Le aye-aye et moi de Gerald Durrell


Pour ceux qui aiment: Madagascar, la nouvelle série documentaire de la BBC avec David Attenborough

Au début des 90, Gerald Durrell, fondateur du Zoo de Jersey et des Gerald Durrell's Wildlife Preservation Trusts, décide de monter une expédition à Madagascar afin de capturer plusieurs spécimens de la faune si exceptionnelle de cette île, et parmi eux, le fameux aye-aye. Accompagné de sa femme Lee et d'une équipe fidèle, Gerald Durrell voyage à travers les merveilles menacées de Madagascar et fait découvrir à son lecteur sa faune et ses paysages.

Le aye-aye et moi est le dernier livre du naturaliste Gerald Durell qui décèdera peu après cette expédition, en janvier 1995 à l'âge de 70 ans. C'est donc un Gerald Durell assagi et même parfois affaibli que l'on retrouve ici. Si Durell est obligé de déléguer l'action et les captures à son équipe en raison de problèmes de hanches, il gratifie cependant toujours son lecteur de considérations passionnantes sur la conservation et nous conte avec humour les petit tracas de l'expédition. Je ne suis d'ailleurs pas prête d'oublier Jérôme et ses excavations nasales ou les ducky-wuckies qui m'ont fait hurler de rire.

Je n'ai bien sûr pas pu m'empêcher d'avoir un petit pincement au coeur à chaque capture malgré le bien que je pense du Zoo de Jersey. Les programmes de reproduction sont certainement essentiels à la conservation mais ce n'est simplement pas ma voie préférée, surtout si la possibilité de relâcher un jour ces animaux dans leur milieu naturel est faible. Mr. Z qui a passé une semaine au Zoo de Jersey et qui est plutôt admiratif du travail effectué là-bas m'a toutefois un peu rassurée sur le sort de ces aye-ayes et j'ai pu arrêter de cogiter sur le bien-fondé de l'expédition pour apprécier les belles et passionnées descriptions de l'auteur. Petit extrait singulier sur la mouche:

"Le pire, c'est que ces sales bêtes sont fascinantes. Regardez sous la lentille d'un microscope une mouche ou un moustique démembré, et vous serez aussitôt captivé par leur beauté architecturale. L'oeil à facettes de la mouche, par exemple, est un véritable chef-d'oeuvre de "design". La délicatesse de ses ailes fait, en comparaison, paraître grossiers les vitraux de la cathédrale de Chartres. A vrai dire, une fois que vous avez admiré leur incroyable complexité, vous vous sentez vaguement coupable chaque fois que vous en tuez une, et avec elle un des miracles de la nature." p.97

Le récit passionnant d'une belle expédition à Madagascar. En plus de détails intéressants sur la préservation des richesses naturelles de l'île par le naturaliste reconnu qu'est Durrell, Le aye-aye et moi offre de très belles descriptions de la population et des paysages malgaches et de nombreux passages savoureux sur les petites aventures du voyage. Une belle ode à la beauté si menacée d'un pays que j'aimerais visiter depuis longtemps. Vivement que la situation politique s'améliore, Madagascar a tant de potentiel...

Le aye-aye est un lémurien minuscule qui survit en toutes petites colonies à Madagascar. Au début des années 1990, Gerald Durrell s'est fixé pour mission d'en capturer quelques spécimens pour les accueillir dans son célèbre zoo de Jersey. Une expédition scientifique des plus sérieuses... mais qui n'empêchera pas le savant à barbiche blanche de nous faire hurler de rire au fin fond de la forêt.

Gerald Durrell (1925-1996) (euh, 1995, non?), frère du romancier Lawrence, a consacré sa vie à la défense des espèces en voie de disparition. Il est aussi l'auteur chez Payot de La Forêt ivre.

Je ne peux que vous encourager à également jeter un oeil à la série Madagascar avec David Attenborough, diffusée en ce moment sur BBC2 ou en DVD. Il existe de nombreuses similitudes entre ces deux naturalistes renommés qui s'inquiètent du sort de l'île et comparent leurs impressions avec celles de leurs voyages passés. Les images sont tout simplement superbes et permettent d'illustrer les propos de Durrell qui en manquent parfois. Une carte de Madagascar en début d'ouvrage pourrait également être utile.

Cette lecture a été faite en commun avec Keisha. J'en profite également pour l'inscrire à mon challenge Nature Writing de Folfaerie.



DURRELL Gerald, Le aye-aye et moi, ed. Petite bibliothèque Payot, coll. Voyageurs, avril 2002, 236p., traduit de l'anglais (Grande Bretagne) par Isabelle Chapman.
DURRELL Gerald, The Aye-Aye and I, A Rescue Expedition in Madagascar, ed. Harper Collins, 1992


Commentaires

  1. C'est avec plaisir que je lis deux billets aujourd'hui sur ce livre, Durrell j'aime et le sujet est toujours d'actualité hélas
    merci pour cette magnifique vidéo

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  2. Si vous vous y mettez à deux avec Keisha, on est cuites .. je note bien sûr. La vidéo est superbe.

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  3. La video m'a "tuer", après un truc pareil , j'en avais les larmes aux yeux, je veux aller là bas et il faut absolument préserver cette faune unique!

