survivor of Hitler's Europe, and his son, a cartoonist coming to terms with his father's story. Maus approaches the unspeakable through the diminutive. Its form, the cartoon (the Nazis are cats, the Jews mice), shocks us out of any lingering sense of familiarity and succeeds in "drawing us closer to the bleak heart of the Holocaust" (New York Times). Maus is a haunting tale within a tale. Vladek's harrowing story of survival is woven into the author's account of his tortured relationship with hi aging father. Against the backdrop of guilt brought by survival, they stage a normal life of small arguments and unhappy visits. This astonishing retelling of our century's grisliest news is a story of survival, not only of Vladek but of the children who survive even the survivors. Maus studies the bloody pawprints of history and tracks its meaning for all of us.

Art Spiegelman is a contributing editor and artist for the New Yorker, and co-founder/editor of Raw, the acclaimed magazine of avant-garde comics and graphics. His drawings and prints have been exhibited in museums and galleries here and abroad. Honors he has received for Maus include the Pulitzer Prize, a Guggenheim fellowship, and nominations for the National Book Critics Circle Award. He lives in New York City with his wife, Françoise Mouly, and their two children Nadja and Dashiell."

SPIEGELMAN Art, The Complete MAUS, ed. Pantheon Books, novembre 1996, 296p.
MAUS I: My father bleeds history
, 1973

MAUS II: And here my troubles began, 1986
SPIEGELMAN Art, L'Intégrale Maus: un survivant raconte, ed. Flammarion, novembre 1998, 296p.

Commentaires

  1. Une BD que je veux absolument lire aussi !

    RépondreSupprimer
  2. Pour moi, ça a été un coup de coeur absolu. Tu as raison de le conseiller pour ceux qui ont aimé "Si c'est un homme"...

    RépondreSupprimer
  3. @Manu: Tu dois sûrement pouvoir le trouver en bibliothèque... Bonne lecture!

    @Kathel: Impossible d'expliquer pourquoi je n'ai pas été séduite à 100%. Il faut dire que j'ai étalé ma lecture sur plus d'une semaine à cause du poids du livre (impossible de le prendre dans les transports publics). Ca explique peut-être pourquoi je ne suis pas complètement rentrée dedans. Ca reste un ouvrage de référence que je conseillerai à tous. Et merci pour le Levi, c'est toujours délicat de faire des comparaisons mais si un lien avec une autre lecture me vient, j'aime la partager ;-)

    RépondreSupprimer
  4. Moi aussi, j'ai eu un peu de mal avec le style (je l'ai aussi lu en anglais) mais cela n'a en rien influé sur mon ressenti final ;)

    RépondreSupprimer
  5. Comme toi, une oeuvre à lire absolument. C'est une lecture indispensable, pas uniquement pour le sujet, mais également pour le style. Je ne suis pourtant pas une adepte de l'anthropomorphisme, qui me rebuterait plutôt. Mais là, c'est juste marquant !

    RépondreSupprimer
  6. une très bonne bd. j'étais sceptique au départ et au final je l'ai dévoré.

    RépondreSupprimer
  7. @Joelle: Le style m'a un peu gênée mais je pense que l'auteur voulait rendre cette impression d'écouter la voix de Vladek. Je pinaille un peu, c'est mon côté "oxford english" ;-)

    @Petite Fleur: Le fait de représenter des animaux ne m'a pas du tout gênée, c'est effectivement très bien fait. J'aurais même presque voulu plus d'assimilation avec le comportement des animaux utilisés...

    @Esmeraldae: J'avais lu tant de critiques enthousiastes que je ne doutais pas trop de la qualité de cette BD. Heureusement, le tout a été confirmé par ma lecture, même si je suis peut-être moins séduite que certains.

    RépondreSupprimer
  8. Oui, lecture indispensable et possible pour ceux qui n'aiment pas forcément lire, du fait de la BD.

    RépondreSupprimer
  9. @Yv: Exactement! En même temps, les BDs sur cette période ne manquent pas mais le fait que Maus soit plus un témoignage est un réel atout.

    @Keisha: Je ne pense pas qu'on puisse s'en lasser... En passant, Joyeux Noël!

    RépondreSupprimer
  10. Il faut vraiment que je la lise, cette BD. vraiment.

    RépondreSupprimer
  11. @Karine:): C'est, je pense, une lecture incontournable, même si je pensais que j'allais plus accrocher.

    RépondreSupprimer
  12. Je n'ai lu que le 2 que j'ai beaucoup aimé.

    RépondreSupprimer
  13. Une BD pas facile à lire, toute en noir et blanc, et une histoire entre le père et le fils en trame de fond pas évidente. Mais une BD de référence, c'est sûr.

    RépondreSupprimer
  14. @Valérie: J'ai en fait préféré le premier tome sur l'avant-Auschwitz avec la montée du nazisme, les ghettos, les caches. Je te le conseille vraiment.

    @Alex: Pas facile à lire, en effet. J'ai parfois eu un peu de peine avec la relation père-fils mais au final, je crois que c'est un élément essentiel de l'originalité de cette BD.

    RépondreSupprimer
  15. Ce livre est génial !
    Je suis au collège, et mon profs d'histoire nous a demandez de le lire en deux semaines.
    Au début j'ai pesté, mais à la fin je le remercie de m'avoir fait découvrir un livre aussi émouvent !

    Le seul problème, c'est que je ne comprends pas pourquoi l'auteur à décidé de ne pas mettre de couler à ses dessins ...

    Bisous à tout ceux fan de MAUS ;D

    RépondreSupprimer
  16. @Fan de MAUS: Une très bonne idée de ton prof de faire lire cette BD au collège. Je pense que le dessin en noir et blanc donne de la retenue et de la sobriété à la BD. Le lecteur se concentre ainsi uniquement sur l'histoire (même si, en général, je préfère moi aussi les couleurs). Merci de ton passage ici et à bientôt!

    RépondreSupprimer
  17. en réponse a Anonyme
    Art spigelman a choisit de ne pas mettre de couleur a ses dessins pour montrer un monde sans couleur, un monde vide.

    RépondreSupprimer
  18. @Anonyme: Merci pour cette précision. C'est vrai que j'aurais mal vu de la couleur pour cette BD.

    RépondreSupprimer

Enregistrer un commentaire

Posts les plus consultés de ce blog

Code Salamandre de Samuel Delage

Youpiiiiii!!! Jury du Grand prix des lectrices de ELLE 2010

Der Besuch der alten Dame (La visite de la vieille dame) de Friedrich Dürrenmatt