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  4. Oups, j'avais oublié de le noter ce matin après le billet de keisha, voilà, c'est réparé ! ;-)

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  5. @Dominique: C'est un livre qui mérite définitivement qu'on en parle plus, surtout que oui, malheureusement, la situation à Madagascar ne s'est pas vraiment améliorée depuis les années 90.

    @Aifelle: Tu ne seras pas déçue, c'est drôle, intéressant et bien écrit ;-)

    @Keisha: Alala, tu imagines comme c'est dur quand en plus ma soeur étale les merveilleuses photos de son voyage à Madagascar en 2004. Snif! Les vidéos BBC sont vraiment terribles: on a envie de tout plaquer pour aller voir ces animaux et ces paysages avant qu'ils ne disparaissent.

    @Kathel: Ca s'appelle du coaching à deux pour être sûres que Durrell rejoigne toutes les PALs ;-)

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  6. Contente que tu aies aimé. Moi j'ai toujours adoré ces bestioles, uniques en leur genre. Et en prime, la prose de Durrell et son humour dévastateur !

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  7. Superbe billet et cette vidéo, si belle et si triste :(

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  8. Mon beau-frère est allé à Madagascar l'année dernière et il a adoré ! Il a trouvé ce pays superbe. Et moi non plus, je ne suis pas fan de voir les animaux se faire capturer mais si c'est le seul moyen de les sauver de l'extinction, j'accepte mieux (même si je préfèrerais qu'on trouve une autre solution, genre sauvegarder les habitats naturels).

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  9. @Folfaerie: Oui, c'est vraiment une chouette lecture avec un bon mélange de réflexions sérieuses sur la conservation et d'épisodes vraiment drôles.

    @Manu: Cette vidéo est un peu déprimante. En même temps, ces espèces sont encore là, donc il reste de l'espoir si on réagit maintenant!

    @Joelle: Tout à fait d'accord avec toi. C'est comme avec le panda géant. Les programmes de reproduction en captivité sont presque la seule solution pour conserver l'espèce mais si on ne sauvegarde pas son habitat naturel pour relâcher des groupes dans le futur, l'intérêt est au final moindre à mon sens. Et pour ton beau-frère, la situation politique n'était pas trop tendue pour voyager?

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  10. Bonjour Zarline...merci pour ton gentil message et je viens de mettre le lien de ton blog dans mon commentaire....J'ai adoré les tiens....Une belle journée et à bientôt. Bon week-end qui arrive.

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  11. Très beau billet! Pourvu que tous ces animaux soient définitivement sauvés! Je veux y croire!

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  12. A 20 km de chez moi, il y a un "zoo" qui a lui aussi évolué, avec des naissances dont on parle dans la presse locale ou nationale, dernièrement koala (si!), tamanoir, orang outan, et on attend des bébés éléphants... OK, c'est mieux dans leur milieu, mais si c'est pour y mourir prématurément... Il faudrait préserver le milieu naturel (hors les pattes des exploiteurs des richesses naturelles) et aider la population locale (humaine) à vivre décemment et durablement!

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  13. Voilà qui me donne très envie de découvrir ce livre. Ton billet est vraiment superbe et la vidéo est magnifique (mais bien triste) ! ;-)

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  14. @Eléonora: Merci, j'espère que la récolte 2011 sera tout aussi bonne. A bientôt!

    @Mango: Je veux y croire aussi, mais il y a tellement d'intérêts contradictoires en jeu et beaucoup de chemin à faire mais une fois encore, pour le moment, tout n'est pas perdu!

    @Keisha: J'avais une vision très négative des zoos jusqu'à ce que j'y fasse un stage. Beaucoup d'efforts sont faits pour améliorer les conditions de captivité et les programmes de reproduction et d'études du comportement sont importants pour la conservation. Maintenant comme tu dis, je pense qu'il faut plus miser sur la préservation des milieux naturels et sur les programmes de réhabilitation. Et pour les populations locales, je pense que l'éducation est également primordiale. Des tamanoirs, koalas... C'est plutôt pas mal, peux-tu visiter l'endroit?

    @Lounima: Le livre est intéressant et drôle, mais surtout, il donne envie d'en savoir plus et d'agir. Mission accomplie pour Durrell! J'espère qu'il te plaira. On pourra bientôt organiser un voyage de la blogo à Madagascar ;-)

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  15. C'est drôle, ce livre je l'avais acheté il y a plusieurs années par affinités (je suis originaire de Madagascar), pensant que ça allait forcément me passionner, mais comme je disais à Keisha, je dois faire un sérieux blocage avec le Nature writing parce que j'avais abandonné au bout de 3 pages...:)
    Ravie que ça t'ait plu. Je réessaierai problablement dans quelque temps.

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  16. @A girl from earth: Je suis bouche bée sur tes origines. Tu y retournes de temps en temps? Tu me prends avec au prochain voyage pour te faire pardonner de G&P? ;-) Bon, plus sérieusement j'ai aimé ce livre pour le message qu'il véhicule et pour les petits épisodes drôles qu'il décrit. Maintenant, côté nature writing ou récit de voyage, ce n'est pas mon préféré. Mais je suis sûre que tu peux dépasser ces 3 petites pages et apprécier le reste. Tiens-moi au courant si tu retentes...

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